MONGEOIS

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Peintre
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M. Dominique MONGEOIS
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Mon Histoire

Dans les années 2000, Mongeois reprend un thème qu’il avait traité dans les années 70, inspiré par un voyage aux Etats-Unis. Il lui apporte des changements correspondant à sa propre évolution et celle de la planète. 2020: cette peinture déjà inscrite dans le temps prend dans le contexte pandémie -confinement encore une autre dimension.

Il fait chaud. De quoi ne pas supporter un vêtement. A l’extérieur, un ciel d’un bleu sans nuage. Dedans, des murs ocres qui rappellent les terres les plus arides de la planète. Dans cette chambre assez impersonnelle et que l’on prend vite pour une chambre d’hôtel, une femme, nue, qui tourne un peu en rond. Elle a apporté avec elle dans sa chambre ses souvenirs qui gisent au sol, notamment ce voyage au Grand Canyon, mais parfois quand même, les souvenirs ne suffisent plus et elle regarde par la fenêtre. Enfermée? Sans avenir?
Et pour compléter ce tableau déjà chargé d’angoisse, le peintre rajoute d’une écriture volontairement neutre deux mots: THE END.
Fin du film. Pas d’échappatoire pour ces personnages, qui ont chaud, qui sont confinés, qui tournent en rond entre leurs souvenirs au sol et leur avenir impossible dans ces mégapoles où l’on peine à respirer.
La série réalisée par Mongeois trouve évidemment bien des échos avec ce que l’on a vécu partout sur la planète en 2020. Et pourtant, elle trouve ses origines trente ans en arrière.
“Lors d’un voyage aux Etats-Unis en 1970, j’avais pris beaucoup de photos, explique Mongeois. Je voulais m’en inspirer pour ma peinture, et ai choisi de traiter le grand Canyon et la pollution en un seul et même thème: sur ces toiles, un élément minéral, végétal ou humain devenait tout blanc, ayant perdu toute force vive”.
Déjà, il essaie de rendre compte des conclusions du club de Rome en 1972. “On ne s’en souvient plus guère aujourd’hui, mais à cette époque, les scientifiques avaient déjà fait un constat écologique plus que pessimiste sur le futur de la planète”.
Le peintre ne le sait pas encore. Mais cette série de paysages ne trouvera son aboutissement que vingt ans plus tard dans la série THE END.
En 1991, l’artiste retourne à New-York et prend des photos depuis sa fenêtre, et, rapidement, des photos qui prennent pour sujet central la fenêtre: “En la regardant, j’ai tout de suite pensé à un tableau de Vermeer, la liseuse à la fenêtre. Et m’est venue alors cette série de peintures de femmes derrière des fenêtres, à New York. Ces femmes qui incarnent la vie, face à un Chrysler Building qui cherche à imposer sa toute puissance. Pour faire une continuité avec le Grand Canyon, j’ai choisi des pièces ocre rouge et des percées bleu cyan à travers la fenêtre: cela offre un contraste de chaud et de froid. Et puis, cet ocre rouge a quelque chose d’aussi oppressant que le vert du rideau de Vermeer”.
Le peintre ne se veut quand même pas totalement pessimiste, comme le prouvent, dans cette série, les toiles retournées, face au mur, qui ne demandent qu’à être regardées.
“La vraie fenêtre, c’est celle-ci: l’art est une fenêtre sur le monde, et c’est un véhicule de réflexion qui rejette très peu de carbone dans l’atmosphère!”, précise l’artiste.
Plus de trente ans après, l’artiste a donc repris le sujet, en essayant d’intégrer les préoccupations nouvelles en matière d’environnement et le peintre le suggère par d’infinis détails. Le Chrysler Building de New York, par exemple, visible à travers la fenêtre, mais sans que l’on sache à quelle hauteur exacte le situer, comme si un séisme, ou le réchauffement climatique, étaient venus rendre incompréhensible la scène.
Les repères géographiques eux-mêmes deviennent confus: la fonte des glaces, Monument Valley, le désert d’Arizona, s’invitent dans la chambre. Une chambre étouffante, ou des femmes attendent… L’Amérique d’Edward Hopper et de ses personnages emmurés dans le silence n’est pas loin.
Les Etats-Unis existent encore, mais l’ambiance est plus que jamais désenchantée.
Au mur parfois, des choses plus ancrées en Languedoc qu’en Amérique, comme cette peinture que l’artiste avait réalisée en hommage au peintre sétois Pierre François, décédé depuis. En dehors de ce clin d’oeil à un ami, l’artiste a mis aux murs de ces chambres d’hôtel des références aux tableaux peints entre la première série “Le Grand Canyon” et aujourd’hui: la planète ne se porte pas mieux, mais cela n’a pas empêché l’artiste de créer: des paysages américains, un taureau, d’autres choses plus suggérées que dessinées. Mongeois peint, encore et toujours.
Malgré tout, on se rapproche de la fin. THE END. Fermez le ban, plus rien à voir. Le spectateur est invité par lui-même à donner du sens à cette mention: c’est peut-être l’artiste qui signale qu’il a enfin achevé un travail qui l’a occupé des années, voire des décennies. C’est peut-être la fin d’une certaine mythologie américaine, voire d’une civilisation qui serait aussi la nôtre… La planète, elle, tournera toujours. Avec ou sans un souffle humain.
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BIO
Parisien, D.H. Mongeois se forme aux Beaux-Arts à Paris.
Dominique Mongeois a travaillé dans les années 70 avec le pédopsychiatre Tony Lainé dans des ateliers pour des enfants autistes ou psychotiques. Il a également réalisé des peintures murales, la première à Palaiseau et d’autres dont celle de la cour de l’Hôtel du Lac à Béziers.
En 1986, il s’installe avec Marie-Claude, sa femme céramiste, à Maraussan, près de Béziers. Découvrant la culture taurine, il s’immerge dedans et réalise de nombreuses toiles et sculptures sur le thème de la symbolique du taureau.

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