Du 29 novembre 2023 au 31 janvier 2024
Vernissage le 6 décembre 2023
18h00 – 18h00
Jeanne Agache-Pointet (1904-1989), peintre, entomologiste, orientaliste, …
La Bibliothèque universitaire de l’Arsenal présente la rétrospective d’une artiste singulière du XXe siècle, aux multiples talents : Jeanne Agache – Pointet (1904-1989).
La vie de Jeanne Agache-Pointet est un manifeste : celui de l’indépendance d’une femme. Dès les années 1920, après avoir obtenu ses baccalauréats et une maîtrise d’histoire, elle décide de vivre comme elle l’entend, s’affranchissant des conventions qui, à l’époque, pèsent sur la condition féminine. Cette impétueuse liberté, elle l’a héritée de son père, Fernand Pointet, chef de goum, « Corsaire du désert », et de sa mère, Jeanne Mougin, normalienne, cousine du Maréchal Lyautey.
Jeanne est née en Algérie, dans ce qui est alors le fleuron de l’Empire colonial français. Très tôt, à Bou Saâda, son père lui fait rencontrer son vieil ami, le grand peintre orientaliste Etienne Dinet (1861-1929). Elle se forme en solitaire, étudie les insectes, les animaux, et commence à peindre la flore et la faune de Kabylie. Elle accomplit alors un travail considérable, conjuguant la peinture et l’écriture.
Sa première exposition a lieu en 1934, au Salon des Orientalistes à Alger, et c’est Hàm Nghi (1871-1944), le prestigieux “Prince d’Annam”, destitué de son titre d’empereur et contraint à l’exil à Alger, premier artiste vietnamien formé par des peintres et sculpteurs français, qui l’introduit dans les brillants milieux artistiques algérois ; il lui prodigue ses conseils, et lui permet de tisser de solides liens d’amitié avec des artistes très en vue pendant l’Entre-Deux Guerres, en particulier les peintres Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938) et Eugène Deshayes (1862-1939), représentants majeurs de la peinture orientaliste. Son amie Annette Noiré, quant à elle, favorise les échanges avec son mari, le peintre et sculpteur Paul Jouve (1878-1975), qui est l’un des artistes les plus importants du moment.
Elle fréquente l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger et la Villa Abd-el-Tif, l’équivalent algérois de la Villa Médicis à Rome, et se fait remarquer en illustrant, à l’aquarelle, l’œuvre du grand entomologiste Jean-Henri Fabre (1823-1915). Mohamed Racim (1896-1975), le fondateur de l’École algérienne de miniature, la guide dans cet art, qui mêle finesse du trait et précision scientifique, et, en 1939, elle est admise comme sociétaire-peintre de la très prestigieuse «Société d’Entomologie de France » de Paris.
En 1951, lors d’une exposition à Alger, elle noue une amitié profonde et secrète avec le peintre Foujita (1886-1968) ; pour eux deux, « écrire et peindre sont de même nature. » Elle expose avec Paul Simoni (1882-1960) dans les capitales européennes et en Afrique du Nord, aussi bien des peintures que des livres illustrés et des reliures.
L’année 1960 constitue une étape majeure : Jeanne quitte pour toujours son Algérie natale. Elle y abandonne une grande partie de son œuvre, ses amis, ses souvenirs, ses chers défunts, …
Une nouvelle vie commence alors en France, dans le Lot, et Cahors sera la dernière étape de son aventure artistique. Elle est chargée d’organiser les expositions du Musée Rignault de Saint-Cirq-Lapopie et de la galerie de l’Office du tourisme de Cahors, et crée autour d’elle, une véritable vie artistique, brillante, qui lui permet de retrouver toute la notoriété qu’elle avait précédemment acquise en Algérie. Deux événements importants marqueront cette « seconde vie » française : un film, Une conversation dans un jardin secret, réalisé, en 1974, par la télévision française, et, en 1976, une grande exposition-rétrospective que lui consacre le Musée Henri Martin, le musée de la ville de Cahors.
Elle continue dans le Lot sa collecte de légendes, d’histoires de loups, de personnages grands ou humbles, dans de nombreux recueils, qu’elle illustre de paysages, d’insectes, d’animaux, de fleurs, d’ici ou de là-bas. Son œuvre écrite et peinte reste largement à
découvrir…
Jean-Louis Rouget, Président de l’Association Jeanne Agache-Pointet
L’exposition-rétrospective rassemblera une quarantaine d’aquarelles, notamment des planches d’études d’entomologie, une vingtaine de gouaches animalières, des pastels, de nombreux carnets de croquis, une dizaine de recueils manuscrits et illustrés : Fables de Florian, Fables La Fontaine, poètes de la Pléiade (XVIe siècle), “Récits d’ici et de là-bas”, de même qu’un ensemble de documents biographiques.
Pour accompagner cette exposition :
Conférence : « Jeanne Agache-Pointet : une artiste libre », par Jean-Louis Rouget, le jeudi 18 janvier 2024 – salle de conférences de la BU de l’Arsenal, 18h
Accès limité à 60 personnes. Inscriptionsi : bu-culture@ut-capitole.fr
A l’occasion de cette conférence, Jean-Louis Rouget présentera la monographie qu’il vient de publier sur l’œuvre de l’artiste, aux éditions Colibris.
Séance de dédicaces à l’issue de la conférence.
Deux visites commentées :
– mercredi 6 décembre 2023 (18h-19h), vernissage 18h-21h ; – jeudi 11 janvier 2024 (12h-13h)
Pour les deux visites, accès limité ; merci de vous inscrire : bu-culture@ut-capitole.fr
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