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Le cours du Verdanson à Montpellier témoin des “30 ans du graffiti”

 

Les 30 ans du graffiti ont débuté cours du Verdanson, à Montpellier, ce samedi 10 août, pour un WE … intense.

A l’initiative du projet, Nicolas-Xavier Callu, alias Sade dans sa vie de street artiste, a conçu et réalisé cet événement dans un lieu insolite mais connu de tous les montpelliérains: le Verdanson !

Si les parrains officiels de cette manifestation sont, entre autres, la Ville de Montpellier, la Région Occitanie, Montana (fournisseur des bombes de peinture), il est vite apparu que le vrai « parrain » serait le soleil. Celui-ci a fait régner sa loi en imposant aux artistes un tempo méridional : graffer en plein « cagnard » n’est pas chose aisée. Le public l’a bien compris mais les premiers visiteurs ont pu découvrir les artistes les plus courageux commencer leurs esquisses «en live ».

Murs du Verdanson repeints sur une centaine de mètres sur les 2 rives en bleu foncé, logos des partenaires griffés au seuil du site, dont celui de la ville de Montpellier, très impliquée dans ce projet, organisation de sécurité très présente, zone rouge oblige, en ce lieu bas, canalisant les flux orageux intempestifs locaux, public parcourant un circuit peu familier mais aisé d’accès, tout cela créait durant ce week end une atmosphère artistique étrange et nouvelle pour les amateurs des oeuvres pariétales venus souvent en famille.

Plus d’une quinzaine de graffeurs invités, pour la plupart montpelliérains (dont Shine, Zest, Nubian…) et d’autres stars venus d’horizon plus lointains (Mode2, Pro176…).

Au centre, Nicolas-Xavier Callu, organisateur des 30 ans du Graffiti, à Montpellier, 10 et 11 août 2019. En pleine coordination artistique …

Artistes d’Occitanie a pu s’entretenir avec Nicolas-Xavier Callu, entrevue courte car l’homme est très demandé tant la coordination de ces artistes si particuliers demande d’investissement et de diplomatie.

Artistes Occitanie: « 30 ans, est-ce l’âge de la maturité pour le graffiti? »

Nicolas-Xavier: « Le mien, certainement! Je ne sais si c’est celui de l’art de rue, du graffiti, mais, personnellement, oui, j’ai atteint la maturité que je recherchais. Sans renier la rebellion naturelle qui m’animait, jeune, j’ai aspiré à prendre de la hauteur, à regarder, et vivre les choses autrement. Et la création d’une galerie, la prise de responsabilité que cela entraîne, la vision nouvelle sur un art qui n’a cessé de s’amplifier tant à Montpellier que partout ailleurs, m’a vraiment fortifié dans mon choix. Je n’étais pas irresponsable durant mes 25 ans de graffiti mais peut-être pas toujours aussi sûr et serein que maintenant. »

AO : « Une reprise en main de ta destinée? »

N.-X. : « Oui, quelque part. J’ai évité en tout cas d’en devenir malade, de jouer avec ma santé. Une vraie bascule que la création d’une galerie, un regard différent sur beaucoup de choses. Sans rien perdre de l’âme initiale, bien sûr. »

AO : « Il n’y a pas (ou peu) d’expression artistique plus « grand public » que le graffiti, car, par définition, il s’impose au public. Comment est-ce vécu par le public et par les graffeurs? »

N.-X. : « Franchement, je ne sais pas comment le public vit ça réellement, je note que le rejet est faible, que le street art, comme on le nomme aujourd’hui, « signe » son environnement au point que les collectivités ont compris qu’il ne fallait pas l’écarter de leurs actions culturelles. Pour revenir à ta question, pour nous, graffeurs, exister, c’est peindre dans la rue. Graffer, c’est une façon de se montrer au public. »

AO : «  Vendre en galerie pour un street artiste, n’est-ce pas antinomique ? »

N.-X. : « Sûrement pas ! Entrer dans les institutions, exposer en galerie, c’est plus une démocratisation qu’autre chose. En tout cas, c’est enlever l’angoisse, la peur. Le public ne nous associe plus au vandalisme ou à la dégradation : son regard a changé, ou du moins est en train de changer. »

AO : « Mais quand même, un street artiste dans une galerie ! Le support change, non? »

N.-X. : « Oui, mais la rue reste à la rue, la galerie impose autre chose à l’artiste, il fait évoluer son art. Il utilise sa technique, son imaginaire d’une autre façon. Un graffeur qui fait des lettrages et qui vient les reproduire sur une toile dans ma galerie ne m’intéresse pas. Je souhaite qu’il devienne artiste peintre, quelque part… »

AO : « Et Montpellier dans tout ça? »

N.-X. : Montpellier est ma ville de coeur. J’y suis bien, le street art y découvre ses lettres de noblesse. Et, puisqu’on en parle, je tiens à remercier sincèrement ce que Montpellier a mis en oeuvre pour ces 30 ans. M. Saurel y a cru et a mis tout son poids dans la balance pour que cela se fasse malgré les problèmes de sécurité inhérente au lieu (on est en zone rouge, quand même). Sans lui, rien de tout ça n’existerait. Et regarde ce public ! C’est géant, non? »

AO : « Merci Nico ! »

……

Interview de Shine

30 ans de graffiti à Montpellier, 10 et 11 août 2019 – SHINE commence son graff …

Il est plutôt délicat d’interviewer les artistes durant leur performance. Mais, un street artiste local, Shine, nous a offert quelques minutes de son temps.

AO : « Comment te sens-tu ici? »

Shine : « A la fois bien et inquiet : rencontrer le public n’est pas mon fort ! Je suis un personnage assez discret et secret, parler m’est difficile. Je préfère m’exprimer par mes graffs »

AO : « Même pour avoir des avis? »

Shine : « Je laisse le public appréhender mes oeuvres comme il le souhaite. Ca ne m’appartient plus, une fois le support peint. »

AO : « Pourquoi être venu, alors? »

Shine : « Avant tout pour faire plaisir à un ami (Nicolas-Xavier). Ensuite parce que graffer avec des amis est un moment forcément sympathique. »

AO : « Tu graffes où? »

Shine : « En France, dans le monde. Je voyage partout : rencontrer d’autres artistes fait partie du truc, on est un grand réseau, tu sais? »

AO : « Merci Shine ! »

Ci-dessous : le reportage photographique.

Interview modestement réalisée par Jean-Luc Bachino
Reportage photographique dû à Jean-Victor Cassanas.
Copyrights : Artistes d’Occitanie




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