
Né en 1975 dans une famille de peintres, Thomas Verny est diplômé de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris en 1998, élève de Vincent Bioulès, membre fondateur du groupe Supports/Surfaces. Il vit à Montpellier et exerce aujourd’hui à l’Ecole des Beaux-arts de Sète. Depuis plus de vingt-ans, Thomas Verny procède toujours avec la même technique, le pastel sur le motif. “Il poursuit une œuvre singulière avec entêtement et une grande indépendance d’esprit”. Michel Hilaire
Exposition au Musée Paul Valéry, Sète, mars 2023.
Présentation extraite du dossier de presse:
“Pendant plus d’un an, Thomas Verny a travaillé sur le motif au musée Paul Valéry, autour du Cimetière marin ou encore sur les bords de la mer et de l’étang de Thau.
De cette période de création intense sont nées près de 250 vues inédites exécutées au pastel toutes présentes sur les cimaises du musée. Son matériel est réduit : carton au format 20 x 24 cm enduit de peinture vinylique mat, et pastel sec. De retour à l’atelier, certains de ses ‘cartons’ sont traduits dans un format plus grand, l’artiste associe alors l’acrylique au pastel.
Neuf séries se dégagent de cette performance avec pour certaines un grand nombre de numéros : Musée Paul Valéry et alentours, Cimetière marin, La ville et son port, Brise- lames, La Corniche, Mont Saint-Clair, Lido, Plages, 14-Juillet. Une des pièces maîtresses de l’exposition est sans aucun doute ‘Méditerranée’, un panorama aux dimensions imposantes (320 x 480 cm) composé de 20 panneaux de 80 x 96 cm assemblés pour former une vue originale d’un des sites les plus célèbres de Sète.
Les séries paysages s’articulent avec un ensemble singulier – et plus secret – de vingt figures érotiques accompagnées de sculptures polychromes”.
BIO
Thomas Verny est né à Paris en 1975. Il vit et travaille à Montpellier
Issu d’une famille de peintres, Thomas Verny sort diplômé de l’Ecole nationale des beaux-arts de Paris en 1998. Il a été l’élève de Vincent Bioulès et a présenté pour sa première exposition à la galerie Trintignan, en juin 2000, des pastels peints sur le motif représentant la campagne environnante.
Dès 1997, il prend part à l’exposition collective “Paris-Perpignan-Céret, destination sur le motif” au Musée d’Art Contemporain de Céret.
La même année, il participe à l’exposition: “Géricault, points de vue contemporains” à l’Ensba à Paris. Un catalogue est édité à cette occasion ainsi qu’un numéro spécial de la revue « Connaissance des arts » qui reproduit le tableau qu’il a peint avec son frère Abel Pradalié sur “l’Attentat de Port-Royal” (huile sur bois, 245 x 750 cm).
En octobre 2002, Thomas Verny présente à Montpellier un ensemble de pastels comme autant de variations sur les jardins et la Promenade du Peyrou.
Cette même année, il reçoit le prix de la Casa de Velázquez qui lui permettra de séjourner deux années dans la capitale espagnole. En 2004, il expose des paysages de Madrid à la Galerie Stand Arte de Madrid.
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Mémoires d’un pastelliste, par Thomas Verny
“J’ai commencé à pratiquer le pastel vers la fin de mes études aux Beaux-Arts de Paris en 1998.
Je disposais d’une boîte, jamais utilisée, achetée un an auparavant à Eddy, notre meilleur receleur.
Originaire d’Amérique du Sud, Eddy était d’une élégance et d’une beauté rares qui le rendaient insoupçonnable. Son légendaire et gracieux poncho lui permettait de dissimuler toute sorte d’articles indispensables aux étudiants de la rue Bonaparte et d’échapper à la vigilance des vendeurs du quai Voltaire. Eddy volait, non pour subvenir à ses besoins, mais manifestement pour le sport. Il mourut très jeune. Il est un peu à l’origine de ma vocation de pastelliste.
