Du 28 mars 2024 au 4 mai 2024
Vernissage le 27 mars 2024
18h30 – 20h30
Aïdée Bernard
“Entrelac végétal, fibres merveilleuses”: créations en papier d’Aïdée Bernard
Vernissage mercredi 27 mars à 18h30 avec une performance poétique dansée et mise en musique. Lionel Banevitch accompagne de ses notes voyageuses l’univers sensible de la créatrice papier.
Artiste papier, Aïdée Bernard rend depuis deux décennies un vibrant hommage aux végétaux à travers ses créations en papier. Des papiers qu’elle réalise elle-même à partir de plantes sauvages qu’elle cueille et fait cuire pour en extraire les fibres.
“Je suis entrée dans la langue des plantes. Leurs fibres ont commencé à me parler et bien avant cela, lors des cueillettes dansées et chantées en vibration et en mouvement avec la forêt, à travers le dialogue qui a commencé à naître entre leur nature et la mienne ; elles ont murmuré les évidences de notre rencontre, m’ont communiqué quelles feuilles pouvaient être utilisées. Je suis entrée dans le grand livre vivant de la Nature. J’ai vibré avec Elle. La Vie m’a soufflé le prochain mouvement, j’ai pris le risque d’écouter l’invisible, la voie des fous, avec courage, patience et amour quand je perdais confiance avec indulgence et rire, je suis chaque fois revenue vers toi, pour entendre ce que tu avais à me dire, source de lumière, manifestation de lumière, l’un est le support de l’autre, réunir et m’accorder à nos natures différentes et semblables, fusion, dé-fusion, ne sont plus que le rythme du chemin, je t’aime.”
Aïdée Bernard réalise des installations, sculptures diaphanes et livre-objets où le papier devient mode d’expression à part entière, fibre-signe, mot-filigrane, matière-peau : “Le papier que je crée est nourri d’ici, de cette terre qui me porte. Il est le résultat d’une métamorphose de la matière et parle de mon rapport à la visibilité, ce que je donne à voir. Il questionne aussi la trace fantomatique, celle qui m’échappe et qui se dit à travers moi, mon rapport à l’invisible. L’histoire qui m’habite, intime, cette histoire sourde, se révèle dans une approche sensible de ce que je suis. J’aime que la surface soit la plus fine possible, comme une pellicule, une peau, qui raconte ce qui m’a touché, sensation ineffable, murmure visuel”.
Sur ses papiers, cette artiste rare vient inscrire des mots, les siens mais aussi ceux des autres. En filigrane. “Les mots sont omniprésents, même dans le silence, le bain de langage est là. L’inscription se lit par transparence grâce à la lumière. C’est une expression secrète, qui est liée au fond, qui fait corps avec le papier. La surface est trouée, fragilisée par la trace de l’écriture, par le marquage de l’eau. Le papier témoigne de l’altération, rappelle la naissance et la mort. Le papier issu de l’eau, en y retournant se décompose et se dissout. À nouveau je peux reconstituer une feuille de ces restes. Éternel recommencement, il évoque la nature même de notre être sans cesse recyclé, reformé ”.
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