KOUCHIAN Stéphane

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Plasticien/ne
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Mr. Stéphane KOUCHIAN

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Le plastique, c’est fantastique… ou pas

Stéphane Kouchian développe un travail plastique à plusieurs échelles autour du consumérisme et les déviances qui en découlent, usant d’éléments issus de la culture populaire, univers du jouet, de la mode et des loisirs créatifs.

Présentation de l’artiste et de son travail à l’occasion de l’exposition “Petroleum”, février 2021, Saint-Ravy, Montpellier

Au premier regard, les oeuvres sont ludiques, gaies, colorées: une poupée Barbie qui parle, quelques phrases sur l’art, qu’on lance avec un coeur rose fluo au-dessus des boîtes qui présente cette “Barbie et l’art contemporain”. A côté quelques animaux en perles de bois; sur un autre mur, une épée qui ferait rêver n’importe quel enfant chevalier en quête de sa princesse…
Voilà pour le premier regard… qu’il est évidemment intéressant de faire suivre d’autres regards, plus distanciés face à cette esthétique cousue de fil blanc (ou plutôt coloré…).

L’artiste Stéphane Kouchian définit lui-même son esthétique comme étant du «Pop Art Conceptuel». Et dans ce cadre, l’aspect séduisant et attractif des oeuvres proposées ne sert en réalité qu’à duper le spectateur et l’amener à se questionner sur le sens de ce qu’il voit.

Dans une démarche d’expérimentation perpétuelle, Stéphane Kouchian procède également à des jeux de changements d’échelles, agrandissements ou miniaturisations, et réinitialise des éléments issus de la culture populaire – univers du jouet, de la mode, des loisirs créatifs – en les projetant dans le champ de l’art. La maison Barbie (Barbie collectionneuse? Barbie amatrice d’art? Stéphane Kouchian laisse le visiteur décider) est ainsi remplie d’oeuvres que l’artiste a fait aux Beaux-Arts et qu’il a miniaturisées pour les faire rentrer dans cet univers de poupée. La maison de poupée est en fait le musée des oeuvres de l’artiste. L’avant-garde d’un artiste conceptuel se moule dans l’univers de la poupée symbole du consumérisme le plus standardisé.

Une autre série de peintures se donne elle aussi à voir comme quelque chose d’agréable à l’oeil, avec ces formats qui se répètent et ses a-plats de couleurs vives. Cette 18 peintures ‘radicales’ de la série Aphantasia (2019-2020) répondent en fait à un protocole d’exécution relevant d’une série de gestes nonchalants et un brin provocateurs par leur simplicité même: l’ambition de l’artiste est en fait extrême dans ce travail: chaque oeuvre propose les trois gestes qui ont fait la peinture du XXè siècle: le monochrome, le constructivisme et le dripping. Le fond est un monochrome, sur lequel l’artiste a collé des aplats de couleurs ou de motifs, formant alors une oeuvre géométrique plus ou moins élaborée, géométrie aussitôt brisée par un dripping épais d’une autre couleur.
Là encore, la confrontation entre une apparence aimable et un projet très conceptuel, apporte une dérision bienvenue, et l’artiste peut ainsi se permettre de rejouer certains des grands mouvements de peinture du XXème siècle, sans passer pour avoir un ego démesuré.
Troisième travail, et troisième approche ludique du travail: cette fois-ci, avec le projet La Traversée (2021), Stéphane Kouchian propose une série de sculptures tissées en perles de bois, composée d’un paon, d’une cigogne, d’un singe, d’une mouche, de deux chiens, d’un perroquet, d’un cobra et d’un flamant rose.
Ces objets prenant pour modèles des animaux miniatures réalisés en perles de rocaille issus de manuels de loisirs créatifs, sont agrandis 16 fois et télescopés dans l’espace d’exposition à l’instar d’images désincarnées, réduites à une idée, à une allégorie d’elles-mêmes, enfermées dans leur propre fable.
Le perroquet, symbole de l’éloquence et de la beauté, renvoie à une représentation de l’exotisme – victime de la domestication humaine. Loin de sa splendeur habituelle, on le retrouve ici prostré dans un coin.
Le flamant rose, couché sur le flanc, a perdu de sa superbe.
Le chien, quant à lui, descendant du loup-gris, est le premier animal domestiqué et créé par l’homme. Insouciant, il se détache par conséquent du reste des animaux sauvages.

Tous sont dotés de couleurs artificielles, qui découlent de nos conceptions simplistes du monde animal. Ils ont gardé leur taille réelle mais sont devenus des jouets dans les mains des humains.
Devant ces oeuvres, on voit d’abord le jouet surdimensionné qui arrache un sourire, avant de voir l’animal réduit cet amas de perles nacrées improbables.
Stéphane Kouchian joue avec les codes de son époque, sans en être dupe.

BIO
Diplômé Mo.Co Ecole des Beaux-Arts Montpellier en 2008
L’artiste poursuit sa carrière à Paris où ses connaissances du développement web, des outils de création numérique et e la stratégie digitale lui permettent de fonder son entreprise aujourd’hui basée à Montpellier et de collaborer avec de grands noms de la mode, du cosmétique et de la culture tels que Dior, Chanel, Burberry, Lalala production, Arte.
Outre la mode, l’art et le digital, Kouchian montre également un intérêt marqué pour la musique, il a travaillé pendant plusieurs années pour des musiciens indépendants? Lui-même musicien, compose des musiques flirtant avec l’expérimental, et élabore des livres de musique électronique improvisée.
En 2021, fait partie des artistes retenus pour réaliser une oeuvre dans une station de la nouvelle ligne de métro de Toulouse.

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