A Rodez, le musée Soulages réouvre et présente une nouvelle oeuvre majeure du peintre
Mardi 22 septembre, le musée Soulages rouvre ses portes au public, après une fermeture de deux semaines liée à plusieurs cas de COVID-19, contracté en dehors du musée par des agents d’accueil et de surveillance.
La réouverture du musée coïncide avec la présentation d’une nouvelle oeuvre du peintre, Peinture 324 x 181 cm, 19 janvier 1997, donnée au musée Soulages par M. Karsten Greve.
Karsten Greve, galeriste et ami du peintre, a donné à titre personnel une œuvre majeure au musée. Il s’agit du premier don d’une œuvre de Soulages par un particulier depuis l’ouverture en mai 2014.
Cette oeuvre, d’une grande valeur, a rejoint la salle des Outrenoir, qui connaît son nouvel accrochage.
Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Soulages, Rodez:
Peinture 324 x 181 cm, 19 janvier 1997 est un polyptyque de vastes dimensions, composé de quatre panneaux distincts de 81 x 181 cm. Il appartient à une série très prisée d’Outrenoir avec une grande subtilité dans les jeux de stries, plus ou moins fines, et dans la profondeur de la matière noire.
Cette oeuvre complète la collection du musée avec les deux pièces Peinture 324 x 362 cm, 1986 – polyptyque I (première donation du couple Soulages en 2005) et Peinture 390 x 130, 17 mars 2019 (troisième donation du couple Soulages juillet 2020 – accrochage à venir) : cette dernière, monumentale, célèbre l’énergie du peintre puisque réalisée l’année de ses cent ans.
Karsten Greve est un galeriste important de Pierre Soulages, ce don témoignant de sa fidélité à son œuvre et au musée qui le représente. Karsten Greve a organisé notamment dans ses galeries de Paris et Cologne trois expositions personnelles de Pierre Soulages, 2002, 2015, 2018. Depuis deux décennies, il a largement contribué à la notoriété internationale du peintre.
Depuis 1979, plus de 1700 tableaux Outrenoir ont été peints par Soulages et Peinture 324 x 181 cm, 19 janvier 1997 en est un exemple. Pierre Encrevé, le biographe du peintre, la compte parmi un ensemble de quatre polyptyques de cette année-là, les considérant comme des chefs d’œuvre pour leur verticalité, pour les effets propres à la lumière, pour la pureté de l’idée.
Les quatre châssis du polyptique sont assemblés sans baguettes intermédiaires pour accentuer l’effet du rythme. « Soulages utilise dans chacun de ces tableaux la variation entre deux sortes de stries les unes d’écartement moyen, les autres d’une extrême finesse (ayant exigé un très grand nombre de passages de la brosse) … ». Ces stries très fines installent comme une profondeur dans la composition, particulièrement en haut et en bas, tandis que l’effet du noir se fait plus ‘suave’ dans la partie centrale, offre un champ plus apaisé.
Cette œuvre de Soulages est l’exemple des délicates variation des noirs, dans les plis et dans les aplats, des jeux consubstantiels de la lumière… Cette peinture mono-pigmentaire n’a rien à voir avec la littéralité du monochrome qui ne s’attache qu’à un seul pigment.