Emmanuelle Etienne: “Véra mundi”

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Expos-Conférences

Emmanuelle Etienne: “Véra mundi”



 Agde

Du 12 mai 2022 au 9 septembre 2022

Vernissage le 11 mai 2022
18h30 – 18h30


“Véra mundi”

Œuvres d’Emmanuelle Etienne

Exposition proposée par la Ville d’Agde et le FRAC Occitanie Montpellier

Artiste, diplômée de l’École Supérieure des Beaux-arts de Montpellier, où elle vit et travaille, maître de conférences à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier, Emmanuelle Etienne a également cofondé avec Alain Lapierre l’espace d’art Aperto. Ses productions ont été montrées dans plusieurs institutions en France comme à l’étranger : la Casa de Velázquez à Madrid, le site archéologique Lattara Musée Henri Prades de Montpellier, la galerie de l’ISBA à Perpignan, l’église Saint-Étienne d’Issensac à Bressac ou encore le Musée Régional d’Art Contemporain de Sérignan et le Musée Fabre de Montpellier.

Son travail, croisant dessin, installations et volume, est conçu en dialogue étroit avec des matériaux complexes, comme la paraffine ou le verre. Ces matériaux fragiles, déclinés à travers des formats variés, sont dictés à l’artiste par les problématiques qui l’animent autour de la mémoire, du temps, mais également des frontières du visible. En résulte des créations produites par cycle et qu’Emmanuelle Etienne réinterprète régulièrement, en fonction des environnements dans lesquels ses œuvres prennent forme.

Depuis 2002, l’artiste a développé un travail régulier de broderie sur calque, qui a pris pour sujet central la figure du dieu Pan, personnage mythologique qui la hante depuis son enfance en Grèce. Cette divinité tutélaire, mi-homme mi-bouc, représente à la fois la vitalité animale, les instincts primordiaux mais aussi les grandes peurs enfantines de l’inconscient individuel et collectif. Cette partie de son travail lui permet d’aborder franchement la question des pratiques artisanales et féminines qui constituent une part importante des productions traditionnelles de nos cultures. En brodant à la main chaque “modèle”, elle a l’impression de rendre hommage aux petites mains qui nourrissent nos imaginaires multiculturels. Ce travail salvateur de broderie sur calque est réalisé dans des formats variés, permettant de jouer avec les différentes particularités (interprétations) de ce personnage mythologique hybride, dont Emmanuelle Etienne utilise le motif pour interroger dessin, couleur et volume. Comme par exemple avec cet éventail, qui, en se déployant, laisse apparaître le mouvement effectué par le personnage, un petit bond, inspiré par la chronophotographie.

Aujourd’hui, ce travail de broderie se décline sur des masques de beauté qui ne sont pas sans rappeler les masques du théâtre antique ou les masques Kabuki qui figurent, incarnent ou symbolisent les grandes puissances/entités de la Nature du Vivant et du Spectre, mais aussi des émotions, des états d’être au présent. Cette série fait écho ou résonance aux moments de mutation traversés collectivement ces deux dernières années. Ce travail, qui convoque les plus grandes peurs comme les plus grands plaisirs, voudrait inventer un atlas cosmogonique de la présence au monde et de sa douce disparition.

En parallèle à la broderie, Emmanuelle Etienne travaille sur le verre.

Verre sablé, comme avec “Véra d’or”, mais aussi verres soufflés, parfois gravés, à l’image des “Souffleurs” ou des séries de “Cornues”.

Construite à échelle humaine sur la base du Nombre d’Or et du Modulor de Le Corbusier, “Véra d’or” fait partie, comme “Véra, les animaux et la guerre” du cycle de Véra, débuté avec “Véra traversée”. Elle obéit au même plan de conception: celui d’une petite maison stylisée à l’extrême avec ses quatre murs et son toit pointu. C’est un paradigme, celui de la maison archétypale, la forme que les enfants donnent souvent à une maison.
“Véra d’or” est une œuvre qui s’ouvre au monde et sur le monde. En effet, sa présence structurelle accueille et nie à la fois toutes les données de son environnement par un jeu de miroirs et de reflets qui, en retour, la “fondent dans le paysage”. Car Véra est en verre (comme une serre) mais recouverte de films sans tain.

À l’extérieur, elle reflète donc tout ce qui l’entoure (Véra réfléchit), à l’intérieur, elle est plongée dans la pénombre. Y entrer, c’est franchir un seuil qui demande un temps d’adaptation et permet de percevoir le dessin gravé qui circule sur les pans de verre et propose un point de vue. Ce dessin – celui d’un escalier de palais baroques en perspective – se superpose aux vues extérieures. On pénètre ainsi dans un espace précis, géométrique, composé de différentes couches d’images qui s’empilent les unes sur les autres et permettent bien des interprétations ouvertes aux projections individuelles de chaque visiteur. Où qu’elle soit exposée, “Véra d’or” est conçue comme un dispositif de vision panoptique, une structure à degrés progressifs de pénétration, une installation perceptive et réflexive.

Une autre partie du travail sur le verre d’Emmanuelle Etienne porte sur le souffle, qui est ici la substance interrogée. Comme pour l’air qui n’existe que dans ce qui le capte, le filtre, le freine ou le contient virtuellement, le souffle ne peut prendre corps que dans ce qu’il traverse. “Pour répéter le vent, on refait les feuilles” disait Giuseppe Penone. Ici, pour signifier l’exhalaison, émanation de l’être, on mime “les conditions de sa production”. C’est ainsi que l’artiste a collaboré avec le maître verrier Alain Bégou, qui a bien voulu prêter son souffle et son savoir-faire à la réalisation d’une série de pièces pour lesquelles il n’avait qu’une consigne, produire les bulles soufflées les plus justes que lui permettait sa pratique – comme l’on demande à un chanteur de pousser la note au sommet de son art. Cinq tentatives de souffle est le rapport exact de leurs séances de travail. Par la suite, c’est en s’intéressant aux contenants et à la variété infinie des réceptacles, burettes, fioles, ballons de toutes sortes, fragiles, insolites – objets de tant de soins dans leur réalisation ou dans leur représentation – que les éléments intitulés “Cornues” ont été élaborés (et soufflées par Dominique Marcadé). Le verre soufflé produit par ses propriétés contraires une qualité de présence à la fois constante, discrète et disparaissante. Il s’agit de proposer des objets se tenant à la frontière du visible. Certaines pièces sont gravées et jouent sur la projection d’ombres portées des dessins tandis que d’autres sont associées à des éléments en paraffine.

Visites commentées de l’exposition par Emmanuel Latreille, Directeur du FRAC OM, les samedis 25 juin et 3 septembre à 16h00, sur réservation auprès de la DAC

Espace Molière, place Molière, Agde
• entrée libre
• en mai, juin et septembre, du mardi au samedi, de 10h à12h et de 14h à 18h.
• en juillet et en août, tous les jours, de 10h à 12h30 et de 15h à 19h.

Cette exposition fait partie d’Horizons d’eaux#6, parcours d’art contemporain et d’art vivant sur le Canal du Midi réalisé en partenariat avec le Frac Occitanie Montpellier, Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse et le Festival Convivencia


Infos pratiques
Espace Molière

Place Molière 34300 Agde

Ville d’Agde et le FRAC Occitanie Montpellier

34300 Agde

Evènement Payant
Non


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