InformationsExpos-Conférences

Du 6 octobre 2023 au 2 décembre 2023
Pierre Assémat, 60 ans de peinture
Né à Castres le 17 janvier 1940, je vis et travaille à Castres (Tarn).
Je me penche pour regarder au fond de la toile : un grand marabout transperce ma chair et mon cerveau et les dévore en cherchant à se tailler un chemin pour se libérer de moi. Ce n’est pas lui qui crie, mais moi. Je maintiens mon esprit en éveil, lucide. Je l’éprouve et l’excite, je le transmue dans les ténèbres de la lumière, d’où la douleur naît.
Le cri que vous avez entendu ne vient pas de moi seul, ce n’est pas moi seul qui parle, c’est la multitude, ce n’est pas moi seul qui désire, des générations de descendants désirent avec moi. La peinture ne se repose pas dans les salons, elle se transforme en oiseaux, en arbres, en air, en baluches, en gaieté, en douleur, en sentiments profonds qui vibrent, me frappent, me font mal et me font du bien. Je suis l’ombre de la toile, je me nourris de son haleine qui devient un mot, une idée, une passion déterminant ma volonté et mes actes.
Ne meurs pas sinon je meurs avec toi. Je n’ai pas eu le temps de jouir assez de toi alors que je t’ai désirée, toi ma couleur, toi ma magie, toi ma forme, tantôt provocante, tantôt hallucinante. Mon existence éphémère et insignifiante, le contrôle de ma destinée, le côté ténébreux de mes origines est secoué par un nouveau frisson de liberté…
Que tu le veuilles ou non, Pierre Assémat, tu es porteur d’une idée nouvelle enrichie d’une vertu créatrice. Vers où te diriges-tu ? Serein, lucide, tu contemples le monde et prends tout ce que tu vois, entends, goûtes, flaires et touches. Les étoiles brillent dans ton cerveau, les chants, les rires, les fleurs emplissent tes oreilles et font tourbillonner l’air un Instant.
Tu veux ignorer si, derrière les phénomènes, vit et s’agite une essence supérieure et mystérieuse, tu veux l’ignorer et tu ne t’en soucies guère. Tu engendres le phénomène et devant l’abîme tu peins l’immense rideau de mille couleurs fantastiques, tu n’écartes pas le rideau pour que nous puissions contempler l’image, c’est le rideau lui-même qui devient l’image.