César Octavio Santa-Cruz, Rythmes de l’esclavage

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César Octavio Santa-Cruz, Rythmes de l'esclavage



 Toulouse

Du 23 mars 2023 au 30 juin 2023


César Octavio Santa-Cruz, Rythmes de l’esclavage

 

La série d’œuvres proposée est inspirée du poème Ritmos negros del Perú (Rythmes noirs du Pérou) de Nicomedes Santa Cruz. Ce texte phare de la négritude péruvienne évoque l’esclavage colonial et les traditions culturelles qui en sont issues. Datant de 1957, il s’inscrit dans un contexte marqué par la revalorisation des traditions afro-péruviennes au niveau national et le mouvement des droits civiques aux États-Unis.

D’un point de vue technique, les œuvres se caractérisent par des aplats de couleurs vives réalisés avec la sérigraphie, procédé privilégié par le Pop’Art. Les éléments visuels ont pour la plupart été dessinés à la main, simplifiés et ensuite vectorisés. Le but est de faciliter le décryptage des images par le public. De plus, un certain nombre de textes ont été initialement calligraphiés à la main.

La conjonction de techniques traditionnelles et contemporaines comme les retouches numériques ou la reproduction en série, la sérigraphie photographique ici, se situe au cœur de ma démarche artistique. Selon Walter Benjamin, « la technique de reproduction détache l’objet reproduit du domaine de la tradition » car « en multipliant les exemplaires, elle substitue à son occurrence unique son existence en série »1. Dans le cas de cette série, il s’agit de trouver un équilibre entre la tradition et la modernité, entre le fait-main et l’image reproduite mécaniquement. Il s’agit aussi d’exprimer mon profond respect à l’égard des traditions qui m’ont été inculquées par ma famille, investie dans la sauvegarde des traditions folkloriques afro-péruviennes.

Au niveau iconique, les œuvres contiennent des extraits du poème, des représentations d’instruments de musique afro-péruviens (cajon, quijada, cajita), de personnages connus tels que Mohammed Ali, Malcolm X ou le percussionniste péruvien Caitro Soto et des motifs répétitifs à l’instar des chaînes. Dans son Vocabulaire d’Esthétique2, Etienne Souriau définit le mot « motif » comme un dessin ou une forme unitaire, sculptée ou peinte, qui se répète ou se développe de façon décorative.

Par ailleurs, en musique, le terme « motif » est associé aux idées de rythme et de répétition. Un leitmotiv, par exemple, est un motif musical qui se répète tout au long d’une œuvre et qui fait référence à un personnage ou à une situation. Nous pouvons ainsi dire que les chaînes sont en quelque sorte le leitmotiv de cette série et font allusion à l’esclavage. Celles-ci sont brisées par endroits. Leur répétition suggère que l’esclavage n’a pas été totalement dépassé, que la discrimination raciale subsiste dans nos sociétés. La série met en scène les vestiges d’une communauté afro-péruvienne, minoritaire et invisibilisée, dont l’héritage culturel est pourtant visible. Quelques vers du poème, repris dans la série, illustrent cette idée :

« Les vieux noirs moururent, mais au milieu de la canne sèche
on entend leur zamacueca,
et au loin résonne leur complainte. »

L’esclavage et la musique afro-péruvienne héritée des esclaves noirs constituent l’axe central de la série. Pour autant, la série ouvre de nombreux autres champs de réflexion : le commerce triangulaire à l’origine de la déportation de milliers d’esclaves africains en Amérique, la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, l’apport des afro-descendants à notre société et la lutte contre les discriminations, en faveur de l’égalité, etc.

Cette série est aussi l’occasion pour moi de me familiariser avec l’œuvre littéraire de Nicomedes Santa Cruz et de mieux appréhender, à travers elle, l’homme qu’il était.

  • César-Octavio Santa Cruz
    Né à Lima (Pérou) en 1981
    Vit et travaille à Bordeaux

Infos pratiques
Institut Cervantes

31 rue des chalets 31000 Toulouse

Evènement Payant
Non