Du 7 mars 2024 au 30 août 2024
Maurane Leder et Tom Sam – Regards étreints
Maurane Leder et Tom Sam questionnent l’art du portrait et plus particulièrement les liens entre les gestes de peindre et ceux d’une rencontre. Une histoire où se rejoignent la confiance, la surprise et le risque.
Les regards étreints – ceux de l’artiste, du modèle, du regardeur – contemplent, prennent soin et aiment. Cette rencontre artistique et sentimentale dévoile des sensations et des « habitus » intimes et publics, immuables et nouveaux : l’attente à l’ombre d’un arbre, l’alanguissement sur l’herbe humide, le surgissement d’un parfum indicible, l’émerveillement face au soleil vibrant dans l’air, la sensualité d’une caresse sur la peau…
Ainsi, l’étreinte de l’art et la vie se love au cœur de l’exposition. Les regards étreints… étreignent. A bonne distance. Une interdiction ? Regarder sans toucher. Ou, peut-être étreindre d’un seul regard ?
MAURANE LEDER
Maurane Leder, artiste peintre, est née à Aurillac en 1999. Elle vit et travaille à Toulouse. En 2022, après l’obtention du DNSP (isdaT-Toulouse), elle participe à l’exposition collective Peintures Barbares au Lieu commun (Toulouse). Elle est invitée, en 2023, à la Biennale des jeunes créateurs de Mulhouse. La même année, elle participe à l’exposition En nage Indienne (avec Lilie Pinot et Pauline Zenk) à La Nouvelle Galerie (Gers, Cologne) et à une résidence de création, La caravane passe proposée par l’association artistique PAHLM.
« Puisant mes recherches dans des photographies amateurs ou à travers mes archives personnelles, j’explore différents états et sentiments humains souvent associés à un contexte de loisir, de détente ou de vacances. Mon attention se focalise sur l’ordinaire et l’intimité des instants de vie passés, cherchant à donner une nouvelle dimension à des images en apparence anodines. Cette approche vise à dévoiler la profondeur émotionnelle de ces moments, révélant ainsi la beauté intemporelle qu’ils captent et qui n’ont lieu d’exister qu’une fois. Mes toiles mettent en lumière des images qui sommeillent dans la mémoire collective, avec l’intention de raviver des sentiments universels. Dans une ère où les souvenirs se perdent souvent dans la masse, la peinture devient un acte de préservation et de soin.
Les visages sont absents, mais les corps et les gestes parlent, deviennent outils de langage à part entière. Par des jeux de cadrage, j’impose une intimité familière dont les personnages au cœur de l’attention ne se préoccupent pas. Les corps alanguis, libres, impudiques ou en attente permettent de révéler des émotions, d’appréhender le monde avec contemplation, qu’il soit réel ou espace pictural. Ces corps, porteurs de temporalités différentes, se retrouvent ainsi exposés dans un même espace-temps, dialoguant et s’activant les uns avec les autres.
Les ressentis fantasmés se révèlent par une recherche incessante de lumière, de sensations colorées, et de jeux de transparence. Révéler autant qu’effacer ce qui figure pour interroger la fragilité des souvenirs, questionner ce que le temps emporte avec lui. »
TOM SAM
Tom Sam est né en 1981 à Agen, France. Vit et travaille dans le Gers. Diplômé de biologie, il a d’abord travaillé comme écologue-naturaliste, dans différents endroits de France et du monde. C’est vers 2010 qu’il se consacre à des projets artistiques. Ainsi, il aborde la création par l’écrit et publie des poèmes dans différentes revues. Sans se couper du texte, il s’est ensuite orienté vers la peinture, médium qu’il considère le plus adapté pour retranscrire de manière sensible sa compréhension du monde. Il a concrétisé deux projets de résidences artistiques. Le premier en 2019 dans le Gers et le second en 2020, à Hanoï, au Vietnam. Lauréat 2021 de l’Aide Individuelle à la Création, attribuée par la DRAC Occitanie, il a développé le projet initié lors de sa résidence artistique au Vietnam, en interrogeant les liens familiaux, la notion d’exil et du « chez-soi ». Une partie des œuvres réalisées ont été exposées en 2022 par la ville de Samatan lors de l’exposition Familles . En 2021, il démarre sa collaboration avec la galerie Art Absolument à Paris. Ses œuvres sont alors exposées sur différentes foires internationales. (St’Art (Strasbourg), Lille Art up (Lille) et DDessin (Paris)).
La peinture de Tom Sam fait référence à son propre vécu, à ses souvenirs, à ses rencontres. Il peint ceux qu’on appelle les proches, s’inspirant de photos qu’il a souvent prises lui-même, d’images qui ont en commun le fait qu’il ressent pour elles une proximité. Cette résolution autobiographique est un point de départ empathique qui lui permet de remettre en suspension les émotions du vécu. Il peut ensuite prendre du recul sur l’image et cheminer librement entre l’introspection et la confrontation avec le réel, donnant ainsi à son œuvre intimiste un caractère qui tend vers l’universel. La figure humaine est centrale. Les portraits qu’il peint avec une grande acuité témoignent de l’ambivalence des relations sociales, des tiraillements qui nous poussent vers des directions contradictoires, les distances qui existent entre le monde d’où l’on vient et celui vers lequel on se dirige. Son œuvre est peuplée d’individus silencieux qui subissent l’appel du lointain, tout en recherchant inexorablement l’amour de leur prochain. Le romantisme éprouvé comme une sorte de malédiction s’exerce dans le choix des couleurs au contraste violent qui semble contredire le réalisme cruel et rugueux des corps. Les compositions parfois austères laissent transparaître une narration équivoque, une dramaturgie allusive. On ressent alors la difficulté humaine de la fixation, une tension produite par cet équilibre instable entre la vérité menaçante et la beauté rassurante des illusions.
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