Rencontre avec Alain Alquier – Pouydraguin, Gers
Le peintre Alain Alquier a été photographe, peintre, il a travaillé avec un maître verrier pour réaliser de grands vitraux. Mais aujourd’hui il revient au dessin, en noir et blanc, “à la recherche de toutes les nuances possibles entre les deux”.
Et finalement, il renoue ainsi avec ses années où il exerçait en tant que photographe: “Je retrouve les subtilités de dégradés de gris que je peux avoir en photo, et cela me permet d’exposer en même temps photos et dessins, qui partagent la même idée de lumière, mais chacun à leur manière”.
Les deux – photos et dessins – sont en revanche très différents sur ce qui est donné à voir.
– Dans ses photos actuelles, l’artiste reste assez minimaliste: il s’attarde dans ses promenades sur ce qu’on trouve par terre, ce qui est “insignifiant”, destiné à être brûlé, ce qui va sécher, etc: les feuilles sèches, pourrissantes, les tailles, les brindilles… . Tout cela photographié soit in situ au sol, soit sur une table maculée de peinture, dont la composition est due très souvent au hasard, sous une lumière rasante du lever du soleil. Cette lumière naturelle donne vie au sujet, le magnifie, transformant son statut d’inintéressant en une image photographique captivante. “J’essaie de les magnifier, par la lumière naturelle”.
– En dessin, en revanche, il s’éloigne de la réalité première, il se détache du sujet pour partir vers d’autres formes que celui-ci va lui suggérer. Un long cheminement depuis qu’il a démarré à s’intéresser aux ceps de vignes il ya une dizaine d’années.
Au départ, ce thème lui permet d’introduire l’idée de nature dans ses peintures. Mais dès le départ, le cep est vu comme quelque chose qui dépassait son identité botanique. Le peintre avait découvert que les Sumériens appelaient la vigne Bois de vie. Il reprend l’expression pour couvrir de ce nom générique l’ensemble de son travail fait à partir de l’observation de son quotidien. « Ce titre correspondait vraiment à l’idée de ma recherche picturale. J’en proposais une lecture symbolique, parfois mystique, parfois érotique ».
Car, peu à peu, il fait évoluer sa peinture. Peu à peu, ces ceps deviennent des formes anthropomorphes, mais, si l’on peut dire, ils les portaient déjà en eux: la forme humaine qui s’en dégage n’est qu’un prolongement de ce que la nature proposait à l’artiste.
Aujourd’hui, Alain Alquier franchit encore une étape en s’éloignant vraiment de son sujet de base. Le cep devient maintenant support à des abstractions dans lesquels il n’est guère plus visible. L’artiste se détache aujourd’hui de son sujet de prédilection au point de faire des abstractions loin de tout ancrage quelconque dans la réalité.
« Aujourd’hui j’essaye d’exprimer la force et la fragilité, la fureur en même temps que le silence de la nature. Les formes massives, imposantes s’accouplent aux lumières
venant du fond en les enveloppant d’une aura indéfinissable, espace de sensations, de vibrations, d’expression forte. La couleur est sobre, intime, sans agressivité. Le geste est lent, mesuré, contrôlé. Une fois né, il va à sa fin, sans retour, jusqu’à la rupture. Alors il y a libération d’énergie, la matière passe de l’opacité à la transparence, la lumière s’infiltre, resurgit et vole en éclats. On ressent la douleur, la puissance, l’obstination. Une tension permanente maintient l’équilibre des éléments« .
Il reste malgré tout un point commun à tous ses travaux actuels, peinture ou dessin, mais ce point commun n’est pas à chercher dans les oeuvres mais dans leur origine: “Tout ce que je fais aujourd’hui, en photos comme en dessins, prend sa source autour de mon atelier”, précise Alain Alquier, du fond de la campagne gersoise.
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- Eléments biographiques
L’artiste a participé à plus de 150 expositions depuis 1974. En 2023, il a exposé peintures et photos à l’Abbaye de Flaran, accompagnée d’un catalogue, et a réalisé quatre grands vitraux pour l’église de Lamothe-Cazeneuve en collaboration avec la maître verrier Lesley Gasking. En 2020, un film sur son œuvre Les Bois de Vie, réalisé par Jacky Tujague. En 2016, il a créé 16 vitraux pour la chapelle du CAC Matmut avec Lesley Gasking, et en 2015, des vitraux à Puydraguin. - L’artiste fait partie des 30 artistes finalistes des Premiers Grands Prix Artistes Occitanie.
Il a séduit le jury dans la catégorie “l’artiste et la transmission” pour la création d’une galerie, la Galerie Bleue, au sein d’un collège dans le Gers. - Retrouvez une présentation plus complète de son travail dans notre annuaire en ligne.
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