Sophie Julien fête les cinq ans de sa galerie au coeur de Béziers
Créée en 2014 à Béziers par Sophie Julien, la galerie installée dans un espace sur trois étages en centre ville, a pris son essor grâce à la confiance d’artistes de renom, certains présents depuis le début de l’aventure, d’autres ayant rejoint l’histoire depuis.
Cet anniversaire est l’occasion de faire un bref retour sur l’histoire mouvementée des galeries biterroises: en décembre 2014, Sophie Julien crée sa galerie sur trois espaces en plein centre ville, rejoint dans le même mois par Fabrice Delprat qui ouvre à quelques centaines de mètres de là la galerie Dupré Dupré.
Les deux sont suivis six mois plus tard par Francine Buesa qui inaugure la galerie-centre d’art la Mouche dans un ancien caveau à la périphérie de la ville.
Les trois revendiquent alors une totale indépendance par rapport au maire d’extrême droite en place Robert Ménard. Interrogé à l’époque par nos soins, Pascal Resplandy, alors élu d’opposition à la mairie, expliquait ce contexte par l’importance historique de la commande publique à Béziers: “Les arènes ont été construites par un mécène privé pour que Camille Saint-Saens puisse y produire ses opéras, le peintre et mécène Gustave Fayet a accueilli dans la ville Redon, Gauguin, Renoir ou Cézanne”.
Mais la question du positionnement politique des uns et des autres reste inévitable dans cette ville, dirigée par un maire atypique: comment offrir une vitrine d’art contemporain qui ne soit pas aussi une vitrine pour Robert Ménard? Question qui se pose aussi bien aux artistes qu’aux galeries ou amateurs d’art.
Les trois galeristes s’étaient tenus pendant un temps à l’écart de toute politique partisane, avant que Sophie Julien ne choisisse de rompre définitivement avec le maire, quand il émet le désir de créer une milice locale, “la garde biterroise”, qui ne verra finalement pas le jour, retoquée par le tribunal administratif de Montpellier en 2016.
“Nous, galeristes, nous avons un rôle à jouer, estime Sophie Julien. La solution n’est certainement pas de boycotter Béziers, c’est au contraire que les personnes de l’extérieur, et notamment les artistes nous aident à montrer que Béziers, ce n’est pas Robert Ménard. Et puis, c’est de toute façon difficile d’exercer ce métier sans se prononcer, pour une raison toute simple: les artistes sont très souvent des personnes engagées et nous le demandent souvent. Des artistes comme Claude Abad, Sylvain Fraysse ou le sculpteur Riba ne seraient jamais venus dans ma galerie si j’avais une attitude ambigüe vis-à-vis du maire”.
Depuis, le paysage artistique a changé à Béziers: Fabrice Delprat continue l’aventure mais dans une version itinérante et Francine Buesa continue à un rythme moins soutenu.
Reste Sophie Julien, qui tient toujours la galerie, mais a décidé cette année de montrer clairement que l’engagement politique et l’investissement professionnel dans une galerie d’art ne sont pas incompatibles: elle est adhérente du parti radical, libéral et social qui soutient pour les municipales la liste menée par Pascal Resplandy, positionnée au centre de l’échiquier politique.