La vie des musées
Au Musée Régional d’Art Contemporain de Sérignan, des patients de l’hôpital de jour de Béziers commissaires d’exposition
Le Musée Régional d’Art Contemporain (MRAC) de Sérignan, près de Béziers, présente une exposition inhabituelle: un groupe d’une demi-douzaine de patients de l’hôpital de jour de Béziers a eu carte blanche pour concevoir une exposition en choisissant dans les collections du musée.
Ils étaient pour cela accompagnés par une directrice artistique qui elle non plus n’est pas une commissaire d’exposition classique, la chorégraphe Mathilde Monnier.
L’exposition présente donc des espaces différenciés, chacun d’entre eux présentant les choix d’un des patients, l’ensemble mis en valeur par le scénographe sollicité par Mathilde Monnier, le plasticien Dominique Figarella.

Les patients connaissaient déjà bien le Musée, puisqu’ils y viennent depuis des années pour y faire des ateliers.
Ce projet devait durer une année, mais suite à la crise sanitaire, il va s’étendre sur deux années de rencontres, de réflexion et d’ateliers.
La première interrogation, explique Mathilde Monnier, a porté sur le choix des mots: “Pour ces patients, curateur renvoie à curatelle. Le curateur pour eux, c’est celui qui a leur carte bleue. Et là, on leur demandait précisément de devenir curateur. Toute cette aventure posait le problème de la légitimité: C’est quoi, être légitime? Légitime pour avoir sa carte bleue ou légitime pour choisir les œuvres d’une exposition? Clairement, on s’est vite rendu compte qu’ils se racontaient à travers les œuvres. Dans ce cas, l’œuvre raconte quelque chose d’autre que leur histoire, quelque chose que leur propre histoire ne leur a pas permis de vivre ou de développer autant”.
Dans chaque espace, cinq ou six œuvres accompagnées de cartels, qui eux aussi sont spécifiques à cette exposition: chaque cartel présente l’œuvre mais permet aussi à chaque commissaire d’expliquer son choix.
A considérer l’ensemble de l’exposition, la sélection des patients-commissaires s’est porté sur des œuvres accessibles, mais infiniment variées. Certaines répondent à des choix simples et francs (une moto d’Olivier Mosset pour l’amateur de moto), d’autres à des choix plus complexes, parfois exprimés, parfois que l’on ne peut que supposer (la sensibilité au flou, à la confusion des temporalités, etc).
L’intérêt de l’exposition est évidemment double: découvrir de nouvelles œuvres du Frac et voir ce que chacun peut trouver dans une œuvre.
A voir jusqu’au 19 mars.