À la faveur d’un voyage en Côte d’Or, où j’ai une part de mes origines, j’ai utilisé cette boîte pour la première fois. J’ai pu me rendre compte de l’intensité de la couleur, de la possibilité d’une exécution extrêmement rapide avec un encombrement minimum comparé à la peinture à l’huile que je pratiquais précédemment. La légèreté du paquetage n’est pas négligeable pour un peintre sur le motif qui se doit d’être mobile et la vitesse d’exécution est primordiale pour celui dont l’objectif est de saisir la lumière et l’instant selon les préceptes de Pierre-Henri de Valenciennes.
Cette première série pastorale m’encouragea à en entreprendre une seconde lors de mon retour à Paris. Le parc de Belleville dominant la ville fut le théâtre d’une sorte de première communion, où j’ai quasiment définitivement adopté ce médium. J’avais compris alors que le classique bâtonnet de diamètre 0,9 était l’outil idéal pour traduire les impressions du soleil levant, frisant, zénithal ou couchant sur un petit format. Deux études de ciel de Delacroix conservés place Fürstenberg, à deux jets de pierre de l’École, me confortaient dans cette intuition.
Hélas ! j’allais rapidement déchanter, en me rendant compte que, si le pastel était particulièrement adapté aux modestes mesures des supports de la peinture de plein air, il n’était en revanche pas du tout compatible avec les exigences contemporaines de monumentalité.
Qu’à cela ne tienne, c’était l’occasion de se distinguer en choisissant un médium désuet souvent associé aux ouvrages de dames ou aux productions du dimanche. Un positionnement à rebours, un peu excessif mais nécessaire, dans une école qui humait, comme il se doit, l’air du temps, le doigt sur la couture du pantalon. Il faut noter que le pastel souffrait d’une image vieillotte, alors que son avènement est bien plus récent que celui de la peinture à l’huile.
Il n’en demeure pas moins qu’il me fallait trouver une solution à l’inadéquation de l’échelle du bâton de pastel à des formats plus conséquents où le geste graphique risquait de se transformer en coloriage. Le mixage du pastel et de la peinture s’imposa donc. Il permettait de casser ou de limiter l’effet de remplissage du dessin dans la composition.
Comme l’acrylique, légèrement satinée, faisait mauvais ménage avec la matité du pigment des pastels, j’optai sans hésitation pour des couleurs vinyliques dénommées à tort ‘acrylique’ par les fabricants. J’entrai dans l’enfer du pastel qui ne tolère pas les mélanges et j’ai dû me doter de centaines de teintes dans différentes nuances. Il en manquait toujours une. Autre bonne raison pour introduire la peinture. Cette dernière pouvait également faire office de gomme et permettre certains repentirs. Je panachais mes plateaux de diverses marques selon leurs natures, du plus sec au plus tendre. Je n’utilisais pas le fixatif, qui dénature et enfonce les couleurs, ou alors peu. Il m’arrivait toutefois d’en faire un usage vicieux si je jugeais un coloris trop clair. De manière générale je faisais très peu de superpositions, puisque la saturation était très vite atteinte et ce quel que soit le support, papier, carton ou bois.
J’étudiais avec passion les œuvres des maîtres du pastel, La Tour, Perronneau, Chardin, Liotard et son étrange modernité qui ne semble pas appartenir à son temps, Degas. Les véritables pastellistes qui ont régulièrement ou exclusivement pratiqué le pastel forment une communauté d’artistes finalement très restreinte.
En 1999, j’étais depuis un certain temps déjà familiarisé avec les compositions singulières et très ambitieuses de Sam Szafran. Lors de l’exposition autour de l’école de Londres à la fondation Dina Vierny, je fis la découverte des œuvres de Paula Rego, autre pastelliste de grand talent, et ce fut cette fois-ci une véritable confirmation.
Je ne lâcherai plus le pastel et j’allais bientôt toucher une ancienne grande boîte Henri Roché offerte par un confrère qui souhaitait s’en débarrasser.