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Rencontre avec Yuta Strega

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Rencontre avec Yuta Strega

Albi, Tarn

L’art, la vie, le monde

Le travail plastique de l’artistes est en lien direct avec sa vie, et sa vie elle-même est souple, en phase avec ce qu’elle ressent du monde.

Yuta Strega peint et sculpte depuis des années, et choisit son medium en fonction de ce qu’elle souhaite exprimer.

Dans sa peinture, à l’huile ou dernièrement à la cire, elle recherche les vibrations, les nuances de la matière picturale. Parfois aussi quelques motifs figuratifs, mais pas nécessairement. L’artiste peut aussi pratiquer l’aquarelle ou les monotypes, toujours dans une approche où la technique guide la réalisation.

Mais elle choisit aussi parfois la sculpture. “J’ai représenté de nombreux visages, cabossés, défigurés. C’est une série que j’ai faite après les attentats de Charlie Hebdo, mais cela va plus loin que le seul contexte français. J’ai enseigné en Palestine et cette série en parle également. C’est une série que je continue aujourd’hui, en bronze, en porcelaine ou en poudre de marbre travaillé avec un liant.  Je les conçois comme des pièces archéologiques qui peuvent parler plus tard de notre époque” et l’artiste ajoute : “Je fais aussi des sculptures animalières, mais qui renvoient à un même contexte, car on n’en parle jamais, mais les animaux sont aussi les victimes de tous ces conflits”.

Dans ses œuvres sculptées, Le Chant, décliné en faïence, bronze doré, bronze vert, retrace le drame de Charlie Hebdo, un drame à la fois individuel et collectif, expliquait l’historienne d’art Muriel Tisserant,  dans le dernier catalogue consacré à l’artiste. C’est, un cri à pleins poumons, une alerte à gorge déployée pour les femmes et les hommes de ce monde. Les pieds de porcelaine, indissociables, prêts à bouger, symbolisent, comme leur titre l’indique, ‘Une autre façon de marcher’. L’artiste plasticienne allie la délicatesse de la matière à l’aspect brut du sujet, qu’elle traite en ‘non-finito’ en exagérant les imperfections de la peau, comme si les stries qu’elle utilise jusque dans le support, étaient autant de cicatrices sur ces pieds qui traduisent le vécu, le travail et la poussière des chemins… De plus, le doute participe à la force de l’œuvre : car dans le prolongement de ces pieds aux orteils crispés sur le bloc brut, on observe une corolle s’ouvrant évoquant à la fois le cuir de la chaussure usée mais aussi les lambeaux de chair de l’écorché…

Sa peinture aussi peut faire référence aux conflits qui ravagent la planète, sans forcément que cela passe par de la figuration. Dans une de ses oeuvres liées à ce qu’elle a pu voir ou vivre au Proche-Orient, Bellum, se devine un paysage dramatique, fait de lignes brisées et de couleurs terre. Pour l’instant figure une jeune femme au premier plan, mais l’artiste a choisi de bientôt enlever le personnage. Le paysage parle au moins autant que cette femme sans doute trop explicite et qui empêche de se concentrer sur la désolation visible dans l’abstraction.

Le travail plastique de l’artiste est donc en lien direct avec sa vie, et sa vie elle-même est souple, en phase avec ce qu’elle ressent du monde.
C’est ainsi qu’après avoir étudié aux Beaux-Arts à Francfort, en Allemagne, Yuta Strega, de nationalité française, choisit de vivre en France. “Je me suis d’abord installée dans le Var, au-dessus de Toulon, mais la couleur politique du Var, pour parler clairement, l’implantation forte du Rassemblement National, rendait les choses de plus en plus compliquées. Je l’ai ressenti quand j’avais une école d’art à Sanary. Avec mon mari, nous avons préféré quitter l’ile de Porquerolles et nous installer en Aveyron, où nous avons vécu jusqu’au Covid, mais cela a représenté un tournant et nous avons ressenti le besoin d’être dans un espace plus urbain. Nous sommes maintenant à Albi, et ravis d’être dans cette ville culturelle d’art et d’histoire”.

L’auteur Pierre-Jean Brassac qui a écrit sur l’artiste estime que chaque toile de l’artiste est “un enchaînement de causes et d’événements et non un chemin qui conduirait à un destin fixe et prédéterminé”, une phrase qui s’applique aussi à la vie de l’artiste, tout simplement. La vie et l’art sont ici une seule et même approche d’un rapport au monde.

L’artiste a donc de nombreuses cordes à son arc et une technique éprouvée depuis ses années aux Beaux-Arts. Malgré tout, elle ne s’arrête jamais de découvrir de nouvelles techniques, d’apprendre, de chercher de nouveaux moyens d’expression.
Depuis qu’elle est à Albi, elle a créé avec le photographe Jean-Pierre Ravel, une association, les Cimaises d’Albi. Ensemble, ils continuent d’exposer d’autres artistes, dans ce lieu comme dans les salons de l’hôtel d’Orléans.

Yuta Strega a toujours souhaité promouvoir d’autres artistes, voire des centaines d’entre eux, nationaux et internationaux. Ensemble, les deux artistes ont pu montrer toutes ces œuvres dans leurs anciens lieux d’exposition en Aveyron comme le Prieuré ou le musée à Villefranche-de-Rouergue, les salles d’expositions à Najac, et à Rodez. Ils ont exposé notamment les travaux de Jean-Marie Fage, un artiste nonagénaire qui vit à l’Isle-sur-la Sorgue (84), le photographe new-yorkais Benjamin Salesse, l’artiste toulousaine Anne Vautour, le verrier Antoine Rault, ou le photographe anglais John Claridge. 

Consciente d’être passagère, Yuta Strega continue son enseignement dans une école d’art contemporaine près de Rodez.

La peintre sculptrice et le photographe possèdent un atelier de 140 m², ouvert au public (demande par mail).

Bellum, série Fatum Hominis- 80x 80 cm huile sur toile
La vie du colibri, série Fatum Hominis. huile sur lin 120 x 100 cm


 

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