Air de Midi mène l’enquête sur l’activité des artistes plasticien·ne·s en Occitanie
Air de Midi, réseau art contemporain en Occitanie a présenté au Mo.Co Panacée à Montpellier les résultats de l’enquête sur l’activité des artistes en Occitanie lancée en 2022.
Le rapport, ses annexes et la synthèse sont téléchargeables sur le site d’air de Midi.
Premier constat de l’enquête: “L’Occitanie est une terre d’accueil pour les artistes, nombreux· à s’installer ou à rester dans la région, tant le maillage professionnel est dense et riche entre structures, écoles d’art, ateliers d’artistes”.
Artistes Occitanie propose ici de revenir sur quelques éléments clés de ce rapport, disponible en intégralité pour tous sur le site de l’association.
➤➤➤ La méthode, la définition des artistes
Troisième plus vaste région de France, l’Occitanie compte une centaine de structures accompagnées par la Région en 2021 et quatre écoles supérieures d’art.
14 500 artistes auteur·ices résident en Occitanie, soit la troisième région française par sa population artistique, correspondant ainsi à sa place dans l’ordre démographique.
Chez ces artistes, quelques facteurs généraux: pluriactivité, pluridisciplinarité artistique, inégalité entre hommes et femmes dans la diffusion et la rémunération.
L’enquête concerne les artistes « plasticien·nes », résidant et /ou travaillant en Occitanie déclaré·es ou non , rejoignant ainsi la définition de l’Unesco qui entend par artiste « toute personne qui, crée ou participe par son interprétation à la création ou à la recréation d’œuvres d’art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui ainsi contribue au développement de l’art et de la culture, et qui est reconnue ou cherche à être reconnue, en tant qu’artiste, qu’elle soit liée ou non par une relation de travail ou d’association quelconque. »
➤➤➤ 6200 artistes relevant des arts visuels en Occitanie en 2022.
Le rapport d’activité de la Maison des artistes (MDA) comptait 192 546 artistes auteur·ices en France au 31 décembre 2019 dont 14 428 en Occitanie.
Ce nombre cumule les artistes auteur·ices de la Maison des artistes et de l’Agessa (pour les branches des écrivains et illustrateurs du livre, des auteurs-compositeurs de musique, des auteurs d’œuvres cinéma -audiovisuelles et des photographes).
Sur ces 14 428, 4 317 artistes plasticien·nes en 2019, et si on part du fait que la population artistique nationale a augmenté de 43 % entre 2018 et 2022, il y a 6200 artistes relevant des arts visuels en Occitanie en 2022.
➤➤➤ La population artistique en Occitanie est plus rurale que la population nationale.
La Haute-Garonne, l’Hérault et le Gard concentrent 60 % de la population artistique régionale selon les données Maison des artistes-Agessa 2018, taux proches là aussi de ceux de la démographie en Occitanie.
Si la population étudiée est principalement urbaine avec 35 % des répondant·es qui vivent dans des villes de plus de 100 000 habitant·es, elle est également rurale puisqu’ils·elles sont 31 % à résider dans une ville de moins de 2 000 habitant·es, soit 10 points de plus que la population française. La population artistique en Occitanie paraît donc plus rurale que la population nationale.
➤➤➤ 67% des artistes vivant en Occitanie originaires d’une autre région
La population artistique est marquée par un flux migratoire extérieur important: seul un artiste interrogé sur trois est né en Occitanie.
Les artistes né·es en Occitanie ont un ancrage important à leur territoire: 60 % vivent dans le département de leur naissance et 80 % ont suivi leur formation en Occitanie (essentiellement en art), avant de s’y installer.
La majorité des artistes vivant en Occitanie sont originaires d’une autre région (67 %) et parmi eux·elles 18 % sont né·es à l’étranger.
Les pays les plus cités pour les personnes nées à l’étranger sont très majoritairement européens : Allemagne, Royaume-Uni, Suisse, Italie, Belgique, Espagne et dans une moindre mesure du Maghreb (Algérie) et de l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire et Burkina Faso).
➤➤➤ Les artistes de moins de 40 ans plus nombreux dans les villes où existent une structuration des arts visuels
Les plus fortes densités de la population artistique s’observent à Toulouse, Montpellier, Sète et Nîmes, soit les villes qui concentrent à la fois l’accès à des écoles supérieures d’art et à des lieux de diffusion et de vente.
