TAVERNE Vanessa

Au commencement sont le regard et la présence.
La présence à l’autre, à la nature.

La contemplation m’est aussi nécessaire que la respiration . En pleine nature , mon corps devient feuilles et mes pieds deviennent racines… je cueille , je ramasse , je stocke , je fais sécher… et puis j’imprime . Je croise ainsi les plans , les lignes, et je m’efface devant la puissance de cette trace directe, qu’aucun geste ne saurait égaler.

Chaque œuvre prend naissance in situ, en pleine nature ou face à un modèle. Par le cyanotype et le monotype, j’offre ma voix à la nature, et par le dessin sur le vif en séance de modèle vivant, j’exacerbe ma présence à l’autre.
Le temps et l’altérité sont au cœur de mon travail. La fugacité des instants coqués et la rapidité d’exécution m’aident à fixer l’instant présent, à figer l’insaisissable.

Paradoxalement, de ce temps que je questionne, je fais une contrainte. Je l’étire ou le compresse en changeant de technique, car chacune impose un rythme qui lui est propre. D’un état contemplatif à un état d’urgence, mon geste s’efface ou s’affirme derrière le procédé. En dessin, les poses rapides accouchent de lignes nerveuses et anguleuses, et assument la frontalité de la nudité, alors que la gravure impose une anticipation, une préparation du support, et des gestes répétitifs qui génèrent une image plus étirée, mesurée, apaisée.

Mon regard accompagne les lignes, soutient les masses, savoure les couleurs. Je les dompte, les caresse, les sculpte, les entremêle. Le dessin, la peinture, et la gravure se rejoignent et se nourrissent. Une technique en amène une autre, j’explore et j’invente, et je teste en permanence.