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Du 24 mai 2023 au 4 juin 2023
Daniel Mourre, Finitisme
Daniel Mourre aura l’occasion de présenter ses œuvres lors de l’expositiion Finitisme, l’empreinte de rouille naturelle.
Daniel Mourre, L’infinie Finitude
“La bouche d’égout, en aventureuse ivresse, est devenue le double incandescent de Daniel MOURRE, et son miroir d’altérité. Simple plaque de misère urbaine, cette matière toujours somptueuse se renouvelle à chaque surgissement.
La vue, qui exige la fixation, ne fait pas chez lui continent habitable. Acculé aux extrêmes qui le hantent, Daniel MOURRE délivre à vif l’humanité de ses pauvres idéologies fabriquées. Il prend tous les risques et s’attaque à l’essentiel. Comment dire la finitude de toute vie dans l’infini de la création ? Entre l’éphémère de l’humain et les silences de l’univers ? entre la catastrophe approchante et l’infime survie ? Son art incandescent se nourrit de cette gageure prodigieuse : comment survivre à sa propre fin ? Pour lui, « la bouche d’égout devient allégorie de l’homme ».
Matière fragile et toujours déjà blessée, la rouille est son fabuleux territoire de création, sa peau intime et son miroir aveugle. Daniel MOURRE traverse l’humaine finitude comme on traverse les déserts de la vie, sans aucune défense, en pure transparence, et en fabuleux dénuement. Serait-il donc le premier créateur d’un mouvement appelé à secouer toutes les inerties du monde, : le Finitisme, incertain, inouï et engagé ? il se pourrait. Sa création détruit d’avance tous les faux-semblants de l’existence. « Que ce soient mes tableaux, mes cartons, mes plâtres, mes sculptures, mes papiers, mes tissu couleur d’arrachage, mes toiles noires et blanches, toutes ces œuvres montrent la fin de quelque chose : nous. »
Bouche d’ombre
Ses créations sont les figures éphémères, inattendues et surgissantes, d’un ailleurs toujours présent, et d’un réel toujours en perdition. Daniel MOURRE ne cesse de fouiller les extrêmes, et l’abîme est son territoire d’âme. Regard en scalpel, il redresse le monde, et l’horizontalité foulée aux pieds devient sublime verticalité, solaire et méditative. Il cherche à terre, sur les trottoirs fatigués des villes, les secrets de l’existence. Il ose imaginer la fin de l’humanité. La plaque d’égout, par lui, se fait obsessionnel et fascinant, chargé de toutes les frontières de l’univers. Celles de l’humanité et de la nature saccagée, celles du beau et de l’infâme, de la lumière vive et de l’horreur sombre, de la vie brève et de la mort infinie. Quand le monde est bafoué, certains regardent le ciel sans jamais voir les hauteurs.
Les empreintes miraculeuses et indéfinies de Daniel MOURRE sont des tremplins inouïs vers les confins blessés du dehors fragile et du dedans intime. Des talismans précieux. Des voies de secouante lucidité. Sa matière est riche, complexe et surprenante, née d’un dispositif par lui inventé, où la nature, le temps et le hasard interviennent. Des poussières de rouille ensemencent chaque œuvre travaillée recto verso. Matière plurielle, hétérogène et complexe. Art sacralisé d’archéologie mentale, prodigieux et agissant.”
Christian NOORBERGEN, critique d’art