KOVEL Christoph

Discipline(s)
Plasticien/ne, Sculpteur
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M. Christoph KOVEL
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De rouille et de couleur

Christoph Kovel aime les couleurs et la matière. Avec la rouille, il a trouvé une base qui lui donne d’un coup ces deux éléments. Il la sublime ensuite pour lui faire exprimer des choses insoupçonnées quand le matériau reste brut.

Depuis une vingtaine d’années, Christoph Kovel habite dans la forêt ariégeoise. Au milieu des arbres, dans une nature propice aux balades. Et quand il se promène, il n’est pas rare qu’il tombe sur des rebuts laissés là par des particuliers, voire des professionnels qui, ni vu ni connu, se débarrassent de déchets en pensant que ceux-ci seront vite oubliés.
Christoph Kovel les récupère, surtout quand il s’agit de métal rouillé. Ce sera la base d’un travail poursuivi ensuite dans son atelier. « Je n’ai jamais mis les pieds dans une casse auto ou chez un ferrailleur. J’aurai l’impression de faire mon marché ! », précise l’artiste.
Aujourd’hui, l’artiste a un style bien à lui, qui a trouvé son public. Mais les choses ne sont pas venues immédiatement. « Je n’ai pas fait d’études artistiques, mais ce qui est certain, c’est que quand j’étais enfant à l’école, je préférais dessiner plutôt que de faire des pages d’écriture».
Christoph Kovel lâche donc assez vite l’école et part sur les routes, à 17 ans, sac sur le dos. Puis il va travailler un peu comme graphiste, un peu dans la BD, tout en tâtant un peu de peinture à l’huile.
« Ma peinture était très figurative, voire hyperréaliste mais comme je ne pouvais pas me payer de modèles, ni croquer in situ des paysages intéressants, je me suis inspiré de photos de magazines. Et puis, je me suis dit ‘Pourquoi reproduire une photo, alors qu’il est si simple de la découper et de la coller’.
C’est ainsi qu’a commencé une longue période de collages-photos, au cours de laquelle j’ai appris la composition, et le fait de tirer parti des éléments proposés/ imposés.
Mais quel intérêt de coller des photos dont je n’étais pas l’auteur, alors que ce qui m’importait, ce n’était pas la représentation de la photo, mais sa forme, sa couleur, la matière qu’elle contenait. Alors, pourquoi ne pas prendre la matière à sa source.
A l’époque, je restaurais des châteaux dans le Périgord, j’avais tous les jours les mains en contact avec de la pierre, de la terre, du bois, du métal… de la matière.
Mes premiers collages-objets ressemblaient plutôt à de sculptures planes, des bas-reliefs. Avec toujours cette idée d’utiliser des éléments issus de la nature, ou de la manufacture.
Et de détourner ces objets en leur redonnant une seconde vie.
Très vite, j’ai abandonné la pierre et le bois, pour ne plus utiliser que la tôle issue de différentes carrosseries, de bidons et autres ustensiles culinaires ou non.
En restant dans l’idée de détournement, je me suis heurté au fait que certains ne voyaient que la ‘passoire’ ou le ‘couvercle’ au détriment de l’ensemble du tableau.
J’ai donc travaillé davantage sur l’intégration des éléments, quitte à masquer les fragments afin qu’on ne reconnaisse plus leur provenance. En travaillant davantage sur la cohérence de l’ensemble, je quittais un peu la voie du détournement d’objet avec son goût de déjà-vu.
Et puis, il a fallu faire évoluer les fonds. Car les matériaux rouillés, même retravaillés, ont besoin d’être rehaussés par des contrastes. Au départ, je travaillais les fonds à la peinture, souvent du bleu, la complémentaire de la rouille, et puis j’ai trouvé que cela serait plus harmonieux s’ils ressemblaient eux aussi aux matières utilisées. Aujourd’hui, je fais des œuvres où l’on ne doit plus savoir qui est quoi: les matériaux sont retravaillés, assemblés. Peu importe l’origine. Ce qui compte, c’est l’équilibre final. Je conclus d’ailleurs toujours une œuvre par une couche de cire pour fédérer l’ensemble ».

Voilà donc un artiste qui a fait évoluer régulièrement et rigoureusement son travail pour aboutir aujourd’hui à quelque chose de très maîtrisé.
Christoph Kovel continue d’arpenter la campagne et d’y trouver, malheureusement pour la planète, tout ce dont il a besoin. Mais des particuliers viennent également le fournir en matériaux. Et l’artiste porte un regard aiguisé sur chacun des apports.
Comme ce vieux baril de pétrole, devant son atelier : « Il est en fer recouvert de peinture industrielle. La rouille a commencé à l’attaquer, mais la peinture est encore là. Regardez là : la rouille est passée à travers la peinture ! Cela donne des nuances qu’on ne peut réaliser avec un pinceau ». Ou encore cette casserole émaillée bleu, datant des années 40 : « Contrairement à la peinture, la rouille ne passe pas à travers l’émail, sauf aux endroits où l’émail a sauté (ce qui provoque de belles marbrures dans le matériau). L’émail est ce qui se fait de mieux en matière de peinture, c’est pourquoi j’en fais mon matériau de prédilection, et puis, à quoi bon passer des années à maîtriser la technique de l’émail, alors que nos rivières regorgent d’ustensiles en tôle émaillée. »

Nul ne sait pour l’instant l’avenir que l’artiste réserve à ce bidon, cette casserole. Peut-être quelques morceaux seront intégrés à des petites œuvres (10 x 10 cm), peut-être au contraire en retrouvera-t-on quelques fragments dans des œuvres monumentales, l’artiste étant aussi à l’aise dans le petit que dans le grand.
Même interrogation sur ce que représentera l’œuvre : Christoph Kovel alterne entre les œuvres abstraites et les œuvres figuratives, notamment sur le thème de la forêt, le quotidien qui l’entoure. « Je ne recherche pas le motif, je cherche avant tout l’harmonie. Le figuratif peut arriver, mais ce n’est pas une nécessité ».
Le cuivre, le vert-de-gris, le fer, voire les tons dorés ou argentés se prêtent entre ses mains à toutes les fantaisies

BIO
Christoph Kovel vit à une quinzaine de kilomètres du village de Carla-Bayle. Ce village concentre de très nombreux artistes qui ouvrent leurs ateliers aux beaux jours. Christoph Kovel ouvre son atelier-galerie de Carla-Bayle tous les jours en été, et le dimanche après-midi le reste de l’année.

Atelier ouvert au public
Oui
Galerie virtuelle