Magali SIRE

Magali SIRE
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4.67

Animée depuis toujours par la création sous toutes ses formes, Magali Sire aime peindre ce qui n’existe pas, tordant des réalités, qu’elles soient historiques ou anatomiques.

Imprégnée de culture sud-américaine (elle a vécu plusieurs années au Pérou), elle pourvoit les céramiques précolombiennes d’attributs humains, et transforme les madones et les martyres de la peinture classique en Pachamamas à coup de croix andines et de tissus incas.

Par ailleurs, les références à l’histoire de l’art, et notamment à la renaissance, sont fréquentes dans son travail, et les grands maitres du quattrocento régulièrement convoqués : de Jean Fouquet à Pisanello, en passant par Lucas Cranach ou encore Andrea Mantegna.

La touche « décalée » omniprésente donne le ton dans ses œuvres, à travers un goût prononcé pour l’anachronisme et le surréalisme.
Ses dessins sont réalisés d’un trait minutieux, à l’aquarelle, la plupart du temps sur du papier du XVIIIe ou XIXe siècle.

Elle vit en Occitanie depuis 2014, où elle travaille également comme graphiste et illustratrice.
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Article paru dans le livre annuel, Artistes Occitanie, les 30 artistes 2024

Puisserguier (34)
Magali Sire
Un univers de profusion et d’enchevêtrement d’images

Magali Sire aime peindre ce qui n’existe pas, tordant des réalités, qu’elles soient historiques, anatomiques ou optiques. Décalage, humour, humour noir. L’idée est de désacraliser les choses sans renier les influences et son admiration pour les grands maîtres.
Dans l’art, les mélanges homme-animal existent depuis la nuit des temps. Depuis au moins 2500 ans avant J.C., si l’on se réfère au Sphinx du désert égyptien.
Ce qui l’est peut-être moins, c’est de coupler les animaux avec autre chose que l’anatomie humaine. Et voilà comment Magali Sire transforme une pléiade de bestioles en orchestre d’un nouveau genre. Les animaux sont reconnaissables à la fois par leur trait et par leur attitude : l’autruche met toujours la tête dans le sable, mais celle-ci est remplacée par un clairon, le paon a l’air toujours aussi fier mais sa tête est désormais un cor d’harmonie…
Il en ressort une fanfare jubilatoire où les créatures-instruments peuvent potentiellement jouer une véritable mélodie. Un travail décalé qui permet de renouveler le regard, ici avec légèreté, parfois avec plus d’interrogation.
C’est le cas d’un des thèmes fétiches de l’artiste, le globe oculaire: non pas l’œil, mais bien le globe oculaire. Ce qui oblige à avoir un point de vue quasi-clinique sur cet objet, rond comme une bille, qu’on peut assaisonner à toutes les sauces : il se retrouve dans un pot de confinement, dans la bouche de Cassandre, ou présenté comme tel, seul élément de la composition.
Généralement l’expression des yeux vient de la vivacité du regard, de la paupière, des plis autour des yeux, d’un ensemble qu’on n’a pas ici.
Le globe se prête à de nombreuses mises en scène : les yeux deviennent appétissants quand ils sont proposés « sur le plat », inquiétants lorsqu’ils sont enserrés par des doigts. Et quand “la fille de Dieu” fait un geste de bénédiction, avec à la main un globe oculaire au lieu d’un orbe, cela fait sourire mais évoque également le monde d’Orwell et apporte une note contemporaine à ce thème ancestral: “Dormez, bonnes gens, tout est sous contrôle”.
Derrière ces œuvres saugrenues, parfois légères, parfois plus profondes, un point commun : un travail d’une grande technicité où l’artiste réalise les détails de chaque motif, à l’aquarelle. Précision utile, car la finesse de ses détails peut faire penser à du dessin qui accueillerait ensuite la couleur. Il n’en est rien. Tout vient sous le pinceau, y compris les traits les plus fins.
La figure humaine, animale ou chimérique est toujours au centre de son travail. La plupart du temps le fond est fait de la couleur vierge du papier lui-même, un papier ancien, ce qui lui donne matière et patine.
Il arrive également que l’artiste procède à des collages plus élaborés et construise une ‘marqueterie’ en utilisant les singularités de plusieurs papiers, renforçant ainsi l’incongruité de sa création. Dans Annulation par exemple, le jeu de mot (annulaire/annuler) se double d’un jeu visuel : le geste est bien celui de retirer l’alliance d’un doigt, mais en l’occurrence, ce geste déshabille ici le doigt jusqu’à l’os. Le tout sur un damier de papiers bleus et beiges, qui apporte à la fois le côté ludique et guerrier. Le jeu de mot, jeu de dessin se prolonge par ce fond à base de collage.
Ce qui amène à une autre caractéristique de cette peinture: un côté narratif évident. On a des éléments, mais c’est au regard de les connecter: “J’aime raconter des histoires”, précise ainsi l’artiste.
Et comme elle a un goût prononcé pour l’allégorie, ses histoires, elle les raconte de façon subtile en usant d’éléments symboliques, tels que les yeux, donc, ou encore les mains, pour masquer un sens qui serait trop évident sans cela.
Les influences revendiquées peuvent être de toute sorte. “Je suis très inspirée par la peinture des XVème et XVIème siècles, et j’aime faire référence aux grands maîtres”, précise Magali Sire. Sans être pour autant dans une admiration qui empêcherait de les bousculer. Et l’artiste ne se prive pas : La Princesse de Pisanello perd de sa superbe en avalant une souris, l’homme au gant du Titien rejoint l’univers irrévérencieux de la publicité, avec sa rollex.
Nourrie d’histoire de l’art, Magali Sire l’est tout autant de pop-culture et de culture sud-américaine, elle qui a vécu trois années au Pérou. Et elle va traiter les céramiques précolombiennes comme elle traite Titien ou Pisanello : en les intégrant dans son univers, quitte à les désacraliser également. Mieux encore, elle va fusionner les mondes : voilà comment la Lucrèce de Cranach devient une Pachamama péruvienne, avec son “quipu”, et son couteau sacrificiel tandis que la Vierge de Fouquet se pare de tissus incas.
Enchevêtrement des cultures, brouillage des époques: Magali Sire présente souvent ses créations dans des cadres anciens, si bien que l’ensemble (technique de dessin classique, vieux papiers, vieux cadres) donne un aspect “cabinet de curiosités” qui inscrit son œuvre dans une ère… très très large.
Cette liberté totale de jongler avec les civilisations et les siècles est aussi le signe d’une époque et d’un mode de vie: graphiste, elle a pu vivre de son art là ou bon lui semblait, en l’occurrence au Pérou.
Pourquoi ne pas poursuivre cette osmose dans son art, puisque la vie lui fait faire des ponts en permanence entre différentes civilisations.

