InformationsExpos-Conférences

Du 15 octobre 2022 au 16 octobre 2022
Vernissage le 15 octobre 2022
17h30 – 17h30
Laura Labri Laborie: Faunes et Madones
Atelier à la Villa Antonine : restitution
“Dialoguant avec les sculptures présentes dans le jardin de la Villa Antonine, mon travail s’intéresse aux caractéristiques du faune, affectionné par Injalbert, qui le décline sous diverses formes. Ma démarche questionne la possible transposition de cet être mythologique, dans une figuration résolument contemporaine. Mi-homme, mi-chèvre, le faune, par sa nature hybride, reflète le mélange des contraires, l’assemblage d’éléments incohérents qui, pourtant, parviennent à coexister de manière surprenante. À la dureté de la pierre et du marbre associés traditionnellement à la statuaire, s’opposent la fragilité et la délicatesse paradoxale de matériaux jugés « pauvres » : terre, crâne, ossements et laine de mouton brute (ramassée juste après la tonte), autant de substances qui rentrent dans la composition de mes sculptures et qui dénotent un alliage de résidus hétérogènes et rebutants. Ainsi, celui qui apparaît tel un monstre s’impose comme une source puissante d’inspiration pour son caractère audacieux, perturbant allègrement notre désir de rationalité : être composite, avec un visage humain et des cornes de bouc, il incarne le brassage d’éléments incongrus. Les faunes réalisés durant la résidence sont autant redevables des créatures mythiques affectionnées par les artistes du xixe siècle que des caricatures fantaisistes et drolatiques issues de la bande dessinée. Parce que le faune est une créature issue de la forêt, vivant à l’écart de la civilisation, j’ai choisi d’utiliser des matières exclusivement ramassées dans les bois ou aux abords des champs pour restituer sa force « sauvage » et pré-culturelle.
Indépendamment de ce travail sur le faune, j’ai, en parallèle, poursuivi mes recherches sur la représentation de l’art religieux, en réinterprétant l’iconographie catholique. Afin de créer un univers mystique et magique, les nombreuses statues de madone et de saintes sont réinvesties dans des compositions baroques, faites d’os et de breloques, où les limites entre paganisme et catholicisme s’estompent. C’est la déesse Mère universelle qui s’impose, en lien avec la fertilité de la Nature et le cycle infini des naissances et des morts.
Dès lors, mon approche plastique propose deux lectures différentes de cultes distincts : d’un côté, la chrétienté et ses traditionnelles figures féminines, sereines et mystérieuses, de l’autre, le culte antique et ses créatures joviales et pastorales qui, à chaque fois, questionnent notre humanité, trop souvent tiraillée entre Nature et culture. Religion chrétienne et religion gréco-romaine (n’oublions pas que le faune accompagne le cortège de Bacchus) apparaissent alors comme des manifestations du sacré, favorisant une approche décalée, réjouissante, parfois humoristique, dépourvue de tabou et de provocation.”
Laura Labri Laborie, 2 octobre 2022
34500 Béziers