L’artiste Parvine Curie fait don de trois œuvres à destination de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue
Le Centre des Monuments Nationaux va recevoir trois œuvres destinées à l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue grâce au don de l’artiste Parvine Curie, artiste née en 1936.
L’artiste donne une sculpture monumentale et deux tapisseries destinées à l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, où le Centre des Monuments Nationaux mène actuellement une campagne de restauration du monument ainsi que la création d’un parcours muséal pour une ouverture au printemps 2022.
L’abbaye abritera prochainement l’importante collection d’art moderne de Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache, anciens propriétaires des lieux, au sein de laquelle Parvine Curie était déjà représentée.
Parvine Curie recherche dans son travail une harmonie entre l’architecture, l’homme et la nature. Elle trouve notamment son inspiration dans l’architecture médiévale, romane et gothique, et créé les sculptures dites « Mères », massives et ajourées.
La sculpture monumentale offerte par l’artiste est une version monumentale de l’œuvre intitulée Santa Maria del Mar. Elle sera réalisée, sous la direction de l’artiste, par le fondeur grec Theodoros Papadopoulos dans son atelier à Athènes. Le modèle d’origine date de 1971. Il appartient à la série des « Mères cathédrales».
Installée prochainement dans les jardins de l’abbaye, cette sculpture, tirage monumental en bronze coulé, créera par l’enchevêtrement de ses formes des jeux d’ombres et de lumière rappelant en particulier les espaces intérieurs d’une salle voûtée.
Par leur mouvement ascensionnel, les arêtes vives et élancées suggèrent celles d’un chevet gothique.
Parvine Curie offre également au Centre des monuments nationaux deux œuvres textiles: Personnage ailé (1988) et Histoire de Banyan (1986). Cette dernière fut exposée à l’abbaye de Beaulieu en 1987.
Composés avec la même rigueur que ses sculptures, les tissus cousus de Parvine Curie étaient jusqu’à ce jour absents des collections nationales.
Le fonds de textile de la collection Brache-Bonnefoi se voit donc renforcé par des œuvres réalisées par une artiste soutenue dès 1987 par le couple de collectionneurs à l’occasion de l’exposition « Nouvelles tapisseries-Broderies-Sculptures textiles et tenture de fête».
Ces deux tapisseries seront exposées dans l’escalier monumental de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue.
- Depuis le 8 janvier 2021, le CMN est pleinement propriétaire de l’ensemble de la riche collection d’art moderne de Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache, suite à la signature de la délivrance du legs de Geneviève Bonnefoi.
Les trois oeuvres de Parvine Curie seront visibles par le public à l’ouverture de l’abbaye de Beaulieu au printemps 2022.
- Parvine Curie
D’origine franco-iranienne, Parvine Curie naît à Nancy et passe sa jeunesse à Troyes. Autodidacte, elle découvre la sculpture par le modelage auprès du sculpteur Marcel Marti, avec qui elle se marie, et s’installe à Barcelone. En 1966 elle réalise ses premières Mères, puis les expose dès 1968 à Paris à la galerie Suzanne de Conninck. De 1970 à 1978, elle participe au Salon de Mai et de la Jeune Sculpture. Elle rencontre François Stahly, qui deviendra son mari en 1975, et œuvre à ses côtés à la fondation du Parc forestier de sculptures « le Haut du Crestet» en 1979.
Ni figuratives, ni purement abstraites, ses œuvres en bois ou en bronze sont proches de l’architecture ou s’y intègrent.
Parvine Curie obtient en 1979 le Prix Bourdelle du musée éponyme qui lui consacre une exposition en 1980. Plusieurs expositions rétrospectives et monographiques lui sont dédiées, en 1984 au Musée d’Art moderne de Troyes, en 1993 à la Fondation Arp de Meudon, en 1999 au Monastère de Pédralbès (Espagne). Elle a reçu de nombreuses commandes publiques, notamment le Grand relief pour le Palais de Justice de Nancy (teck,i979), Mère Cathédrale pour la Ville de Paris (bois, 1980), le Monument aux victimes de la barbarie nazie de Meudon (marbre de Carrare, 1984), une Porte monumentale pour l’Abbaye de Murbach (bronze, 1986), Guizeh pour l’Hôtel de ville de Constance en Allemagne (bronze, 1995).
Ses œuvres sont conservées au musée d’art moderne de la ville de Paris, au musée de sculpture contemporaine en plein air de Paris, au Frac d’Ile-de-France, aux musées de Troyes et de Meudon. - La restauration de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue
En 1959, Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache découvrent l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, alors abandonnée depuis plusieurs années et menaçant ruine. Émus par la beauté singulière de cet édifice cistercien du XIIe siècle, le couple l’achète afin de le restaurer. Amateurs éclairés d’art contemporain, collectionneurs et amis de nombreux artistes du Paris des Trente Glorieuses, ils décident de faire de l’abbaye le premier Centre d’art contemporain de Midi-Pyrénées et organisent une première exposition dès 1970 avec des œuvres d’artistes de leur cercle parisien parmi lesquels Hartung, Fautrier, Poliakoff, Dubuffet, Michaux, Mathieu, Vasarely et Vieira da Silva. Les expositions se succèdent par la suite chaque année.
En 1973, afin d’assurer la pérennité de leur action, Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache donnent l’abbaye et une grande partie de leur collection personnelle d’œuvres d’art à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites, devenue depuis le Centre des monuments nationaux (CMN). Un autre don le complète en 1981. Suite au décès de Geneviève Bonnefoi en février 2018, le CMN reçoit aujourd’hui le reste de la collection, jusqu’alors dispersée entre l’abbaye, un appartement à Paris et deux dépôts.
Un important chantier des collections est en cours, comprenant l’étude de l’ensemble de la collection, composée de 1363 œuvres, dont 203 tableaux et 497 dessins. Le parcours muséal, déployé dans les salons, le réfectoire, la salle des moines et les cellules monastiques du logis abbatial (XVIIe et XVIIIe siècles), présentera environ 160 œuvres de la collection. Celle-ci, ensemble représentatif de l’avant-garde des années 1945- 1975 sera présentée dans 19 salles thématiques (dont 5 cabinets d’art graphique) et donnera à comprendre la démarche des collectionneurs et le contexte artistique de l’Après-guerre.