Rencontre avec Valérie Billet (Hérault)
Pendant de longues années, Valérie Billet a pratiqué la peinture. Et puis un jour, elle a souhaité faire son auto-portrait, et a finalement choisi de faire pour cela quelque chose d’abstrait, correspondant à ce qu’elle vivait alors: un bloc de béton noir avec une grosse fissure.
Voilà comment, sans l’avoir vraiment choisie, la peintre bascule peu à peu dans la sculpture il y a une dizaine d’années. Tout simplement par passion pour un matériau, le béton.
“Tout est venu de cet auto-portrait. J’ai adoré le matériau au point que j’ai vite travaillé sur toutes ses possibilités: le béton est le matériau idéal pour travailler sur l’empreinte, la cicatrice, les fissures. Le béton est un matériau très plastique, et qui donne des résultats très différents suivant les choses ou objets introduits dans le moule. De plus, cette technique du moulage laisse place à un certain aléatoire, véritable partenaire de mon processus de création”.
L’artiste va bientôt faire un peu ce qu’elle veut de ce nouveau matériau: “Je fais ma propre cuisine pour pouvoir travailler un béton qui se prête à des réalisations artistiques: je mets du sable, de l’eau et du ciment, ça c’est incontournable. Mais je peux aussi rajouter par exemple des fibres pour améliorer la solidité des grosses pièces”.
De là, l’artiste va encore plus loin: “Et puis petit à petit, le plastique ou le papier qui étaient là pour les empreintes, je me suis dit que finalement, ils pouvaient participer à la sculpture. Et je me suis mise à couler dans le béton des objets du quotidien”.
Parmi eux, évidemment beaucoup d’objets en plastique. En les coulant dans le béton, l’artiste leur donne une vie un peu intemporelle, alors qu’à l’air libre, l’objet se serait tout simplement dégradé (les sculptures deviennent ainsi les témoins de notre consumérisme ). “Et en même temps que cela prolonge la vie de l’objet, cela constitue en même temps des vestiges du futur”, ajoute l’artiste. Des vestiges qui sont finalement assez à l’image de notre société: dur comme du béton d’une part, mais fragile comme une feuille de papier de soie. Gris et terne, mais ou la couleur du papier ou du plastique persiste malgré tout. Comme une note d’optimisme, fragile, mais présente.
En parallèle de ce travail, à la fois très concret (choisir des objets, couler le béton, réfléchir aux empreintes) et assez conceptuel, Valérie Billet poursuit un travail de peinture: “Faire en parallèle peinture et sculpture me permet d’explorer plusieurs choses: j’aime travailler la couleur en peinture, chercher les harmonies, les équilibres, etc. En revanche, en sculpture, je cherche davantage une esthétique très minimaliste”.
Pendant que ses sculptures sont centrées sur les objets et les matériaux, les toiles de Valérie Billet portent souvent sur les lieux, les gens. Quand elle habitait Montpellier, elle a ainsi réalisé toute une série sur le tram: le moyen de transport, les gens qu’il transporte, la lumière qui passe. Mais depuis douze ans, cette Sétoise de naissance est retournée dans sa ville natale, et s’est lancée dans une série et s’est lancée dans une série sur Sète et ses lieux emblématiques, dont récemment le Port de Commerce. “J’aime les espaces communs, les lieux où les gens se rencontrent sans se rencontrer”, précise-t-elle.
Aujourd’hui, l’artiste a trouvé son équilibre entre peinture et sculpture, même si dernièrement c’est avant tout son travail de sculptrice qu’elle met en avant dans ses expositions.
A.D.
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Eléments bio
Je suis autodidacte, mais j’aime à dire qu’en tant qu’autodidacte, je suis sans cesse en formation continue
L’actualité de l’artiste
- 7 juin: dans le cadre de sa résidence à la Fondation ART_LAB, elle présente lors du lancement du Parc de Sculptures du Château de Jonquieres dédié à C.G.Simonds, un projet d’installation de Blocs Béton afin d’y créer un espace de repos ou d’attente. Projet réalisé grâce à la Fondation Arts-Lab de Michel Vienne, qui promeut la sculpture monumentale dans l’espace public.
- 13 juin – 6 juillet: expose au Château Vargoz une sculpture dans le parc ainsi que des travaux préparatoires
- Début juillet, expose à la Republic Galerie, Sète (Pointe Courte), galerie de Jean-Loup Gautreau, photographe