Plus de 25 000 abonnés à nos newsletters !

RENCONTRE AVEC… Sylvain Corentin

- Partenaires -


Prades-le-lez (34)

Les architectures intemporelles de Sylvain Corentin

.

Patiemment, dans son atelier au nord de Montpellier, Sylvain Corentin assemble des bouts de cagette pour commencer et structurer un début d’architecture, puis il y rajoute des bouts de bois, des grands bâtons, des morceaux de vieilles chaises, etc. Petit à petit, la tour s’élève, dans son aspect brinquebalant et fragile. Elle monte, elle monte, et s’arrête sans qu’on s’en rende vraiment compte.

Les « anarchitectures » du sculpteur peuvent ressembler à de curieuses cabanes sorties d’un imaginaire, mais peuvent aussi se lire avec tout un corpus de références : référence aux habitats des premiers temps, faits de matériaux naturels sans structures rigides, référence aux cathédrales et leur volonté d’aller toujours plus haut, référence au catalan Gaudi qui faisait tout pour qu’on ne distingue pas sculpture et architecture, etc.

Tout cela, Sylvain Corentin ne le renie pas et joue avec.

Point commun à toutes ces références, un sentiment de fragilité que l’on retrouve dans ses tours, même si ce sentiment ne correspond en fait guère à la réalité : derrière leur apparence fragile, ces tours sont constituées à la base de grandes tiges vissées qui en assurent la stabilité et la solidité. Petit à petit, cette structure se remplit de bouts de bois collés au pistolet à colle. Et une fois que la structure est achevée, l’artiste unifie le tout avec un nouveau mélange de peinture et de colle qui rajoute à la solidité de l’ensemble. Et parfois, l’artiste va rajouter des éléments souples, de petites dentelles de colle blanche qui apportent une note d’esthétisme, voire de préciosité à la construction.

« Je tiens vraiment à ce que ces tours apparaissent comme des habitats éphémères, explique Sylvain Corentin. Finalement, je n’aime guère les choses trop rigoureuses. J’aime cette apparence de cabane. Au départ, l’homme s’est quand même intégré à la nature en construisant des choses éphémères, avec ce que la nature lui apportait ! »

Les tours, toutes différentes, ont en revanche certains points communs : toujours du blanc, toujours sous-tendues par une solide armature de bois, jamais aucun personnage.

La construction est évidemment quelque chose qui évoque un travail humain, mais cette présence n’est perceptible que par des traces, des dessins primitifs, des petites gravures quasi-rupestres ou des dentelles de colle. L’homme est passé par là. Aux visiteurs de le repérer, de le pister… comme le ferait un archéologue dans un tas de pierres au pied d’une cathédrale…

Parfois, c’est même une petite croix faite de deux bouts de bois qui apparaît. « J’ai appris l’art dans les églises », explique l’artiste qui précise avoir travaillé plusieurs années sur la cathédrale de Chartres, celle dont la verticalité est la plus frappante au beau milieu des plaines d’Île-de-France… Et qui rajoute aussitôt que si l’on regarde de près ses constructions, elles comprennent aussi des références à tout un système religieux mondial, avec également des références aux constructions que d’autres civilisations ont pu créer, en Inde ou en Égypte par exemple.

La verticalité a évidemment à voir avec la religion. Mais elle a aussi à voir avec le délire de grandeur des hommes, religions ou pas. C’était vrai du temps des pyramides égyptiennes, du phare d’Alexandrie ou de la Tour de Babel. C’est encore vrai aujourd’hui avec la course au gigantisme des tours de Dubaï ou d’ailleurs. Entre passé et futur, entre pensée religieuse et délire d’ingénieur, les cabanes de Sylvain Corentin ont leur place : fragiles, intemporelles, humaines.

AD

 

Un travail qui séduit les Américains

Sylvain Corentin a travaillé cinq mois au MIAM (Musée International des Arts Modestes, à Sète), avec Hervé di Rosa. Cela lui a permis de découvrir l’art singulier et de se rapprocher de certains de ses représentants les plus éminents en France. De fil en aiguille, son travail a été remarqué par Danièle Jacqui, grande figure du Festival d’art singulier d’Aubagne. « À partir de là, je dois dire que mon travail a vraiment décollé, précise l’artiste. Je me suis retrouvé aux États-Unis avec un galeriste new-yorkais spécialisé dans les outsiders américains, ce qu’on pourrait traduire par l’art singulier, même si les Américains incluent aussi sous cette appellation le folk art ». Depuis, Sylvain Corentin a intégré de nombreuses collections américaines et multiplie les expositions ou les salons outre-Atlantique.

En France il est entré dans les collections de l’Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier.

En avril 2020, il va notamment travailler avec le musée des Arts buissonniers à Saint-Sever-du-Moustier, en Aveyron. En mai il sera en résidence à Carquefou (44), en juin aux Flâneries d’Aix-en-Provence à l’invitation d’Andréa Ferréol et à la Pop Galerie de Sète pendant l’été.



 

Articles associés

Affiner vos résultats

- Partenaires -