FOURCADE Michel

Discipline(s)
Peintre, Photographe, Artiste Numérique
Informations de contact
M. Michel FOURCADE
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Localisation

Statut
Artiste-auteur
N° MDA ou Agesssa
FO-369-96
Mon Histoire

Dérégulation de l’image, fondus-enchaînés plus que simples juxtapositions, les villes et les corps que peint Fourcade sont autant de charges d’énergie expressive (pas expressionniste et pas un « chaos ») où se lit son désir de mixer des visions parfois antagonistes : « J’aime associer et combiner certains éléments de villes pour susciter des correspondances plastiques qui, par-delà la signification ou le symbolique, caractérisent le monde d’aujourd’hui avec son mélange de vies, de genres, d’ethnies, de personnages ou de catégories. Chaque ville est en soi un formidable montage que je vois comme un amoncellement de formes d’où ressortent, en premier lieu, des cubes. Le cube étant la figure parfaite autour de laquelle tourne (souvent, chez moi, il contient des sphères) tout mon travail. »
De fait, c’est moins la sédimentation des formes qui se superposent, le palimpseste paysager ou l’accumulation urbaine qui intéressent Fourcade que le choc visuel qui peut naître de la fusion dans le même espace de quelques éléments spatialement hétérogènes, choisis pour leur capacité d’emboîtement esthétique et la fiction plastique qu’ils révèlent ou inventent. « Un peu comme si l’on se promenait dans un décor new-yorkais, dit-il, et qu’un pan de mur s’effondre qui laisse entrevoir une autre réalité. Un trou soudain dans l’épaisseur du réel. »
Chez Fourcade, toute forme qui apparaît semble toujours prête à se transformer en une autre. De cette manipulation du regard naît alors un espace singulier, non dépourvu d’humour. Un ordre esthétique émerge de cette apparence espiègle où chaque « anomalie » qui vient interrompre ces improbables décors (de plus en plus « fondants » dans les dernières toiles) devient à son tour une sorte d’attracteur étrange qui charrie d’autres images hybrides. Autant d’univers déconnectés-reconnectés auxquels la démarche absolument picturale de Fourcade restitue un ordre à la fois lumineux, voire criard, mais explosif par le choix du cadrage et surtout des couleurs. Orange hurleur, jaune canari, vert pixel, autant de couleurs agressives, brutales ou périlleuses qui sont ici asservies pour vibrer dans une dominante froide qui jamais n’écrase les formes. C’est par elles, autant que par l’emboîtement de plans appartenant à des villes séparées que Fourcade produit cette beauté à première vue dérangeante pour nos repères mentaux, comme si à la perte du sens et de l’espace s’ajoutait celui du temps. Car les rythmes, en apparence contradictoires entre, disons, New York, Londres, s’accordent soudain comme si ces espaces et ce temps n’étaient conciliables que du seul point de vue de la peinture. Eternisation éphémère d’une image entrevue dans le morcellement de nos perceptions et de nos affects. Implosion dissolvante du sens sous l’apparence du collage, conformé ici comme montage mental d’une vision sans brisure : c’est la non-continuité des cubes urbains et des sphères féminines qui crée le questionnement que suscite cette œuvre : comment réunir le désuni, faire de la disparité une unité ? Le tableau serait ce lieu où surgit une troisième dimension tissée autant d’enchaînements que de ruptures. Là où la justesse plastique rejoint le non-linéaire de la pensée.

Jean-Paul Chavent (Extraits)

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Article publié dans le livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2023, paru en novembre 2022.
Quatrième volume de la collection Artistes occitanie, Les 30 artistes de l’année.
Toulouse
Michel Fourcade
Ode à des villes qui traversent le temps

