MODOCK Sonia

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Mrs. Sonia Modock

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Sonia Modock
Les creux et les pleins de l’âme humaine

La sculptrice Sonia Modock crée des personnages, des mains, des visages, faits de formes mais aussi de creux car pour elle le Vide révèle le Plein. La vie est là, dans les formes sculptées, tout en s’échappant inexorablement…

Des mains. Des mains entrelacées, une main d’homme, une main de femme, qui se soutiennent, qui se parlent. La sculptrice Sonia Modock a choisi de symboliser la complicité qu’il peut y avoir dans un couple, non par des visages ou des regards, mais par des duos de main.
L’artiste renouvelle ici l’approche qu’elle avait déjà eu avec une série de petits personnages, les “interactifs”, “des personnages qui vont par deux, trois, ou quatre, que chacun peut scénariser à sa guise et de ce fait révéler une nouvelle histoire à chaque manipulation… Ils sont fait pour aller ensemble, mais à chacun d’imaginer comment ils se tiennent l’un par rapport à l’autre et, partant, ce qu’ils ont à échanger”.
L’expression passe autant dans les éléments sculptés que dans les vides qui les séparent.
Quelque soit le sujet, ce lien inextricable entre vide et plein caractérise toute l’oeuvre de l’artiste.
Même son Salvador Dali n’échappe pas à la règle: à première vue, il est conforme à l’image qu’une certaine génération a pu connaître : moustaches bien tirebouchonnées pour vanter les mérites d’un chocolat… Si Sonia Modock lui représente la bouche bien arrondie de gourmandise, elle a aussi sculpté la main qui tient la tablette, en l’air et séparée du reste. La publicité avait pu à l’époque sembler un caprice, une futilité dans la carrière déjà bien remplie de l’artiste. Ici, les moustaches tournent autour du vide et la main brandit une tablette sans pouvoir aller jusqu’à la bouche. Dali créateur de génie et bouffon éternel. Les frontières sont brouillées, le vide, le plein, le creux, le profond, le temporaire, le permanent…
Un sujet en or pour Sonia Modock qui aime à travailler des sculptures où tout est une question d’équilibre entre le vide et le plein. Avant Salvador Dali, il y a ainsi eu cette sculpture intitulée 21 grammes, qui représente un visage. En fonction de l’angle de vue, on peut y voir un homme ou une femme en train de hurler, la bouche formant un grand vide dans ce qui reste quand même un visage plein, tellement plein qu’une petite femme vient même se nicher dans les méandres de l’oreille.
Mais si l’on regarde maintenant l’autre profil, le vide devient tellement important que le visage s’apparente alors à une gueule cassée. « J’ai voulu garder tout ce qui s’en va quand la mort arrive, les cris, les émotions, les regards qui s’accrochent ou les bruits qui reviennent. C’est un peu le contraire d’une vanité : non pas la mort qui arrive, mais la vie qui s’accroche malgré tout. Je l’ai appelé 21 grammes, en référence au film d’Alejandro Inarritu : selon un médecin américain, l’être humain perdrait 21 grammes au moment de sa mort, un poids qui correspondrait au poids de l’âme ».
Pour l’artiste, les mains, Dali, 21 grammes sont emblématiques de son travail depuis qu’elle sculpte la matière, il y a une quinzaine d’années. « J’ai d’abord été prof de danse et prof de gym. Je m’exprimais alors avec mon corps. Et puis ma vie a basculé quand j’ai perdu mon fils. J’ai tout arrêté, mes jambes ne portaient plus ma créativité ».
Petit à petit, Sonia Modock s’accroche et renoue avec la création, mais cette fois-ci, ce sont ses mains et non plus ses jambes qui vont exprimer ses émotions, en malaxant la terre pour en sortir des visages, des mains, des personnages.
Elle commencera par une première série autour de la Mère et l’enfant, huit pièces, huit comme le nombre d’années vécues par son premier fils, comme s’il fallait en passer par là pour faire le pont entre les deux parties de sa vie.
Et enchaîne avec des oeuvres où tout est question d’équilibre. « Dans mes sculptures sur la mère et l’enfant, ce qui m’intéressait déjà, c’était la lumière et pour qu’elle puisse pénétrer la sculpture, j’avais tendance déjà à créer des passages. Ces passages sont peu à peu devenus des creux qui ont pris de plus en plus d’importance ».
Pour toutes ses œuvres, l’artiste crée au départ des dessins précis de ce qu’elle va ensuite réaliser dans la terre. Pour ADN, par exemple, Sonia Modock a représenté avec précision cet enchevêtrement de neuf mains, tout en verticalité : en bas, les racines d’où s’extraient des mains qui vont s’accoupler pour donner naissance à un chemin de vie, chemin qui se construit cahin-caha, entre une main qui retient et une main qui pousse, pour aboutir au final à une nouvelle main accrochée de manière tout à fait hasardeuse par le petit doigt… Ainsi va la vie, avancée, retrait, hasard, fragilité.
L’artiste est parfaitement consciente, dès ce dessin, que cette sculpture va représenter une prouesse technique, aussi bien pour elle (le travail de la terre) que pour les fondeurs (le travail du bronze). Mais en tant qu’ex-danseuse, elle a suffisamment de notion d’anatomie pour savoir jusqu’où elle peut aller. Et la sculpture sortira de la fonderie pour tenir droite, sur 2,20 mètres de hauteur, avec des creux plus importants que les mains qui les forment.
Cette oeuvre imposante montre le côté fusionnel de deux êtres, mais une fusion qui est néanmoins toujours fragile.

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Des oeuvres de Sonia Modock sont visibles au Réservoir, à Sète (34).

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle