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RENCONTRE AVEC… Karine Detcheverry

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Karine Detcheverry, Montpellier 

L’étang de Thau de Karine Detcheverry

Karine Detcheverry a fait le tour de l’étang de Thau, pour en donner ensuite dans son atelier une vision très personnelle dans Impact on Landscape, cette ancienne architecte québécoise donne de l’étang une vision très graphique et quasi-monochrome, inattendue et qui permet de rafraîchir le regard.

Arrivée il y a huit ans dans la région, Karine Detcheverry aime la côte, la Méditerranée, les étangs. Mais cette Québécoise pose dessus un regard neuf, permettant de redécouvrir autrement des lieux mille fois regardés « Je m’y suis beaucoup promené, j’ai pris des photos, des photos de paysages, des photos des plages de Sète l’été, des clichés que tout le monde pourrait prendre et qui ne sont qu’un point de départ pour développer ensuite un travail en atelier. Ce qui m’a intéressé sur l’ensemble de cette série, c’est l’impact de l’homme sur le paysage ».

VERBATIM

« Pour ce projet, je pars d’une photographie, fixer le réel. Je confronte la peinture à la photographie afin de dépasser le réel… Comprendre à la fois la nécessité de l’image photographique tout en luttant contre son pouvoir de cristallisation.

D’une photo va naître une peinture, j’opère couche par couche, je redessine, transforme sur la toile (encres, matières, pigments, …). Les toiles se forment de fragments photographiques, parfois la photographie disparaît complètement sous l’encre.

L’horizon se construit peu à peu, par un jeu de répétions et de superpositions, les traces humaines s’érigent graduellement par grignotage et mitage. Une construction, un mur apparaît, le paysage est totalement modifié ».

« La Méditerranée est un espace complexe, insaisissable si on le dissocie, et c’est une réalité -constituée d’une matérialité mais aussi d’une immatérialité porteuse de sens – qui siège définitivement dans l’imaginaire social ».

« Mon sujet, le littoral méditerranéen. J’organise mon champ d’investigation, mes errances à 360° autour de l’étang de Thau, sur les plages du golfe du Lion. Climat contraignant, paysage fragile, mais exubérance vitale. La Méditerranée est marquée par ce dualisme omniprésent qui balance parfois entre mythe et réalité »

Avec ce fil conducteur, l’artiste a réalisé des oeuvres plus ou moins figuratives, mais qui ont toutes des caractéristiques communes: de grands formats, une dominante noir et blanc très légèrement rehaussée de couleurs, un côté graphique assumé. Et quand la couleur apparaît de manière franche, ce n’est pas pour rehausser un ciel ou la couleur de l’eau, mais pour figurer, de manière quasi-abstraite l’empreinte humaine sur ce territoire. Karine Detcheverry a fait des études d’architecte, puis a travaillé dans le milieu de la publicité en tant que directrice artistique au Canada avant de poursuivre par des études de cinéma au Danemark. Aujourd’hui, toutes ces influences se retrouvent dans son travail de peintre. « Pour ce projet, j’ai renoué avec une démarche que peuvent avoir les architectes: on s’approprie un peu, on s’imprègne de ses contraintes et de ses possibles, alors la transformation s’opère ».

Travaillant directement sur un agrandissement photographique ou au contraire partant sur une toile vierge, Karine Detcheverry donne petit à petit sa vision de l’étang: couche à couche, mêlant peintures acryliques, encres et pigments, restant au plus près du paysage ou au contraire rajoutant des éléments plus ou moins abstraits. On est à mille lieux des représentation saturées de couleurs qui collent souvent aux paysages du Sud de la France.

A l’horizon, les collines de Sète ou d’Agde ou d’un arrière-pays moins défini, au premier plan, les horizontales de l’eau et les verticales des piquets des parcs à huîtres, le blanc de l’eau, le noir des piques, le tout empli de vibrations comme peut l’être n’importe quel paysage aquatique. Et quand Karine Detcheverry évoque les plages de Sète l’été, elle utilise le même langage pictural, mais cette fois-ci le noir des personnages et le blanc de la plage se mêlent, les horizontales et les verticales se croisent. La présence humaine grignote l’ensemble.

Au total, l’artiste a réalisé une vingtaine de toiles dans cette série présentée à Montpellier et Sète, dans des expositions organisées par Agnès B., avant de prendre la route du Portugal et du Québec.

L’étang de Thau a trouvé une interprète.

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Rencontre publiée en mai 2015

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