Le peintre Pierre Bergé (Pedro) retourne en résidence en Ukraine cet été

L’artiste Pierre Bergé (qui signe Pedro) retourne en résidence en Ukraine cet été.
L’artiste, qui vit entre Grenoble et les Hautes-Pyrénées, s’est investi avec son art en Ukraine depuis le début du conflit en février 2022.
Il revient sur cet engagement qui a fait boule de neige dans un dossier dont nous extrayons quelques éléments clés:
Février 2022: La Russie envahit l’Ukraine
Juin 2023: « L’invasion est un choc pour l’homme, le père, le professeur et surtout pour l’artiste. Dès le premier jour s’enchaînent les dessins pour trois séries exposées en juin 2023 à l’Artelier de Tarbes et à la biennale des Arts singuliers de la Drôme. Déjà l’argent est reversé aux associations d’accueil des réfugiés des Hautes Pyrénées (Portes ouvertes 65) … les contacts se font, un accueil, un logement , une interprète … Le choix est fait de l’artivisme de terrain« .
Juillet 2023: Première intervention de l’artiste à Tchernihiv. Le travail classique d’exposition (Musée historique de Tchernihiv) se double de débats, d’ateliers avec des femmes endeuillées, et surtout de déposes de grands formats en zones abîmées, Novozelivka, Loukashivka, Zarichnyi … Les dessins permettent la rencontre, ouvrent les cœurs, provoquent les témoignages…
Peu à peu, à travers les voyages successifs, le processus artistique et humaniste se précise, avec des retombées humanitaires et économiques : 280 dessins (encres et aquarelles 30×40) sont laissés qui seront ‘vendus’ par les volontaires. Le prix est libre pour aider les familles endeuillées sur place. Les grands formats se multiplient, les déposes aussi, sur des lieux ravagés, scènes d’exactions, cimetières et zone grise au Nord (Semenivka). Les témoignages tombent, alimentent le trait.
Février 2024: Tchernihiv propose l’ouverture de la mondio-vision sur les crimes de guerre … sous menace aérienne. Des dessins sont pris pour illustrer le rapport, d’autres sont mis en sécurité comme pièces de futurs procès. Des appels de femmes voulant parler, d’autres lieux, le projet fonctionne. Les master class aussi dans l’abri antiaérien de l’école d’art. La nuit l’écriture poétique habille les black-out au chant des sirènes et des drones Shahed.
Le projet des valises d’Ukraine double l’exposition They know what to do des héros tombés et recousus comme autant de mémoires de vies. Une résidence est organisée dans l’aile du musée des Beaux arts criblé … l’art comme une arme ?!
France-Ukraine-France, un pont durable: Les aller-retours permettent le témoignage de terrain grâce aux dessins, en galerie, en conférences, en expositions municipales. Lors des vernissages, l’émotion et partagée en direct avec les amis d’Ukraine en visio, avec un public convaincu, des organisateurs généreux. Hautes-Pyrénées, Drôme, Isère, Aude, la vente des dessins permet via l’association Art Can de financer les voyages, l’interprète, les actions des volontaires en Ukraine.
En France le partenariat associatif se développe avec les Ukrainiens (UGI, Mryad) avec des danseurs (kollectf kollision) en performance dont l’œuvre produite est utilisée en zone de guerre. Peu à peu un réseau d’artistes photographe de terrain (Jérôme Barbosa) documentariste (Guillaume Sauzede) musicien (Lorenzo Nacarrato) se structure.
Eté 2025: Pedro espère ouvrir ‘un front culturel’ pour l’été 2025 à Tchernihiv.

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- Pierre Bergé.
Né en 1965, grandi au sein d’une famille aimante, formé quatre ans aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier Velickovic (dessin sculpture), il choisit l’enseignement et devient professeur d’histoire dans le secondaire ; il double sa vie d’enseignant d’un parcours d’artiste. Depuis vingt ans, les expositions s’enchaînent au travers de son association ART Can autour des petites humanités de bars, du jazz ou du tango (Grenoble, Tarbes, Genève, Narbonne, Bayonne, Toulouse…).
« Je dessine chaque matin, tous les jours , boulimique peut-être, plutôt une respiration… comme un pardon renouvelé… »
De la génération ‘d’avant les portables’, la nourriture de l’enfance était la lecture ; l’art, le modèle des intellectuels engagés. Guernica au dessus du lit, Malraux et Orwell sur la table de nuit, comment ne pas réagir en février 2022 ?