Jean-Jacques Maho, Vibrations

Jean-Jacques Maho, Vibrations

“À la lisière du figuratif et du non-figuratif, c’est dans cette ténuité des frontières que je m’inscris.
J’aime à travailler sur l’expansion du regard, le figuré allant au-delà de l’espace dans lequel il est figuré, têtes sans contours, visages ouverts, paysages indéfinis, tout bouge, tout est mouvement, comme des taches sur un mur que petit à petit notre regard construit.
C’est dans le calme de mon atelier que s’élaborent estampes et peintures, usant de chiffons et de pinceaux, par de grands gestes ou par petites touches, j’ajoute ou retire de la matière selon le support et la technique employée.
Estamper requiert un geste vif, précis, les chiffons servent à retirer l’encre laissant apparaître le dessin attendu.
C’est un travail en négatif, je pars d’une plaque totalement encrée et par essuyages successifs je fais apparaître le motif. L’impression sur une presse taille-douce permet de révéler une multitude de détails invisibles autrement.
Peindre sur toile m’amène à jouer du chiffon comme du pinceau, le chiffon pour ajouter, essuyer la matière, le pinceau pour étaler, diluer la couleur ou esquisser une forme.
La dilution de la matière en peinture se fait par un travail au chiffon gorgé d’eau, à l’inverse l’apport de la matière se fait à l’aide de chiffons et de pinceaux plus secs .Peindre sur intissé m’impose un travail au pinceau en raison de la particularité de ce matériau léger et transparent.
Lorsque je peins à l’acrylique sur intissé, la peinture passe à travers, se dilue, s’efface pour une part. Je ne fais que des visages avec ce support, ces visages disparaissent et tendent vers une forme d’évanescence et d’abstraction. Parfois je reviens dessus pour marquer certains endroits comme les yeux. Il y a cette matière même transparente, qui laisse passer la lumière et qui fait que l’on devine plus que l’on ne voit. Ce qui m’intéresse avec ce support c’est sa légèreté et sa transparence.
Loin du réalisme, c’est un travail d’imagination, inspiré, imprégné de ce que je vois, un regard sur des ambiances, un travail de vibrations, de sensations.”
Jean-Jacques Maho

« Effacement du temps gravé ici griffé là, les formes s’abandonnent, le blanc creuse les noirs les éclabousse, orgie de lumière, à suivre les contours les yeux s’ébahissent »
Christine Girard, Ruines, éditions Faï Fioc.