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Rencontre avec Micham

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Rencontre avec Micham

 

Des planches de bois qui redeviennent arbre….

Dans son atelier dans la Haute Vallée de l’Aude, la peintre et plasticienne Micham aime travailler le bois. Non pas pour le faire revivre sous d’autres formes, bien au contraire: elle part d’un matériau et fait tout pour le valoriser, en le restituant sous une forme primaire, celle du totem.
Récemment, un voisin qui connaît son travail lui a donné des planches avec leurs écorces, ce qui est parfait pour le type de travail qu’elle mène. “Mais il y avait aussi des planches tordues, d’autres avec des trous, précise l’artiste. Je vais toutes les utiliser, y compris celles qui ont des ferrures, des clous. A chaque fois, cela me pousse à adapter mon travail”. Précédemment, elle travaillait des planches de frêne, provenant également de son entourage.
L’artiste s’adapte donc au matériau et choisit les techniques qui vont permettre de sublimer celui-ci: poncer, trouer, strier, garder tout ou partie de l’écorce, et, si cela s’avère pertinent, brûler en partie le bois.
Avec les bois découpés, pyrogravés, parfois peints, cirés ou brûlés, Micham poursuit ce travail qui oblige le regard à se promener dans l’œuvre, à accorder autant d’importance aux pleins et aux creux, avant d’en avoir une vision globale.
Dans certains totems, les spectateurs reconnaissent des motifs figuratifs parmi les éléments mais ce ne sont qu’illusions créées par leur imagination. “Je fais des projections d’ocre naturelle, aléatoires mais dirigées par un geste précis, j’aime travailler avec le hasard, l’imprévu“.
Avant d’aborder les arbres, dans leur hauteur et dans leur grandeur, Micham s’était déjà intéressée au monde du végétal. Avec ses OGMs (Organismes Graphiquement Modifiés), elle proposait un herbier fait de végétaux fantastiques dessinés à l’encre de Chine sur des papiers souvent fragiles. “Ces plantes (trop grosses pour le pot qui les contient) sont inquiétantes, explique l’artiste. Cousues sur des moustiquaires ou collées sur du grillage, elles font penser à des plantes carnivores. Il faut se méfier de leurs mutations, les éléments qui les côtoient en sont transformés”.
De ces OGM, elle est donc passée, il y a quelques années, à ces planches de bois, plus grandes, plus imposantes. “Cela s’est fait de manière un peu incongrue, explique Micham. J’ai trouvé une planche de cerisier dans mon garage, avec l’écorce encore présente sur les côtés. Ma problématique plastique est restée la même, mais à l’échelle de la planche, les transparences du papier sont devenues des trous découpés à la scie sauteuse façon dentelle, le graphisme est pyrogravé ou travaillé en dégoulinures de pigments naturels…” .

Aujourd’hui, l’artiste poursuit sa recherche autour du bois mais elle a repris la peinture, les couleurs, comme contrepoint à la sculpture, qui est vraiment chez elle un travail sur la matière et la forme.
Parfois également, la peinture n’est pas un contre-point mais une prolongation de son travail de sculpteur: “Dernièrement, j’ai ainsi réalisé des pochoirs avec les ombres de mes totems: les formes que je découpe dans le bois laisse une ombre dentelée que j’ai trouvé intéressante. En fonction de l’inclinaison du soleil, on a une ombre qui étire les formes et cela finit par donner quelque chose d’abstrait, mais qui répond à la sculpture”.

Micham se distingue ainsi de la plupart des sculpteurs chez qui le travail en deux dimensions (dessins, peintures) est généralement un préalable à la réalisation de la sculpture. Ici, c’est au contraire la sculpture qui va engendrer des peintures et non l’inverse.
Plus largement, chez Micham, tout projet peut donc en amener un autre. Nouvel exemple volontiers donné par l’artiste: “J’ai décliné ce projet des ombres des sculptures dans un atelier collectif en lien avec une exposition à Paraza: j’ai fait un atelier, les participants ont réalisé des pochoirs avec des ombres d’objets trouvés sur place et qui avaient un sens pour eux. C’était passionnant!
Encore un exemple, dans un autre domaine: l’artiste a travaillé sur le thème d’un personnage biblique, Tobie, en lien avec une peinture qui venait d’être rénovée dans l’église de Saint-Sernin de Bourièges et qui représentait la scène décrite dans l’Ancien testament, la rencontre de Tobie avec l’archange Raphaël.
A partir de là, Micham a travaillé en peinture, son amie écrivaine Paule Elisabeth Oddero a rédigé des poèmes. Les deux femmes envisagent maintenant un livre qui va reprendre les deux réalisations.

Le cercle de la création continue.

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L’actualité de l’artiste

  • juin 2024: Festival de la sculpture, Montauban
  • Plusieurs expositions programmées pour Artemiss11, collectif auquel appartient Micham. Artemiss11 regroupe depuis sa création il y a trois ans, quatre plasticiennes et une écrivaine. L’association réfléchit à un thème, monte une exposition qu’elle va ensuite proposer dans différents lieux. Les quatre artistes: Cathy Gaïo, estampes; Nathalie Grangis, photos; Zazar, peintures; Micham, peintures accompagnées par Paule Elisabeth Oddero, écrivaine. Artemis a travaillé en 2024 sur les ciels.
    Il en résulte une exposition, Ciels!… visible:
    Abbaye de Saint-Papoul (11), 29 juin- 24 août, dans le cloître. Le collectif, plus un photographe invité, Emmanuel Malifaud.
    – 
    Saint-Sernin de Bourièges, 12 juillet- 14 septembre.

 

Micham, installation au Clap de Paraza, 2024
Micham – Les paradis perdus (détail)-



 

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