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Dans le Tarn, décès du peintre abstrait Michel Carrade, l’un des derniers abstraits de l’Ecole de Paris

Michel Carrade, qui vient de s’éteindre à 98 ans, était né à Tarbes et s’était réinstallé après sa carrière parisienne dans le Tarn, à Saint-Germain-des-Prés.

crédit: Michel Batlle
crédit: Michel Batlle
crédit Michel Batlle

Son ami, le peintre Michel Batlle,
lui rend hommage et revient sur son parcours: 

 

 

L’artiste peintre Michel Carrade vient de quitter notre lumière solaire ce 4 septembre mais son œuvre vibre toujours et rayonnera encore longtemps.
Carrade est né le 8 août 1923. Très jeune il est attiré par la musique et envisage même une carrière de pianiste.
Vers sa quinzième année, il découvre la peinture, Van Gogh puis Cézanne et durant la dernière guerre en une évolution rapide il s’inscrit dans ce nouveau mouvement de la non-figuration dont Paris est l’épicentre européen.
Il y rencontrera bon nombre d’artistes tel le montalbanais Robert Lapoujade ou le toulousain André Marfaing mais aussi le poète Gaston Puel, tous trois du pays occitan ! Claude Parent l’architecte de la « Fonction oblique » sera un de ses grands amis, il lui dessinera sa maison que Carrade construira en 1974 aidé par un seul maçon, sur une colline près de Puylaurens, territoire originaire de sa famille.
Sa carrière artistique se déroulera en grande partie à Paris. Il expose début des années 50 à la galerie Arnaud qui soutient le mouvement de l’Abstraction lyrique puis devient un des artistes de la galerie Jeanne Bucher qui présente les grands noms de la peinture du moment comme Veira da Silva.
Fin des années soixante, le lyrisme et la gestualité de sa peinture se concentrent vers une intensité sur la couleur elle-même. Carrade vient d’être nommé professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris. Il est aussi un des éléments de la dynamique de la fameuse « École Alsacienne » avec les artistes Chaminade et Brigitte LeCaisne qui ouvrent aux étudiants de nouvelles voies dans l’apprentissage des arts plastiques.
A la fin des années soixante, sa peinture prend un nouveau départ, comme une suite, si ce n’est une synthèse à ce que l’abstraction a pu produire en Europe et en Amérique de Rothko à Newman sans oublier le suprématisme de Malévitch.
Il peint alors des bandes verticales de couleurs qui libèrent sa peinture de tous signes et éléments graphiques, choisissant « d’exprimer la couleur par sa seule présence physique et immédiate délivrée des choses et de l’anecdote ».
Michel Carrade a ouvert un champ nouveau qui va au-delà de l’abstraction et de la transformation picturale du monde visible.
Sa peinture agit tel un révélateur et nous indique ce que nous ne connaissions pas encore de nous en matière de perception et d’émotions, son œuvre semble sans âge, n’est pas figée dans le temps, existe par elle même sans discours ni artifices.
Sa rétrospective l’année dernière au « Musée du Bois » de Revel a permis de suivre son évolution sur soixante dix années de recherches. De cette génération de peintres abstraits de « L’École de Paris », il était un des derniers représentants avec Soulages, tous deux à leur manière captant ou piégeant la lumière, l’un par les reliefs étirés de son « Outrenoir », Carrade par la vibrance de ses « Champs de couleurs ».
Michel Batlle

 

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