Rencontre avec Valérie Maugeri
Chez Valérie Maugeri, la femme vit au milieu de l’art, entourée de matières et d’objets précieux.
Certaines ont sans doute pour seule préoccupation la recherche du beau, d’autres affirment comme cela leur identité, leur singularité, le fait qu’elles méritent leur place sur la terre comme n’importe qui d’autres: c’est évidemment ce cas de toute la série des femmes combattantes que l’artiste a réalisée dernièrement: une Afghane, grand format en noir et blanc, avec incustration d’éléments, une Ukrainienne, une Iranienne. La liste est longue de ces femmes qui méritent d’être montrées pour exister.
Dans son atelier situé dans le village de Larreule, dans les Hautes-Pyrénées, l’artiste poursuit un travail artistique autour de la femme, fait de peinture et d’ajouts, d’incrustation, la plupart du temps pour réhausser le quotidien, pour lui donner des lettres de noblesse.
Chaque toile donne lieu à un important travail de recherche personnelle, d’où une multitude de détails visibles de près comme de loin. Un travail aussi sur la couleur: c’est tout d’abord la chaleur des couleurs utilisées qui attire le regard, puis le travail de détail qui permet d’aller plus loin.
Il y a bien sûr dans ces toiles les traces des voyages de l’artiste, qui lui permettent d’explorer “la thématique ethnique entre l’Orient, Venise, ou l’Asie”.
Mais ses toiles ne seraient pas les mêmes sans ses origines italiennes: “On dit de ma peinture qu’elle s’apparente à un décor quasi théâtre à l’Italienne, ou bien à des tableaux haute couture”, explique Valérie Maugeri, qui explique qu’il était particulièrement important pour elle de trouver son propre style, puisqu’elle a grandi aux côtés d’un père artiste qui vivait confortablement de son art. Autodidacte, Valérie n’a pas fréquenté les écoles spécialisées, mais a cherché sa voie, déjà immergée dans un milieu de l’art dès son enfance.
Dernière référence, sans doute plus intériorisée, l’univers littéraire des décadents au XIXè et notamment de Huysmans avec son roman A Rebours. Les “tendances vers l’artifice” de son héros, des Esseintes, son rejet de la modernité, ses goûts décadents, ses manières de dandy excentrique et ses caprices d’esthète.
Quels que soient les éléments assumés ou sous-jacents, Valérie Maugeri a su à partir de là créer un style, qui lui permet de se libérer sur la toile : si les visages sont généralement réalistes, le reste de la toile est faite de réminiscences, d’incrustations, de peintures qui se donnent à voir, dans des taches ou coulures, notes d’abstraction qui se mélangent sans difficulté dans l’ensemble, faisant de l’oeuvre un personnage à la fois ancré dans le réel et sorti de l’imaginaire de l’artiste.
“Je travaille ma peinture comme un orfèvre”, précise l’artiste, dans un résumé qui illustre à merveille son travail.