Anne Devailly
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Parcours
Lyonnaise. Bac arts plastiques en poche, Magali Sire décide ensuite de travailler dans le spectacle vivant: elle écrit des chansons, chante et danse.
Elle part ensuite à Paris et s’investit dans un groupe de rock, ce qui n’est possible qu’en prenant à côté des jobs alimentaires. C’est comme cela qu’elle va peu à peu devenir graphiste et illustratrice. Voyant qu’elle peut gagner sa vie comme graphiste, elle décide de poursuivre l’aventure tout en découvrant du pays: cap sur le Pérou, plus précisément la ville andine d’Arequipa, où elle résidera trois ans.
2014: retour au pays. Changement de vie totale. Magali s’installe à Puisserguier.
Peu à peu, elle s’investit davantage dans le dessin. “J’ai toujours dessiné, mais je n’avais pas réalisé avant, le pouvoir d’expression que peut avoir cet art”.
Timidement, elle va commencer à montrer ce qu’elle fait en 2018. Le lien avec les autres arts reste une donnée importante chez cette artiste qui est toujours passée d’une discipline à l’autre sans difficulté.
site sur l’histoire de l’art : https://arthisto.fr
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20, rue Paul riquet 34500 Béziers
Atelier ouvert au public
Oui
Téléphone
Statut artiste
Artiste libéral
N° Siret, code APE
519 105 274 00020
Galerie d'art de l'artiste

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