Je viens du journalisme, et de quelques écrits documentaires ou romanesques, publiés sur papier. Je suis de la génération du texte imprimé et, plus largement, de l’écriture à l’encre.
Mon travail a pour sujet et objet le manuscrit, l’écriture portée par la main. Je travaille la lettre comme un matériau “plastique”. J’en utilise tout à la fois le graphisme et la trace (brouillons, ratures, taches…) dans l’intention de trouver par-devers le mot, la marque d’une poésie délivrée du verbe. A cet égard, je revendique (avec toute la modestie qui sied) une filiation avec les travaux de Christian Dotremont, fondateur du groupe Cobra, qui a baptisé “écrivures” ces empreintes scripturales dont le texte est généralement perdu ou, pour le moins, rendu superfétatoire.
Dans un second temps, l’arrivée massive des écrans m’a inquiété, j’ai sourdement ressenti un sentiment de perte à ce “progrès” qui, pour moi, s’apparente à une invasion. Leur omniprésence m’a donné raison. Au-delà de l’intrusion cognitive dont ils sont porteurs, les écrans nous tiennent à l’écart de la main. Pour porter ce signal, j’ai choisi de sublimer leurs premières victimes : les machines à écrire, rendues obsolètes par le pixel. Je les écrase, les socle et les sublime en les traitant comme des antiques, des pièces d’archéologie. J’ai le sentiment de leur accorder non pas un sursis, mais une nouvelle vie.
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