Montpellier et Toulouse pour la multiplicité de lieux et événements: Frac, musées d’art contemporain, galeries d’art, festivals… et la ville de Sète pour sa politique favorisant l’accès à des espaces de travail pour les artistes.
64 % des artistes de moins de 40 ans vivent dans les villes disposant d’une activité artistique et culturelle dense dans les arts visuels : Toulouse, Montpellier, Sète, Nîmes et Tarbes, alors qu’ils·elles ne sont que 33 % à y vivre parmi les plus de 40 ans.
➤➤➤ Une population très diplômée et des autodidactes
Deux pôles se dessinent : une population très diplômée dont la moitié a entre 30 et 50 ans, et une population autodidacte majoritaire parmi les générations plus âgées.
62 % des artistes en Occitanie ont un diplôme supérieur (bac +3), et 60 % d’entre elles·eux ont suivi une formation supérieure en art, ce qui constitue très souvent un facteur déterminant d’entrée dans la profession. Tendance conforme aux données nationales.
➤➤➤ La diffusion du travail artistique s’incarne essentiellement à travers l’exposition
Cette diffusion varie selon les médiums, les générations et le genre, entrainant des inégalités de visibilité, de représentation et de revenus. La vidéo et les œuvres numériques comptent parmi les pratiques les plus diffusées, les artistes âgé·es entre 30 et 50 ans ont participé à 4 expositions en moyenne en 2019 et les hommes indiquent davantage d’expositions sur une année.
La diffusion est essentiellement régionale et l’atelier constitue le premier lieu de la monstration. Les artistes d’Occitanie exposent moins en Île-de France que la moyenne nationale, mais diffusent leur travail sur le reste du territoire national et à l’international, avec une prédominance pour les salons et foires (en France) et les galeries d’art marchandes et festivals à l’étranger.
27 % des artistes sont représenté·es par une ou plusieurs galeries d’art marchandes, la proportion doublant pour les artistes à partir de 40 ans.
37 % des artistes travaillent avec des galeries d’art non marchandes qui, inscrites dans un réseau institutionnel et soutenues par les collectivités, soutiennent la scène émergente. Ces espaces d’exposition jouent un rôle non négligeable dans la construction du parcours des jeunes artistes en participant aussi au processus de légitimation.
55 % des artistes représentés par une galerie déclarent un chiffre d’affaires supérieur à 10 000 € en 2019 contre 16 % pour les artistes non représenté·es.
➤➤➤ Vivre de son art
38 % des artistes vivent principalement de leur activité artistique, 19 % tirent des revenus d’un domaine lié à cette activité tels que l’enseignement, la médiation, la régie d’exposition, l’animation d’ateliers artistiques, etc.
Ils·elles disposent de compétences transposables dans d’autres métiers, pouvant être exercés en tant que salarié·es ou avec un autre statut d’indépendant.
Les femmes sont plus impactées que les hommes : elles sont deux fois plus nombreuses à recourir à des activités complémentaires pour leurs revenus principaux.
La situation des artistes plasticien·nes est marquée par une forte précarité. Observée à l’échelle nationale, ces données sont un peu plus contrastées en Occitanie où 68 % des artistes perçoivent moins de 10 000 € et vivent en-dessous du seuil de pauvreté, et 5 % plus de 30 000 €.
La principale source de revenus artistiques citée par les artistes est la vente aux particuliers (71 % en intégrant la vente d’œuvres et les commandes privées), suivie par la facturation d’honoraires, la vente via les galeries et les droits d’auteur.
9 % des artistes ont bénéficié d’aides publiques en 2019, la plus mentionnée étant l’allocation exceptionnelle du Cnap (6 %), devant les aides à la création de la Drac (3 %) et de la Région Occitanie (3 %).
➤➤➤ Le Covid: les artistes peu aidés… car peu informés
Lors de la crise sanitaire, 57 % des artistes indiquent ne pas avoir bénéficié de dispositif d’aide, la raison principale étant l’absence de sollicitation.
Les artistes membres de syndicats ou d’organismes professionnels ont majoritairement bénéficié d’une aide (72 %) en comparaison à ceux et celles n’adhérant à aucun réseau (32 %).
Parmi les artistes aidés, 83 % ont obtenu une aide au titre du fonds de solidarité nationale et 25 % une aide du Cnap (fonds d’urgence ou secours exceptionnel).
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