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Rencontre avec Raymond Attanasio, peintre, Saint-Chinian (34)

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Rencontre avec Raymond Attanasio, peintre, Saint-Chinian (34)

Quelques traits ou aplats de couleur, deux ou trois teintes différentes, guère plus, souvent rehaussées de quelques traits d’encre de Chine, le tout sur une toile dont la blancheur reste visible: voilà en quelques mots l’essence du travail de Raymond Attanasio. Une peinture spontanée, faite de traits dont on devine la gestuelle, dans une recherche d’harmonie et d’équilibre. Si ces objectifs sont atteints, le peintre arrête son travail. La toile reste visible et sa blancheur contribue à l’harmonie générale.

Raymond Attanasio – huile sur toile – 90 x 90 – 2022

Raymond Attanasio est un peintre qui cherche par sa peinture “l’évasion, l’oubli du monde concret pour aller vers un monde intime, personnel”.
Pour cela, il se prépare avant d’attaquer sa toile, pour être sûr de bien être dans un lâcher-prise quand il se saisira du pinceau.  “Le lâcher-prise est pour moi la condition indispensable à la création”, précise l’artiste, qui ajoute aussitôt: “Mais je pense que c’est la même chose pour celui qui regarde un tableau: il faut qu’il soit vraiment déconnecté de ce qui l’entoure pour accéder à sa propre vision des choses, avec pour tout bagage son propre vécu”.

Le lâcher-prise n’est pas pour autant synonyme d’un détachement de tout ce qui est extérieur. Il permet de se débarrasser des scories du quotidien pour que ne demeurent que les événements marquants pour chacun. Dans le cas de Raymond Attanasio, sa peinture contient sans aucun doute des réminiscences, même inconscientes, de ses années d’enfance passées en Algérie: “Je revois avant tout les étendues désertiques du Sahara. C’est ce qui m’a le plus marqué car jusqu’à l’âge de 8 ans, je passais mes vacances scolaires dans le sud algérien”.
Des souvenirs emplis d’atmosphère et de couleurs, auxquels s’ajoutent des souvenirs  plus douloureux: “Bien sûr, les événements d’Algérie et l’exode de tout un peuple, dont je ne comprenais pas les pleurs, sont certainement pour beaucoup dans la construction de ma sensibilité”.
A ce vécu s’ajoute ensuite un long parcours de formation artistique qui lui permet d’aborder la toile, avec un bagage technique qui vient nourrir sa spontanéité.
Tout cela s’est mis en place progressivement: en 1995, Raymond Attanasio acquiert les techniques tout en peignant sur de grandes surfaces, mais sans forcément y trouver l’épanouissement recherché. Ce n’est que plus tard que dans l’atelier devant une grande toile, il ressent enfin ce qu’il cherchait: “A chaque coup de pinceau, à chaque changement de couleur, je ressentais une sorte d’euphorie. La toile s’assemblait de manière intuitive presque malgré moi”.
J’ai voulu comprendre ce qui se passait et j’ai commencé une période de deux années d’introspection, d’auto-analyse. Je fréquentais tous les samedis la médiathèque de Sète afin de découvrir l’histoire de l’art. Je visitais de nombreux musées. Je rencontrai d’autres artistes, certains de renom tel que Pierre Soulages afin de savoir s’ils avaient vécu les mêmes expériences. Soulages m’a dit tout simplement: ‘Tu as senti ce qu’était la création et maintenant commence ta recherche. Moi, j’ai 82 ans et je cherche encore’.
Aujourd’hui, j’en suis convaincu, ma peinture est une invitation à laisser au bord de la route le monde intelligible, pour se laisser porter vers un monde sensible. Elle est émotion et non réflexion, mais cela m’a demandé un long chemin”.


L’équilibre et l’harmonie de ses toiles retiennent maintenant assez régulièrement l’attention d’acheteurs… qui parfois leur donnent un écho inattendu: c’est ainsi que des professionnels travaillant pour des séries télévisées ont acquis des oeuvres de l’artiste pour les intégrer aux décors des feuilletons Demain nous appartient et Ici tout commence.
En parallèle de sa peinture, le peintre organise parfois des conférences/débats: “Le but de ces conférences, après avoir présenté rapidement l’arrivée de l’abstraction dans l’histoire de l’art, est de donner la parole à l’assemblée sur les questions de création et sur les techniques que j’utilise”, précise-t-il.
Aujourd’hui, le peintre poursuit son chemin, sa création intuitive nourrie par son expérience de vie et sa pratique artistique.
Il en va de même pour toute personne. L’essentiel est de trouver l’outil qui permet de s’exprimer et cela dans n’importe quel domaine (écriture, musique, cuisine ….)
Tout est art, quand il est pratiqué avec passion”.

A.D.

 

OUurement voir – Exposition visible à la médiathèque André Malraux de Béziers jusqu’au 29 juin


 

 

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