Gilbert Corbières: “Double je”

 “Comme d’autres peintres avant moi, en passant de l’historique verticalité à l’horizontalité asiatique, du chevalet au sol, la toile enfin débarrassée du châssis, du cadre et de son apprêt, me donne depuis quelques années une liberté nouvelle.

Le rectangle seul ou avec ses diagonales s’est imposé au debutpour mieux permettre à la couleur de dessiner indéfiniment, de proposer une suite sans fin de toiles qui répondent aux questions – Que peindre? Comment peindre?- pour mieux les oublier.

Débarrassée enfin de toutes les techniques apprises, la peinture devient l’objet premier, libre de toute entrave, libre de toute représentation, couleur dont les tracés forment une texture sur la trame des fils de cotons tissés, sur et dans le tissu où elle pénètre, s’immisce, y étant quelque fois rejetée, non acceptée.

Tel le fragment d’un ensemble, elle peut se développer vers un infini, où, formes et contres formes, plans de couleurs se mêlent à l’avant et l’arrière d’une toile libérée qui n’a plus de haut, plus de bas, qui peut être accrochée à un mur, posée sur le sol ou attachée à un fil tendu et vivre ainsi au gré du vent…

Traces, signes, marques, couleurs se fondent sur un chemin de travail, pour y rencontrer au mieux la peinture…”