Patrimoine – A Montagnac (Hérault), la justice condamne un particulier à remettre en état une église du XIIIe siècle

Olivier Fury avait acheté en 2011 « un monastère en ruines », et son église dans la commune de Montagnac, au nord du bassin de Thau. Un monastère qui n’était alors pas entretenu et qui n’intéressait personne d’autre.
Depuis, l’association qu’il a créée et qu’il préside, L’Association de sauvegarde du monastère des Augustins de Montagnac, avait entrepris de restaurer les lieux sans demander un centime de subvention. Le chantier avait reçu à plusieurs reprises un Architecte des Bâtiments de France.
Malgré ces visites, malgré le fait que les rénovations se sont faites sur plus de dix ans et ont engendré plus de 300 000€ d’investissement de la part du propriétaire, le Tribunal correctionnel de Béziers a condamné, le 28 juin, Olivier Fury à tout remettre en état dans les six mois, et notamment à revenir sur la dalle de béton qui recouvre désormais le sol de la nef.
Plus insolite, Olivier Fury est condamné à la même peine à la fois en son nom personnel et en tant que président de l’association, « ce qui ne s’est jamais vu et est totalement interdit: on ne peut condamner deux fois la même personne à une même peine », nous précise-t-il.
C’est la Drac qui avait saisi la justice pour poursuivre le propriétaire pour des travaux faits sans autorisation, puisque le bâtiment est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 2009, soit deux ans avant le rachat.
Le propriétaire estime que « remettre en l’état » un bâtiment qu’il a acheté alors qu’il était fortement dégradé n’a aucun sens: il y avait un trou dans le toit et des infiltrations sur les murs. Il a donc décidé de faire appel. Et l’association qu’il a créée, L’Association de sauvegarde du monastère des Augustins de Montagnac, va demander à la mairie à pouvoir ouvrir les lieux au public, estimant que c’est là le meilleur atout pour que le public juge sur pièces.
Dans une lettre envoyée à la Gazette du Patrimoine, Olivier Fury détaille les raisons de sa colère:
“Inutile de vous dire que nous sommes abattus puisqu’en plus la Drac ne s’est pas portée partie civile, ne s’est jamais présentée aux deux audiences, nous sommes donc condamnés alors qu’il n’y a aucun préjudice pour personne, et que nous avons le soutien de la mairie.
Dégoûtés, car nous avons des amendes alors que pendant les audiences comparaissaient des individus qui ont fait des constructions en zone Natura 2000, en zone de protection du littoral, et eux (tant mieux pour eux), sont condamnés à de petites amendes, presque toujours avec du sursis !
Est-ce le patrimoine ou les églises qui gênent en France ?”
Olivier Fury précise que son objectif ultime est de permettre d’exposer ensuite des œuvres contemporaines dans les différentes salles du monastère et de la chapelle. « On a déjà des œuvres d’artistes qui n’attendent que cela », précise-t-il.
