Rencontre avec Catheri Duplaix, Sigean (Aude)
Depuis plusieurs années, la peintre, dessinatrice et graveuse Catheri Duplaix a pris pour point central de son œuvre la figure féminine, qu’elle arrive à aborder sous des angles variés en fonction des séries et des réflexions en cours.
Aujourd’hui, après avoir déjà créé une grande quantité d’œuvres sur ce thème, elle l’aborde par le biais de son symbole.
“Je me suis appuyée sur le glyphe de la femme utilisé dans les lieux publics.
Mais il est vrai que ce symbole existe depuis la nuit des temps, culture égyptienne connue sous le nom de l’Ânkh et symbole de la vie, déesse romaine Venus, cuivre pour les alchimistes, femme qui enfante pour le monde médical (la croix pour l’enfant, le cercle pour le ventre de la mère ), poupée africaine de fertilité nommée ashanti…
A partir d’un glyphe réalisé à l’encre de chine, à l’huile ou en gravure taille douce, j’ai choisi d’interpréter le plus logique : le rond comme le visage et les traits verticaux et horizontaux comme le corps. J’ai rajouté des éléments personnalisés tels que des yeux, une bouche, de la peau, … pour réhumaniser ce pictogramme qui, en fait, symbolise certes la femme, mais aussi la vie et la maternité possible”.
Voila donc des Vénus qui plongent leur racine dans la nuit des temps mais qui reviennent au goût du jour par le biais du collage.
Ces Vénus font partie d’une série d’encres ou gravures que l’artiste a réalisé dans la continuité de son travail sur le Cycle de vie, de ses représentations et des émotions premières qu’il génère. Féminité, amour, symbolique de la fertilité, éclosion, joie, vie et vanité ont nourri son inspiration et peuplé son univers créatif.
Elle a ensuite décliné ce thème avec les mythes fondateurs, Eve, Adam, Lilith…: des mises en scène à base de collages où se mêlent encres, papiers, gravures et parfois textes ou poèmes.
Dans le prolongement, l’artiste a ensuite réalisé des triptyques naissance-vie-mort: dans des cadres-boîtes, elle a mis à la fois l’enfance – voire la naissance -, l’âge adulte et la mort. On peut alors trouver dans la même œuvre un fœtus gravé, encore tout recroquevillé, mais déjà attendu par une armée de femmes poupées Barbie, caricature d’une humanité qui fait tout pour gommer ses différences. Et ce foetus central voit déjà, avant même de naître, se profiler le crâne qu’il sera une fois terminé son passage sur terre.
Voilà comment Catheri Duplaix déroule une œuvre cohérente, en variant les approches autour d’un thème fondateur: la matrice féminine (du latin mater, la mère), l’organe qui, chez la femme, contient le produit de la conception jusqu’à la mise au monde. A partir de là, la vie. Autrement dit, l’identique, la répétition, la nouveauté, des questionnements toujours présents dans ce travail qui s’interroge en permanence sur le miracle de ce renouvellement, sur le miracle de la vie.
A.D.