CERVERA André

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Peintre
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Mr. André CERVERA

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André Cervera, artiste peintre, né en 1962, vit et travaille à Sète e t au hasard de nombreux voyages à travers le monde.

(présentation de l’artiste, extraite d’un texte de Pierre Tilman, sept. 2017)

Allez donc dialoguer avec la mort!
Tous ceux qui connaissent André Cervera savent qu’il est un grand voyageur.
C’est un homme capable de demeurer durant de longues périodes dans des contrées lointaines, vivant avec le minimum, de façon rude, très proche des habitants. À chacun de ses voyages, il ramène quantité de dessins et de toiles peintes.
Mais il est tout aussi incontestable qu’il est un homme très centré et que Sète est son port d’ancrage, où il est né, où il a grandi et découvert la musique, l’art, la poésie.
« Je suis un lecteur de poésie, Federico Garcia Lorca, Robert Desnos, Jacques Prévert, Richard Brautigan, mais je lis lentement », me dit-il.
On peut donc dire qu’il vit et travaille à Sète, de la même manière qu’il vit et travaille dans des villes et des villages d’Afrique, d’Inde ou de Chine.
(…)
Alors la question qu’on est en droit de se poser est la suivante : Pourquoi un artiste ressent-il le besoin de s’imprégner d’autres cultures et d’aller chercher de si lointaines références ?
La réponse est très simple, c’est que ces cultures ne lui sont pas étrangères. Cervera est certes un pur produit occidental, européen, français mâtiné d’espagnol. Je dirais même qu’il est un pur sétois. Dans l’île singulière, il est chez lui. Il en a l’accent, l’allure, le feeling, les positionnements corporels. Mais les vents de la révolte et de la liberté ont soufflé sur son berceau en profonds courants d’air dès avant sa naissance. Son père était un combattant anarchiste espagnol.
« Quand on naît, on a déjà une longue expérience », me déclare-t-il.
(…)
L’artiste ne parvient pas à se satisfaire de ce qu’il sait déjà. Il n’aime pas les fermetures. Les codes préétablis qui ressassent les mêmes choses ne sont pas sa tasse de thé. Il a soif et faim d’autres façons de voir le monde et d’exister, d’autres nourritures, d’autres saveurs, chants et senteurs.
(…)
André Cervera est et reste lui-même. Il agit dans son lieu. Sa main et son œil sont sûrs, précis, définis, affirmés. Et, en même temps, sa main et son œil sont connectés avec d’autres lieux sur la planète, et aussi d’autres époques dans le temps, et aussi… d’autres niveaux de perception de la réalité… et aussi d’autres appréhensions culturelles… et aussi d’autres magies, d’autres croyances…
(…)
Il en va de même dans la démarche plastique de Cervera. Sa peinture est en relief, en épaisseur.
Je vous l’accorde, cela ne se voit pas à l’œil nu. Peut-être que cela se voit les yeux fermés, avec l’esprit, avec la poésie. Mais, en tout cas, vous pouvez me faire confiance, il faut regarder ses tableaux en ayant bien en tête que, chez lui, le visible ne vient affleurer qu’à travers les profondeurs cachées, les contes, les souvenirs, les passages secrets.
De ce voyage à travers la peinture, la série des Tableaux enterrés est la démonstration réussie.
Avec Les Tableaux enterrés, l’artiste procède à un drôle de rituel. Il enterre dans son jardin des toiles peintes, montées sur châssis et disposées horizontalement. Les tableaux restent ainsi un certain temps soumis aux éléments de la nature, à la merci des insectes et des intempéries.
« Nous vivons dans un monde bancal, de destruction. Tu vois, j’ai terminé cette toile La liberté guidant le peuple dans les rues de Damas, je vais l’enterrer » me dit-il.
Je regarde l’œuvre. Je suis impressionné. C’est un tableau d’Histoire, puissant et beau, qui part de Delacroix et va dans l’actualité tragique de la Syrie. Dire qu’il va l’enterrer !
« D’habitude, l’artiste prend soin de la toile, il la caresse. Là, dans ces conditions, c’est le contraire. Il s’agit plutôt de lui faire mal, de lui faire subir des outrages, de la martyriser » ajoute-t-il.
Lorsqu’il déterre ses tableaux, archéologue de lui-même, il découvre alors l’état de conservation et de détérioration d’œuvres qui pourraient dater d’il y a longtemps.
« Elles auraient pu être peintes avant Cervera, il y a 150 ans » me dit-il avec un sourire amusé.
Sont-elles de lui ou d’un autre, qui lui ressemblerait comme un reflet dans un miroir ?

Sur le plan esthétique, cette notion d’enterrement est très intéressante car elle provoque des pertes, des accidents, des effacements. Le temps, qui généralement en peinture ne se voit pas ou peu, s’inscrit dans ce cas concrètement sur la toile.
De retour dans l’atelier, l’artiste va redonner vie au passé, rehaussant certaines parties, les soulignant discrètement et créant de la sorte un jeu dialectique à l’intérieur même de son langage. L’image peinte s’enfonce, se perd, monte, se retrouve, passe du flou au net. Le trajet s’effectue dans le regard du spectateur.
Il y a incontestablement un effet d’épaisseur et de relief. Il n’est pas physique, mais il est bien là, on le sent, impalpable mais présent, dans les minces couches de matière qu’ont déposées les pinceaux du peintre.
(…)
Peut-être que tout Cervera se résume à cela : dialogue avec la mort.
Allez donc dialoguer avec la mort !
Et si toute son l’œuvre n’était qu’une volonté de garder la tête haute, de ne pas se laisser
abattre, un cri de vie, tonique, humble, digne !
Sa voix est juste. Sans forcer le ton, sans rien imposer, avec humour, il nous donne une
leçon de savoir vivre sur notre planète.

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