Michael Kenna, La lumière de l’ombre

Par son travail photographique, Michael Kenna a construit un objet de mémoire : il a photographié entre 1986 et 1999 les lieux de déportation et du système concentrationnaire nazi, dans le cadre d’un projet de plus d’une décennie.

Maître du paysage en noir et blanc, Michael Kenna pose un regard unique sur les sites qu’il photographie, cernant l’immensité des camps dans la délicatesse des petits formats de ses images.
A l’ère du numérique, son travail patient de photographie gélatino-argentique, caractérisé par un traitement unique de la lumière, des expositions longues, à l’aube ou au crépuscule, devient une authentique empreinte du monde et vient ajouter aux archives historiques la poésie et la puissance sensible des archives d’auteurs.

À ce projet conservé au Musée de la Résistance nationale, Michael Kenna a ajouté des œuvres réalisées sur le site de l’ancien camp de Rivesaltes lors d’une résidence artistique en mars 2022.

Ces deux fonds font l’objet, en 2023, d’une exposition dans deux lieux majeurs de la Mémoire en Occitanie dans le cadre d’un partenariat inédit à l’échelle de la Région : le Musée départemental de la Résistance & de la Déportation de Haute-Garonne et le Mémorial du Camp de Rivesaltes.
Ce partenariat prend la forme de deux expositions complémentaires qui abordent chacune un aspect de ce travail colossal.

Au mémorial du Camp de Rivesaltes, 80 tirages photographiques originaux de Michael Kenna, issus de sa résidence et de la collection du MRN. Portée par le commissaire d’exposition Michel Poivert, fondateur du Collège international de la photographie, l’exposition articule l’histoire, la mémoire et la sensibilité artistique autour d’une question : que peut la photographie contemporaine, cet art de la mémoire par essence, face au patrimoine des sites mémoriels ?

Au Musée départemental de la Résistance & de la Déportation de Haute-Garonne, les tirages originaux sont présentés en regard d’objets de la collection du Musée mais aussi de prêts inédits.
Présentée du 9 mars au 27 mai, cette œuvre de mémoire, tout à la fois témoignage et expression artistique, est pour le musée un nouveau temps de travail autour de l’histoire des déportations, porté par l’historien et commissaire Thomas Fontaine, directeur du MRN.

Complétées par une programmation culturelle et scientifique sur les deux sites, ces expositions seront l’occasion d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion, à l’heure où les témoins disparaissent, autour de la transmission et de la place centrale de l’art dans ce processus.