DIABOLO BOHEME

DIABOLO BOHEME
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Autodidacte, je me nourris d’un désir constant de création.
Après une carrière musicale, j’ai choisi en 2017 de me tourner vers la photographie et le graphisme. Peu à peu, j’ai élargi ma pratique : le son, la vidéo et l’installation sont venus s’ajouter naturellement, comme des prolongements de ce que je cherchais déjà dans l’image.
Je ne limite pas mon travail à un médium : j’aime explorer les croisements, les hybridations, les dialogues entre le visuel, le sonore et l’espace. Broderie, herbier, collages ou dispositifs immersifs nourrissent ma recherche et m’offrent toujours de nouvelles façons de transformer la matière.
Pour moi, rien n’est figé. Tout commence par une base — une image, une archive, un fragment sonore, un espace concret — que je déconstruis, détourne et réassemble. C’est un processus instinctif et intuitif où les formes évoluent, se métamorphosent, jusqu’à ouvrir de nouveaux récits.
Entre mémoire et invention, document et fiction, je cherche à donner une nouvelle vie aux fragments que je manipule. Mon travail est une exploration en perpétuelle transformation, où l’œil, l’oreille, le corps et l’imaginaire se rencontrent pour créer d’autres histoires possibles.
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Article paru dans l’ouvrage annuel, Artistes Occitanie, les 30 artistes (2024)

Lodève
Diabolo Bohême
L’image, un simple point de départ

L’image, pour Diabolo Bohême ne peut pas être juste une représentation sur un papier. C’est un point de départ pour aller au-delà, faire parler les visages, leur inventer une histoire, quitte pour cela à y ajouter au gré des humeurs des fils textiles, des pliages, ou en l’intégrant dans des collages numériques.

Diabolo Bohême ne vit dans le monde de l’image de manière professionnelle que depuis six ans. Mais en six petites années, elle a déjà pu réaliser de nombreux travaux, avec des techniques différentes.
Le point de départ a été un travail de collage numérique à partir de photos trouvées en ligne.
Et puis, progressivement, l’artiste s’est faite photographe pour travailler sur ses propres photos. Elle a ensuite ajouté des fils, de la dentelle, ou des pliages. En attendant la prochaine idée.
“Ce qui compte le plus pour moi, c’est d’extérioriser les sentiments, les pensées. Le support n’est là que pour permettre ce transfert. Cela peut être un instrument de musique, ou autre chose. Peu importe. Ce qui compte, c’est que ce support soit avant tout un moyen d’expression”.
L’artiste réussit à faire une symbiose entre ce que dit la photo et ce que vont rajouter les éléments extérieurs. Au final, l’expression viendra autant de ce que représente la photo que des fils qu’y a ajoutés l’artiste. Dans tous les cas, l’ajout de couleurs et matières donne une nouvelle vie aux oeuvres. Parfois, Diabolo Bohême les enjolive, les ramène plus près de nous, mais parfois aussi, elle fait remonter à la surface des douleurs perdues.
Quelques exemples.
Le fil rend léger, aérien, quand il accompagne le corps: deux fils qui tombent du ciel mais tiennent compte du corps qui se trouve là: les fils le libèrent, lui donne du volume, l’un passant sur le bras, l’autre au-dessous. Même chose avec cette paire de jambes, pâles, pas vraiment fines, les pieds en l’air: elles gagnent en légèreté avec les fils qu’elles semblent soulever dans un geste artistique et gratuit. Un instantané d’une danse à imaginer.
Mais le fil peut aussi servir à recoller les morceaux, voire à recoudre des personnages, … quitte à ce que le visage garde la trace des déchirures du passé.
Bref, un seul mot d’ordre pour l’artiste : s’imprégner de la photo de départ, l’interpréter, la faire parler pour aller plus loin, mais toujours dans le respect de la personne ou de la scène choisie.
Après les fils, après les ajouts de couleurs, Diabolo Bohême est partie sur le pliage, qui recèle à son tour d’autres possibilités: d’anciennes photos auxquelles elle ajoute quelques bouts de papier plié.
“Au départ, j’ai fait beaucoup de photos de nature, des paysages, des architectures, et puis finalement j’ai trouvé ma voie avec les portraits. C’est ce qui m’inspire le plus: partir d’un visage, d’une attitude pour essayer de faire ressortir un peu l’âme de la personne en rajoutant à la photo des éléments qui peuvent raconter une histoire. En même temps, quand je photographie les modèles, je ne veux pas être trop dirigiste, c’est ensuite seulement que je déciderai ce que m’inspire la pose, le regard, etc. L’idée est toujours la même, il s’agit d’une certaine manière de faire tomber les masques”.
L’artiste peut parfois cumuler les techniques pour des résultats alors plus complexes.
C’est le cas avec son travail sur un visage de jeune fille dans une photo high-key (où les tons clairs et blancs prédominent). L’artiste ajoute à la fois gaieté et nostalgie ou amertume: la jeune fille retrouve grâce à un écheveau de fils une chevelure fofolle et colorée. Mais l’artiste a également ajouté un bout de ruban rose qui lui tombe des yeux, avec, posés sur ce ruban, quelques boutons qui font office de larmes. D’autres choses remontent en surface, des peines insoupçonnées que la couleur inscrit dans le présent mais que le choix de la matière (un bout de dentelle) laisse relié au passé.

