GUINET Julien

Discipline(s)
Dessinateur/trice, Peintre
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M. Julien GUINET

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Mon Histoire

Cette présentation de l’artiste et de son travail est parue dans le livre Artistes Occitanie: les 30 artistes 2022

Toulouse
Julien Guinet
Peinture-Nature

Julien Guinet a d’abord traité des thèmes liés au désastre environnemental, avant d’en tirer les conséquences: pour être en harmonie avec son travail et son discours, il s’est mis en quête de fabriquer ses propres peintures à base de pigments naturels. Rencontre avec un artiste en quête de cohérence.

Julien Guinet est un artiste de son époque: marqué par les techniques en vogue mais encore plus par les problématiques qui concernent tous les “Planétariens” aujourd’hui: le sort de la planète.
Au départ, il réalise une série consacrée au Septième continent, cette immense plaque de déchets évoluant dans l’océan Pacifique, de la taille d’un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Des déchets qui finissent bien souvent dans les entrailles des animaux marins. Julien Guinet montre ses animaux, dans un style qui évoque le street-art, mais qui s’en détache par le raffinement des détails et par les fonds sobres, purs qui mettent en valeur le sujet principal. Il représente notamment des poissons au ventre rempli de déchets de toutes sortes, que tous ceux qui regardent la toile connaissent et ont utilisés un jour: produits alimentaires, produits ménagers, tubes de dentifrices, sacs plastiques, etc.
Le poisson s’est bâfré de tous ces objets, pendant que la baleine est tellement pleine de déchets qu’elle ne peut plus guère contenir de rêves ou d’histoires, comme du temps de Collodi et son Pinocchio. A la limite, à l’extrême limite, ses montagnes de déchets sont elles-mêmes tellement surréalistes qu’elles pourraient intégrer l’univers des jeux d’enfants: le peintre imagine bien une nouvelle boîte Playmobil ou les petits bonshommes plongent au milieu des poissons et des sacs plastiques.
On pourrait ajouter que les animaux que peint l’artiste n’ont plus grand chose à voir avec les espèces vivantes actuelles: l’escargot a trois yeux, le poisson coupé en deux en a cinq…. Conséquence de ce qu’ils ont dans le ventre? Une éventualité à envisager.
Mais avant même d’envisager les conséquences les pires dans un futur plus ou moins rapide, cette série posait un cas de conscience immédiat à l’artiste: “Le problème, explique l’artiste, c’est que je travaillais à l’acrylique, et cela était en soi paradoxal, car je ne faisais que rajouter ma contribution à ce 7ème continent”.
Après avoir fait cet état des lieux, le peintre a eu envie d’aller plus loin en changeant sa pratique. Car il était finalement illogique de réaliser ses oeuvres avec une peinture acrylique dont les substances, sans même parler des tubes, proviennent elles aussi de matières pétrolières et ne font que contribuer à renforcer encore ce septième continent.
Plutôt que d’en tirer un constat cynique et de faire figurer ses tubes d’acrylique dans les ventres de ses créatures, Julien Guinet a décidé de mettre sa pratique en conformité avec son discours: trouver des substituts à ces peintures industrielles.
INTER: Voyage en pays de Cocagne
Et cette recherche va le mener tout droit à une deuxième série. Car “c’est en recherchant des pigments naturels pour créer mes propres peintures que j’ai découvert qu’on pouvait peindre avec ceux issus de la plante de Pastel, qui donnaient un Bleu très particulier”.
Le pastel, produit dans ce qu’on appelle le pays de Cocagne, un triangle Albi-Toulouse-Carcassonne. Pendant toute la Renaissance, 40 000 à 60 000 tonnes de pastel étaient exportées chaque année dans l’Europe tout entière, Anvers, Londres, Hambourg, Bilbao…
L’artiste part à son tour à la découverte de ce pays de Cocagne pour le croquer.
“Je me suis alors procuré de l’aquarelle et de l’encre fabriquées à partir du pigment bleu de Pastel, et j’ai décidé de réaliser la majorité des illustrations de ce projet avec cette couleur”.
“Le pastel est une matière très chère au départ, 20 € les 20 grammes, le même prix que la truffe! Mais une fois transformé, c’est finalement moins cher que l’acrylique. Cela demande un peu de temps et de cuisine, c’est tout”.
Le projet va vite évoluer, car au fil de ses pérégrinations et rencontres, Julien Guinet apprend énormément sur l’histoire de cette herbacée: il décide alors de réaliser un livre sous forme de carnet de voyage qui retrace son périple au cœur du pays de Cocagne. Et puis le projet évolue encore, pour prendre la forme d’un carnet de voyage-bande dessinée avec un véritable scénario, sur lequel il a travaillé avec les autres artistes de l’atelier collectif où il travaille, la Poudrière.
En parallèle de cette découverte du pastel, l’artiste creuse alors la voie des peintures naturelles et part en quête de procédés plus écologiques, partageant ses découvertes dans sa newsletter.
Il y a d’abord eu “Fabriquer une véritable encre noire”, puis “Fabriquer de la colle à la farine”, avant d’aborder “Fabriquer de la laque de gaude” (une plante bisanuelle utilisée en teinture depuis plusieurs siècles), ou “fabriquer de la laque de garance”.
Aujourd’hui, l’artiste avoue vouloir aller jusqu’au bout de la démarche: ”Maintenant, je peux me passer des peintures acryliques, même si je suis obligé de m’adapter. J’arrive à travailler entièrement à la tempera. J’ai recours à la garance pour le rouge, au noir de fumée de bougie, à la gaude pour le jaune, etc. Je n’ai pas les mêmes temps de séchage, par exemple. Mais ce qui est important, c’est que tout cela rentre dans une remise en question plus vaste, cela ne concerne pas que la façon de travailler, mais également la façon de vivre. Et pour concilier les deux, j’aimerai aller jusqu’à faire un jardin de plantes tinctoriales”.
A suivre.


BIO
Artiste peintre et illustrateur basé à Toulouse.
“J’ai commencé à peindre en 2002 en découvrant le Graffiti. En 2006 je suis parti vivre en Argentine, c’est à ce moment-là que je me suis entièrement consacré à la peinture et à l’illustration. Pourquoi? Tout simplement parce qu’en Argentine, les bombes graffiti étaient trop chères, j’ai dû m’adapter. C’est pour cela que je suis passé à l’acrylique!
De retour sur Toulouse depuis 2016, je me suis lancé dans une série qui me tient à cœur, moi qui ai vécu entre deux continents: ce qu’on appelle le 7e continent, cette mer de plastique qui flotte sur les océans. Et cela m’a amené à mes recherches actuelles pour peindre de manière plus responsable, ce qui m’a permis de découvrir la peinture à l’œuf, de créer mes propres fusains, et de me plonger dans le monde des pigments naturels, notamment le Bleu de Pastel”.
Atelier au sein de l’atelier collectif La poudrière
https://www.julienguinet.com/

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle