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RENCONTRE AVEC… Patricia Dubois

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Rencontre avec Patricia Dubois

La représentation artificielle du vivant

Une toile de Patricia Dubois est au premier regard une belle image, gaie et vive. Une façon élégante de capter le regard pour l’emmener ensuite un peu plus loin. La légèreté n’empêche par un regard décalé et lucide sur la société. Bien au contraire, elle y conduit.

C’est par exemple le cas avec cette toile au titre léger comme un dessin animé, Papa Canard : on y voit un monsieur d’un certain âge, petit ventre et cheveux blanc, confortablement installé dans une bouée géante en forme de petit canard, en train de se laisser flotter dans sa piscine. Scène banale d’un été dans le sud de la France. Mais sur son ventre, un petit poussin, bien vivant celui-là, et sa petite baignoire miniature.

On retrouve dans cette toile quelques constantes du travail de Patricia Dubois: toutes les scènes représentent des êtres vivants, la plupart du temps, des humains, parfois des animaux, réels, imaginaires ou les deux. Et souvent dans un jeu de confrontation: le grand canard gonflable et le petit poussin, le grand ours façon grizzli et l’ours en peluche, les moutons et le nuage de laine qui semble s’en échapper, le crocodile aux dents longues et le petit croco aux dents de carton.

Les deux éléments ne sont pas en opposition frontale, mais dans une espèce de dialogue improbable qui fait sourire tout en renvoyant à une question plus grave: l’appropriation de la nature et de ses animaux, intégrés malgré eux au monde de divertissement de l’être humain.

Mon travail tourne autour de notre relation à la nature. La relation avec soi-même, avec autrui et avec l’environnement sont liées, il ne faut jamais l’oublier. Ce qui m’intéresse, c’est la tension entre d’un côté la réalité, la matière et de l’autre le rêve, le désir. Un peu comme dans la mythologie. Finalement, ces personnages, ce sont mes mythes à moi: personne ne peut vraiment expliquer ce qu’ils font, mais tout le monde peut s’interroger avec les différents éléments mis dans la toile”.

Dans un temps précédent, Patricia Dubois fut clown, notamment pour dérider les enfants dans les hôpitaux, entre autre à Barcelone. Et encore avant cela, elle a vécu plusieurs années  avec ses parents en Autriche. Il reste quelque chose de ce parcours dans sa peinture. Cette expérience, qui lui fait découvrir des cercles différents dans des pays et cultures différentes aiguise son regard et lui permet d’établir une distance avec ce qu’elle perçoit du monde actuel. Cela donne une peinture libre, sans entrave, où l’artiste aime à confronter plusieurs idées et s’avoue contente si sa peinture peut arracher quelques sourires à ceux qui la regardent. “C’est certain, ‘j’ai gardé de mes années de clown une sensibilité à tout ce qui est dérisoire”.

Mais la légèreté, si elle invite à regarder l’oeuvre, est souvent une apparence. Les animaux artificiels ont aujourd’hui plus de présence que leurs créatures en chair et en os. Le modèle s’efface devant se représentation. Le conte de fée n’en est peut-être pas un.
Aujourd’hui, l’artiste va plus loin dans cette recherche. Récemment, dans une résidence à Saint-Mathieu-de-Tréviers (34), elle a travaillé sur de grands transparents, pour que cette fois-ci, ce ne soit pas juste les personnages représentés sur la toile qui se fondent dans la nature, mais l’œuvre elle-même.

Et Patricia Dubois poursuit ses recherches. Cet été 2024, elle va s’immerger un mois en résidence, sous toile de tente, dans la forêt de Branoux-les-Taillades, vers la Grande-Combe, pour créer en s’intégrant à la nature.
Je veux approfondir ma recherche sur l’environnement. Aujourd’hui, le paysage est devenu une réalité relative. Et l’imaginaire, lui, garde toute sa force comme un espace du possible: on imagine des situations différentes, voire meilleures, et cela peut conduire à inventer de nouvelles manières de faire, pour être plus en phase avec la réalité finalement, pour ouvrir un espace, un nouveau paradigme avec le vivant. C’est l’imaginaire qui façonne la réalité et la réalité peut aussi se passer autrement. Mais tout cela n’a de sens que si on sait que la nature est le substrat essentiel du vivant”.
A.D.

  • Actualité de l’artiste:
    En juillet, l’artiste va s’immerger un mois en résidence dans la forêt, sous toile de tente
    5-18 août: exposition à Vézenobres avec Lugo Lassalle et Nicolas Gal.
     
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