Ceux qui connaissent New-York ou Londres seront au premier regard en terre connue: le Pont de Londres, voire son “cornichon” plus récent, les gratte-ciels new-yorkais, un taxi jaune.
Les incontournables sont bien là.
Mais ceux qui connaissent en profondeur la ville auront en revanche un sourire amusé : oui, les éléments évoquent bien New York, mais l’artiste a pris quelques libertés en reconstruisant un paysage avec des éléments pris dans différents quartiers de la ville. Parfois, le paysage reste réaliste, et le montage ne saute pas aux yeux : dans Cadillac Chrysler, le taxi jaune est bien reconnaissable, dans une large avenue, avec des gratte-ciels: on est bien à New-York, même si l’artiste y a mis des éléments qui viennent de trois quartiers différents. Lui le sait, celui qui regarde pas nécessairement.
Parfois en revanche, le montage est évident, comme cette vue de Londres, où deux colonnes rouges sont là avant tout pour servir de piédestal à un bâtiment qui, sans elles, serait passé inaperçu au fond de la toile.
Et parfois encore, l’artiste mélange ces deux villes, certes différentes mais avec tout de même des racines anglo- saxonnes communes. Quand Michel Fourcade met dans une même vue le Bow Bridge, un petit pont de Central Park à New York et en arrière-plan Londres, ma foi, un regard aiguisé peut s’en amuser, mais un regard plus neuf peut imaginer que cette vue existe.
Voilà comment depuis dix ans l’artiste réalise des paysages urbains revisités. Michel Fourcade a vécu de longues années dans ces deux villes qui le passionnent. Aujourd’hui, dans son atelier toulousain, sa ville natale, il poursuit son histoire avec ces cités en peignant, des paysages urbains qui leur sont entièrement consacrés, mais avec la touche du peintre qui modifie subrepticement les choses.
À Londres ou à New York, Michel Fourcade prend des photos. Dans son atelier, il les assemble, il amoncelle les bâtiments, il rajoute des couleurs, voire des éléments incongrus et propose une nouvelle vision de la ville.
Car finalement, malgré les petits voyages plus récents, ces deux villes finissent par faire partie d’une même temporalité: celle du passé, de l’avant, des souvenirs qui reviennent et, comme chacun sait, les souvenirs remontent souvent en ordre dispersé.
Dans ce même ordre d’idées, les souvenirs peuvent mélanger les lieux, mais ils peuvent aussi estomper les détails: “ Quand j’ai commencé la série, j’étais dans une manière très figurative (bien peints, très léchés) et depuis cinq ans les traits sont beaucoup plus ‘lâchés’, plus flous ”, précise l’artiste.
Mais si ces oeuvres reflètent ainsi le travail du temps, elles collent aussi à l’époque actuelle : “ J’aime associer et combiner certains éléments de villes pour susciter des correspondances plastiques qui, par-delà la signification ou le symbolique, caractérisent le monde d’aujourd’hui avec son mélange de vies, de genres, d’ethnies, de personnages ou de catégories. Chaque ville est en soi un formidable montage que je vois comme un amoncellement de structures. Un peu comme si l’on se promenait dans un décor hollywoodien, et qu’un pan de mur s’ouvre qui laisse entrevoir une autre réalité. Un trou soudain dans l’épaisseur du réel ”.
Dans cette optique, la palette très vive est cohérente, et renvoie à ce trop plein d’images qui a envahi l’espace urbain. Le regard devient un regard de peintre, qui se sert de ses couleurs sans souci de coller à la réalité visible”.
Et cette série, commencée il y a dix ans, continue à évoluer, là aussi avec l’évolution de la société. C’est ainsi que depuis un an, l’artiste introduit dans ses paysages urbains de plus en plus de végétal. Mais ici, l’introduction de la nature n’a rien de dystopique : ce n’est pas la nature qui reprend ses droits, c’est davantage de l’ordre de l’onirique.
D’une certaine manière, l’artiste précède le mouvement : la nature revient en ville, mais Michel Fourcade a décidé de la peindre avant que cela soit vraiment une réalité. Après le passé revisité, après l’intervention du présent avec les collages et les palettes vives, voilà le futur qui s’invite dans la toile.
Dans la dernière toile, The Old Lovers, des Tores (tubes courbés) apparaissent dans la végétation avec des colonnes et bâtiments : les bâtiments sont là, la végétation a fait son apparition et des tores plus mystérieux complètent le tableau, cette fois-ci sans lien avec une quelconque réalité urbaine.
Petit à petit, la peinture urbaine, léchée les premières années, a fait place à une peinture qui intègre la confusion des souvenirs, puis un regard sans concession sur le présent, puis des intuitions sur l’avenir, avant de partir vers des choses plus imaginaires, comme ces tores. La ville, support à toutes les rêveries.

BIO BIO BIO
Né à Toulouse en 1954, avant de “ monter ” à Lille à l’âge de 9 ans. Études aux Beaux-Arts de Lille.
Revenu à Toulouse à 27 ans, n’ayant plus d’atelier pour le volume, il commence à peindre, de manière figurative et passe progressivement à la non-figuration (abstraction).
A vécu à New York (1985-1987, 1990-1992, 2000-2001) et à Londres (1989-2014).
Il revient lentement à la figuration à partir de la vision d’un volume “ que j’avais fait aux Beaux-Arts (un cube transparent rempli de balle de ping- pong, dont j’avais peint la moitié en rouge), j’ai introduit ce cube dans les peintures abstraites de manière très libre. Lentement il a pris une forme figurative et le reste autour est devenu plus figuratif ”.
Nombreuses expositions à l’International : Londres, Cambridge, Amsterdam, New York, etc.
Et en Occitanie : Albi, Cahors, Toulouse, Saint Bertrand de Comminges, Montpellier, Castres, Sète, Tarbes, etc.

Anne DEVAILLY

Expositions, Galeries, Musées ...
Expositions(s) personnelle(s)
Galerie Nadine Granier juin 2015

Rencontres d’art contemporain Cahors 2007, 2010, 2012

« Figures, Figures » Ministère des transports Paris 2012

Studio E. O. Amsterdam 2010

« Grands Jeux » Grande Halle de la Villette, Paris, 2009


Galerie(s)
Muse Londres, Nadine Granier

Musée, Centre d'art
Pau, Lille
« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle