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Rencontre avec Alain Vintenon: une peinture qui revisite les mythes dans l’imaginaire d’aujourd’hui

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Alain Vintenon, peintre
Esparaza (11)


Rencontre avec Alain Vintenon: une peinture qui revisite les mythes dans l’imaginaire d’aujourd’hui

 

Les tableaux d’Alain Vintenon se reconnaissent facilement et pour plusieurs raisons: d’abord le châssis: il s’agit bien de peinture mais d’une peinture réalisée sur différents pans de bois eux-mêmes rassemblés dans des montages visibles: la forme générale n’est ni un carré ni un rectangle, mais prend en compte les différentes longueurs des plaques, et l’intérieur du châssis peut intégrer des vides entre les différents éléments.

Parfois, l’ensemble peut se présenter fermé, ou ouvert dans une configuration alors plus large. Clairement, on pense alors aux triptyques de la Renaissance, qui étaient eux-mêmes des peintures sur bois.

Et puis il y a la couleur, ou plus encore les couleurs: quelles qu’elles soient, l’artiste les aime saturées, débordant de dynamisme, la vie au-delà de ce que la réalité nous offre. Là encore, même si c’est moins évident, une dimension qui peut tendre vers un univers religieux, voire mythologiques.
Pour résumer ce travail, l’artiste concentre tout cela dans une formule simple: “Issues des mythologies grecque ou latine, biblique ou évangélique, artistique ou quotidienne, les histoires que je raconte sont insérées dans une forme issue de l’art sacré : le retable. Des iconostases aux tableaux d’autel, les liturgies ont très souvent utilisé le pouvoir exégétique de l’image afin de faire dire aux textes, aux paroles, aux gestes plus qu’ils ne pouvaient dire, plus que ce qui est perceptible dans l’instant”.

Un autre aspect renvoie là encore à l’art sacré de la Renaissance: l’impression devant une œuvre d’Alain Vintenon de découvrir plusieurs scènes qui, ensemble, constituent une histoire, racontent quelque chose. Comme les retables qui « ornaient » les autels des églises et des chapelles, et qui, “du fait de leur composition en plusieurs images (image principale, images des volets mobiles, images des prédelles, sculptures parfois) donnaient à voir un récit, linéaire à la base, dont les liens multiples (formes, couleurs, iconographie) en dénouent peu à peu le sens et la rigidité temporelle et spatiale”.

Mes retables sont construits sur ces bases, ils sont une méditation sur notre monde, sur son histoire et ses histoires, sur l’image qu’on s’en fait et qu’on s’en donne, sur celle qui nous est inculquée par les modèles dominants de pensée. Ni refus obstiné, ni approbation béate, ils sont un regard critique sur le monde qui nous fait à son image, que nous faisons à notre image, sur ses (auto-)représentations, sur les sacralisations développées par les poncifs iconographiques puissants employés comme des outils majeurs pour modeler nos pensées, nos désirs, notre vision”.

L’artiste n’a pas toujours travaillé de cette manière, mais elle est arrivée naturellement dans son parcours: “Quand j’étais jeune, je faisais de la bande dessinée. Et il m’est resté le goût du récit en image”. Concilié à sa passion pour l’histoire de l’art et notamment de la Renaissance, ce goût pour le récit en image a abouti à ce travail complexe, mais qui peut facilement parler à tout le monde.

Complexe pour les raisons déjà évoquées : châssis aux formes insolites, oeuvres dehors et dedans, références à l’histoire de l’art, imbrication des scènes

Mais suffisamment lisible pour que tout le monde s’arrête: la peinture est figurative, elle montre des personnages clairement contemporains si on s’arrête aux détails vestimentaires par exemple. Les couleurs sont vives, saturées, et donnent ainsi l’impression de quelque chose de fait récemment, qui n’a pas encore pris la patine du temps. Et le triptyque trouve peut-être sa source dans la religion, mais c’est aussi, avant toute chose, un objet, une boîte, un volume, bref quelque chose que l’on regarde et que l’on s’approprie pour en comprendre le fonctionnement. “J’aime l’effet de surprise qu’il peut y avoir dans ces peintures recto-verso. Il y a un dehors et un dedans. A la Renaissance, très souvent, les pans extérieurs étaient peints en grisaille, renvoyant au quotidien, et quand on ouvrait le triptyque, une fois ou deux dans l’année, pour les fêtes religieuses, on découvrait des scènes emplies de couleurs”.

L’artiste garde donc ces grands principes mais travaillent les mythes ou les récits de la chrétienté en utilisant l’imaginaire d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’Ulysse fait son retour sur des bords de plage où marche une touriste en bikini. “J’essaie de faire se percuter les mythologies anciennes et nos mythologies actuelles”, précise l’artiste.

Pour cela, il travaille la scène en amont, à base de croquis, d’idées, d’images qu’ils complètent et assemblent sur son ordinateur. Puis il découpe et assemble ses planches de contreplaqués avant d’attaquer la peinture: un travail à l’acrylique complété de médium qui lui permet de travailler par glacis comme les peintres à l’huile.
Là aussi, l’artiste arrive à concilier des techniques contemporaines avec la peinture telle qu’elle était pratiquée par ses ancêtres de la Renaissance.
La boucle est bouclée.
A.D.

Eléments bio
Alain Vintenon a fait des études d’arts plastiques à Aix-en-Provence.
Il a ensuite enseigné tout en pratiquant la peinture sans interruption.

 



 

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