WARREN Christopher

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Dessinateur/trice, Peintre
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M. Christopher WARREN

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Les vibrations du noir

Christopher Warren creuse depuis des années les possibilités du noir. Non pas tant dans l’épaisseur de la peinture, mais dans la dilution de l’acrylique et la superposition des coups de pinceaux. Le noir permet alors d’exprimer beaucoup de choses, mais dans des vibrations empreintes de fragilité.

Les coups de pinceau sont visibles. Le pigment noir a été dilué pour qu’apparaissent des traînées plus ou moins sombres, plus ou moins denses. Parfois, la ligne reste droite, horizontale, et semble poser des sillons sur le papier. D’autres fois, le pinceau tourne, des courbes douces commencent à apparaître, mais le geste est arrêté abruptement par des lignes droites à nouveau, les unes et les autres alternant de manière chaotique pour remplir la feuille. Le regard semble directement plonger dans les hésitations du peintre sur le chemin à prendre.
Cette peinture abstraite vient parfois s’inscrire dans une forme qui lui apporte une nouvelle douceur: des formes simples (des cercles, des formes qui évoquent des taches) mais qui délimitent cette peinture intuitive et la font se maintenir dans un cadre rigoureux. Sortie de ce cadre, la blancheur immaculée du papier demeure.
Et parfois aussi, des formes figuratives clairement reconnaissables: des silhouettes, des bustes qui prennent une certaine épaisseur grâce à ses coups de pinceau qui remplissent la forme corporelle. Le corps vibre, même si les coups de pinceaux ne cherchent pas à refléter le réalisme d’une musculature.
Tout ce travail, cet acharnement à trouver sans cesse de nouvelles pistes avec un simple pinceau trempé dans de l’acrylique noire ou avec un simple burin sur une feuille de cuivre, est celui de Christopher Warren.
Malgré un nom à consonance anglo-saxonne, l’artiste est français, né dans le sud de la France (Antibes, en 1984). Il vit toujours dans le Sud, aujourd’hui installé dans le Tarn. De père anglais et de mère française, cet artiste est discret, montre peu son travail, et ne produit sans doute pas autant que la plupart de ses confrères.
Dès le départ, il se passionne en autodidacte à la fois pour la photographie, la peinture, ou, plus récemment pour la gravure, trois techniques qu’il aborde dans les trois cas par des travaux en série.

Ses premières séries remontent à 2009, quand il avait 24 ans. Il cherche alors sa voie, même si une chose apparaît très vite: que ce soit en photographie ou en peinture, ce sera du noir et blanc. “Cela fait 15 ans que je peins et que j’ai toujours privilégié ce rapport au noir et blanc. Et j’avoue que je n’ai pas changé sur ce point: la couleur ne m’intéresse pas”.
En revanche, il va creuser les possibilités de cette non-couleur, que ce soit en peinture acrylique sur papier, sur toile ou maintenant à la gravure sur zinc et eaux-forte. Des supports, techniques et approches variées: récemment avec la gravure, il trouve une nouvelle façon d’aborder les choses en s’inspirant des gravures du Moyen-Age.
Un travail rigoureux, austère, qui n’est pas le plus facile pour trouver un public.
Dans ce contexte, un élément va s’avérer fondamental pour qu’il persévère: dès le départ, il a la chance de rencontrer un galeriste qui croit en son travail, Daniel Vignal, qui était à l’époque à Toulouse et qui tient depuis une galerie à Vabre dans le Tarn.
Un détail important quand on sait que pendant plusieurs années, l’artiste n’était pas content de ce qu’il faisait. Autodidacte en art, il vit d’une autre activité, qu’il a développée dans le commerce en ligne. Il fallait donc bien une solide épaule sur laquelle s’appuyer pour poursuivre malgré un démarrage timide auprès du public.
Petit à petit, son travail trouve ses amateurs, et pendant dix ans, l’artiste pourra s’y consacrer pleinement. Jusqu’à une panne d’inspiration qui va le laisser près de trois ans éloigné des pinceaux. Aujourd’hui, de nouveau, l’artiste travaille sur des séries à venir.
Parfois Christopher Warren s’attaque à des toiles qui font plus de deux mètres, mais cela reste l’exception: il priviliégie le papier.
Le sujet principal arrive souvent de manière détournée, comme cette série sur les roches. “J’avais commencé avec des figures, et puis celles-ci se sont progressivement désagrégées, et finalement, on était davantage face à des formes évoquant des rochers et des signes abstraits”.
Petit à petit, son travail a trouvé sa cohérence autour d’un thème, l’empreinte, la trace.
“Quand j’étais enfant, je voulais être archéologue, précise Christopher Warren, et finalement je poursuis cet objectif avec mon pinceau. En travaillant uniquement en noir et blanc à l’acrylique sur papier, ce qui compte avant tout, c’est l’empreinte du pinceau sur la feuille”.
L’empreinte, la trace, des thèmes qui peuvent être suggérés de manière abstraite comme de manière figurative. Peu importe pour l’artiste: “La seule différence, c’est que quand j’aborde la feuille avec l’idée de faire des figures ou des rochers, je commence par le dessin. Quand la démarche est directement abstraite, c’est le pinceau qui fait le dessin directement”.

L’artiste ne renonce pas à des effets de matières, mais ils doivent rester extrêmement fins. A la différence du grand maître du Noir qui réside non loin de là, le noir de Christopher Warren n’est pas là pour absorber d’autres couleurs, mais davantage pour montrer la fragilité même de ce qu’il est: un peu trop d’eau, un coup de pinceau trop fin, un papier qui absorbe plus que prévu, et le noir n’est plus que l’ombre de lui-même.

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
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