A Montpellier, succession de Nicolas Bourriaud au MoCo: les étudiants prennent clairement partie pour Ashok Adicéam
Le jury a donc examiné les différentes candidatures pour diriger le Mo.Co à Montpellier. Le Mo.CO est une instance tripartite, qui regroupe deux centres d’art (La Panacée et l’Hôtel des Collections/MoCO) ainsi que l’Ecole des Beaux-Arts.
Cette réorganisation avait été souhaitée par l’ancien maire, Philippe Saurel, et conçue, mise en place et dirigée par Nicolas Bourriaud.
Le nouveau maire, Michaël Delafosse, tout en reconnaissant la pertinence de cette structure tripartite, avait, depuis son élection, largement critiqué la gestion et les expositions de Nicolas Bourriaud.
Candidat malgré tout à sa réélection, il n’a pas été retenu par le jury, qui doit maintenant faire son choix entre les deux candidats présélectionnés, le Montpelliérain Numa Hamboursin ou le commissaire au profil plus international Ashok Adicéam.
Les étudiants, qui soutenaient à l’unanimité le renouvellement de Nicolas Bourriaud, soutiennent désormais la candidature d’Ashok Adicéam, à la fois pour des raisons positives et pour leur opposition totale à la personne de Numa Hambursin.
La prise de position des étudiants du MoCo Esba.
(les passages soulignés le sont par la rédaction)
« Le projet de M. Hambursin est méprisant à l’égard des étudiant.e.s et des salarié.e.s du MoCo. On y voit une claire méconnaissance des projets de l’EPCC et de ce qu’est une école d’art de manière plus générale. Ce qui nous donne le droit de s’alarmer !!
Par exemple, il remet en cause la production d’oeuvres pour les expositions temporaires du centre d’art (alors que c’est une de ses missions).
Il dit également que l’équipe enseignante du MO.CO.ESBA n’est pas qualifiée (le dernier recruté en date, Melik Ohanian, est lauréat du prix Marcel Duchamp en 2015).
Il affirme que l’auditorium de la Panacée est inexploité : « Avec son auditorium, la Panacée dispose d’un outil insuffisamment exploité aujourd’hui. […] Je pense qu’il faut laisser la parole aux artistes ou à des personnalités essentielles dans la compréhension de l’art contemporain. Il est important de donner à comprendre des destins, mais aussi de faire de la Panacée, par le biais des conférences d’intervenants extérieurs, un forum d’échange d’idées. » La Panacée est déjà un forum d’échange d’idées. Nous y rencontrons tout au long de l’année (sauf en temps de Covid bien sûr) des artistes, des commissaires et des médiateurs au travers de conférences ou de discussions. Cette méconnaissance des différents lieux du MO.CO. et de son fonctionnement, montre une fois encore la méconnaissance d’une structure que M. Hambursin se targue de vouloir diriger…
Il parle d’insertion professionnelle mais la seule chose qu’il propose est de potentiellement ouvrir de nouvelles destinations ERASMUS. Il ne sait sans doute pas que des étudiant.e.s voyagent déjà tous les ans dans le monde entier grâce au projet MO.CO. !
De plus, nous doutons, à la lecture de son CV, de la capacité de Numa Hambursin à diriger un EPCC tel que le MO.CO, avec l’envergure internationale qui lui est propre. Les expositions dont il est commissaire sont situées à Cannes, Montpellier ou… Sommières. Etre commissaire ne l’empêche pas de critiquer le fonctionnement de notre école qui semble, à ses yeux, former plus de currateurs.trices que d’artiste : » l’Esba doit sortir du paradigme uniquement « curatorial », réaffirmer sa mission de formation d’artiste et en conséquence embrasser pleinement et frontalement les questions de création, dans toute sa diversité, et la problématique du marché, dans toute sa complexité. » Oui M. Hamboursin, tout cela est déjà le cas! Il vous aurait suffit de venir faire un tour dans notre école pour le constater…
En regardant le CV d’Ashok Adicéam et son projet, on ne peut que dire que son profil est international et correspond à celui que l’on attend d’un directeur d’institution.
Son projet est documenté et il y figure une programmation détaillée.
M. Adicéam cite les artistes et théoriciens de la scène contemporaine avec qui il souhaiterait travailler.
Ashok, nous fait part de sa volonté de mettre en avant les problèmes sociétaux qui agitent l’art contemporain au niveau international, par le biais d’un « programme [qui] se veut résolument inclusif, international et innovant, pour et avec la jeunesse étudiante et chercheuse, et tous les partenaires institutionnels, associatifs et entrepreneuriaux ».
De manière générale le projet présenté par M. Adicéam, au lieu de chercher à déconstruire un projet déjà existant comme le fait M. Hambursin, cherche à l’enrichir en profitant des atouts territoriales de Montpellier : « L’EPCC MO.CO&CO est en effet le résultat de la définition d’une ambition de politique culturelle commune, qui se traduit par la mise en place d’une véritable coopérative politique en faveur du développement culturel et artistique d’un territoire défini, du local au global : la Ville et la Métropole de Montpellier, l’Arc Méditerranéen, la Région Occitanie, l’État français, le Monde multipolaire… ». Là nous retrouvons les ambitions internationales du MO.CO. qui nous est cher.