La dynastie des Roux

Uzès Exposition IV:

La dynastie des Roux

Uzès, 1er Duché de France, ville classée site patrimonial remarquable et labellisée ville d’Art et d’Histoire, accueille une nouvelle édition d’Uzès Exposition du 1er mai au 26 octobre 2025.

Dans l’un des plus beaux édifices de la ville, le Palais Épiscopal (« Ancien Evêché »), se tiennent depuis 2022 les expositions d’exception proposées par Marc Stammegna, le commissaire, sous l’égide d’Uzès Exposition, label culturel de la ville d’Uzès.

Pour cette quatrième édition, plus de 110 œuvres sont exposées à l’Ancien Évêché d’Uzès avec notamment de nombreuses aquarelles de la famille Roux ainsi que plusieurs tableaux de la famille Adam. Ces toiles d’exception sont accompagnées de nombreux objets de la marine et de splendides maquettes de bateaux.

Les Roux, témoins d’une épopée maritime et commerciale

Des portraits de bateaux par milliers, échappés d’une petite boutique du port de Marseille, ont fait le bonheur d’officiers de marine, de capitaines de navires, d’armateurs français et étrangers pendant près de cent ans. L’enseigne, établie au milieu du XVIIIe siècle par Joseph Roux, commercialisait des cartes maritimes, compas et boussoles, pavillons aux couleurs bigarrées. Elle va devenir le réceptacle d’une œuvre prolifique et reconnue, fruit des talents d’aquarellistes de ses descendants : Antoine, père et ses fils, Frédéric et François Roux, pour ne citer que les plus célèbres d’entre eux.

Ayant grandi au plus près des navires de toutes origines qui accostaient alors à Marseille, les Roux vont se démarquer de leurs pairs grâce à leur extraordinaire précision technique. Là où le pittoresque l’emportait souvent sur l’exactitude, les amateurs avisés vont reconnaître à cette dynastie familiale une excellence rare.

Tout au long du XIXe siècle, leurs aquarelles seront accrochées aux murs des bureaux de grands amiraux, des maisons de marins à travers le monde, des petites chapelles de Méditerranée où les naufragés rendaient grâce pour leur vie sauve, des salles du musée du Louvre qui accueillait alors le musée de la Marine.

Le succès de la dynastie des Roux s’explique aussi par la formidable expansion économique et commerciale que connaît l’Europe au XIXe siècle et Marseille en particulier. Négociants et armateurs s’appuient sur la renommée et la puissance du port, où se développent des activités favorisant la croissance : banques, assurances et intermédiaire… Leur champ d’intervention s’étend à tous les continents et permet ainsi la construction de fortunes familiales qui trouvent alors dans la peinture des Roux, une splendide démonstration de leur réussite, par la représentation de leurs navires quittant un port ou naviguant sur une mer à l’autre bout du monde.

Au-delà de la définition d’un modèle, l’élément qui va véritablement fonder la réputation des Roux est leur précision en matière de navigation. Pas une poulie ou une garcette oubliée, pas une vergue ou un étai mal positionné, pas une manœuvre mal interprétée : les marins, en connaisseurs exigeants, apprécient l’exactitude de ces aquarelles, à tel point que des capitaines étrangers n’hésitent pas à faire un détour par Marseille pour rencontrer les fameux portraitistes.

Les voiles des vaisseaux d’antan peu à peu remplacées par les cheminées fumantes et les hélices, de nouveaux artistes prirent la relève. Parmi eux, Edouard et Victor Adam, fidèles à la voie officielle, ou encore Louis Roux (n’ayant semble-t-il pas plus de liens que son homonymie), prisé des yachtmen marseillais de la fin du siècle.

Crédit photo : ©Guillaume Bonnefont