L’ajout de fils colorés ou d’éléments textiles a un autre intérêt, tout simple: devant le flot d’images auquel on est confronté, on risque de passer vite devant des portraits, même si le photographe a soigné son travail. C’est encore plus vrai devant de vieilles photos : comme les personnes devaient garder la pause longtemps pour des raisons techniques, on peut vite avoir le sentiment de parcourir une galerie de portraits sans reliefs.
L’artiste ne fait alors, à sa manière, que rendre justice aux personnages. Comme avec cette grand-mère, figée pour les raisons que l’on sait. Aujourd’hui, elle serait plus détendue. Diabolo Bohême va l’entourer de fleurs vives, histoire de compenser cette absence de sourire parti à jamais.
Le fil, le pliage, le collage numérique attire le regard, retient l’attention. Et la photo reprend vie… mais livre aussi un peu la personnalité de l’artiste. Davantage que ce que suggère le modèle, on est alors face à la lecture de l’artiste elle-même, lecture qui reflète son état d’esprit du moment.
Finalement en enrichissant année après année sa “palette” d’outils, elle a approfondi une réflexion déjà en germe dans ses premières oeuvres, autour de la figure humaine de manière générale, et la féminité en particulier.
Dès les premiers travaux, l’artiste avait réalisé une série en collage numérique, Les femmes façonnent le monde. Au départ, une série de photos de propagande américaine montrant des ouvrières, sourires aux lèvres, fières de participer à l’effort de guerre en produisant des outils.
Revues par l’artiste, ces femmes gardent les mêmes gestes, mais il s’agit cette fois-ci de façonner le monde en agissant pour la nature. Comme cette femme rendue toute puissante, son pot de peinture à la main, afin de coloriser le paysage comme bon lui plaît.
Toute compétence peut être utile, tout détournement est possible. Diabolo Bohême le prouve, en allant à chaque fois vers un sens détourné pour faire émerger plus de liberté, et plus de légèreté.
Anne Devailly

Bio
Originaire du Jura, Marie-Charlotte a déjà vécu plusieurs vies: musicienne, formée au Conservatoire (flûte traversière), elle a vécu de la musique (flûte, chant) plusieurs années avant de se reconvertir dans la cuisine, qu’elle a pratiqué trois ans.
En 2017, elle bascule dans le visuel, en faisant d’une part des travaux de graphistes et des reportages photo, d’autre part des travaux artistiques plus personnels.
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octobre novembre 2025 "paysages intérieurs" exposition et installation - Galerie le Neuf - Lodève
22 Avenue Henry De Fumel 34700 LODEVE
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Statut artiste
Artiste-auteur
N° MDA ou Agesssa
MF94802
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