Du 15 juin 2024 au 30 juin 2024
Vernissage le 15 juin 2024
11h00 – 19h00
Patricia Dubois & Rosario Heins
Candide
Nouvelle exposition de la galerie Séraphine Candide, en juin, pour explorer les univers vibrants de Patricia Dubois et Rosario Heins. Cette première exposition en binôme dévoile un dialogue unique entre ces artistes talentueuses qui, à travers un mélange captivant de peintures et de dessins, examinent la nature enfantine et fantaisiste de la culture de consommation.
Candide nous plonge dans un univers joyeux, vivant et coloré rempli de bouées gonflables, de barbe à papa et de charmantes créatures qui séduiront l’enfant qui sommeille en vous au premier regard. Pourtant, en y regardant de plus près, les motivations profondes derrière ces représentations apparemment innocentes deviennent claires. Les deux artistes exposent le consumérisme frivole et les excentricités de la société moderne.
Sur un fond blanc immaculé, les touristes regardent au loin tandis que leurs pieds s’enfoncent doucement dans le sable. Les mangues fraîchement coupées excitent les papilles. Des bouées gonflables aux couleurs vives, portées par les vendeurs de plage, promettent un moment de détente et de liberté. Alors que la plupart des œuvres de Rosario Heins semblent incarner la légèreté, le loisir et l’insouciance, elles explorent davantage le tissu complexe de la société colombienne, révélant les luttes cachées de ceux qui vivent en marge de l’économie touristique. Rosario Heins est une fine observatrice de la vie moderne. Son regard n’est jamais un jugement, mais plutôt une invitation à s’immerger dans des expériences humaines, qu’elle dépeint avec franchise et sans compromis.
Pour réaliser ses œuvres, Heins s’inspire des photos de touristes et de proches qu’elle capture dans sa Colombie natale. L’influence de la photographie sur son processus créatif est évidente dans son attention méticuleuse au cadrage et à l’éclairage. Cependant, son objectif n’est pas de représenter ce que l’appareil photographique enregistre, mais d’imprégner l’image de sa propre résonance émotionnelle en exagérant une ligne, en adoucissant une ombre ou en intensifiant un regard. Dans une interprétation artistique, rappelant vaguement les photographies de Martin Parr, l’artiste élève la banalité de la vie quotidienne colombienne au rang de l’art.
Dans une autre section de la galerie, un enfant affalé sur un paon gonflable regarde le spectateur avec une lassitude qui contraste avec ses jeunes années. L’air d’insouciance a disparu, remplacé par une sombre introspection qui en dit long sur l’état du monde moderne. Le paon, symbole de vanité et de plaisir matériel, apparaît désormais comme une parodie de la grandeur supposée de la société contemporaine. Dans une série d’œuvres aux couleurs vives, Patricia Dubois met en lumière, avec un mélange unique d’observation sociale et parfois de satire, les désillusions qui infestent la société moderne.
Dans cette œuvre, comme dans toute la série, une tension palpable existe entre le monde artificiel et le monde naturel. Les surfaces polies et méticuleusement travaillées de l’environnement artificiel, représentées par les bouées animales, tranchent avec la beauté sauvage et indomptée de la nature. Cette tension révèle finalement la futilité de tenter de conquérir ou de se séparer complètement de la nature.
Comme on le voit dans « Fontaine de Jouvence III : Be Water, My Friend », Patricia Dubois incorpore fréquemment des récits légendaires dans ses pièces avec une touche d’humour. Dans cette œuvre, elle représente une figure joyeuse ressemblant à une version âgée de Bruce Lee, planant dans les airs sur une bouée gonflable, entourée d’une bande de chiens enjoués. Le spectateur est invité à réfléchir à l’essence de la jeunesse – non pas comme un moment éphémère, mais comme un esprit durable qui peut s’épanouir même au crépuscule des années.
Le monde de Dubois se situe entre réalité et rêves, lumineux, coloré, décalé et faussement candide.
Gardant à l’esprit les réalités sociétales, Rosario Heins et Patricia Dubois livrent chacune une description unique du monde dans lequel elles vivent tout en y incorporant une touche ludique, de liberté et de légèreté. Elles nous invitent à nous interroger sur l’attrait de la consommation et ses promesses de bonheur et d’épanouissement. Derrière les couleurs pétillantes et la promesse de « plus », se cache un désir humain de se divertir et de ressentir de la joie. Un désir qui résonne profondément avec l’innocence et l’émerveillement de l’enfance.
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