À 10 ans, ma maman m’offre un métier à tisser et depuis, je n’ai jamais arrêté. Bien que dyslexique confrontée à de nombreux tiraillements scolaires, cette technique me permet – curieusement – d’être dans la réussite. Sensation que mon cerveau est fait pour conter des fils, remplir des cases à petit carreau et écrire des armures, le point toile, le sergé, le satin… Tout est simple et logique.
À 16 ans (1981/82), je m’inscris à l’école Diderot à la montée de la Croix Rousse à Lyon. Je pars y apprendre le tissage de la soierie sur les métiers à tisser Jacquard. Un travail de reproduction de tissu ancien. Une haute technique où la création a peu de place.
En 1983/85, je pars à Paris aux Ateliers Nationaux d’Art Textile (aujourd’hui ENSCI, École Nationale Supérieure de Création Industrielle) où j’apprends le métier de designer textile, l’architecture du textile. J’apprends l’échantillonnage pour l’industrie, un métier codé et lié à la mode que je pratique pendant deux ans en freelance.
En 1993, avide d’acquérir de nouvelles compétences, je me rends en Inde, au Kashmir à la recherche du tissage du Cachemire – en souvenir d’une magnifique étole qui trônait dans ma famille sur un guéridon et qui, techniquement, restait une énigme pour moi. D’atelier en atelier, à Srinagar, je vois se tisser des chefs d’œuvres. Une multitude de bobines pour une multitude de couleurs où se dessinent le motif de la palmette, une goutte d’eau au sommet incurvé, le pétale d’un iris stylisé…
En 2002, j’obtiens une bourse du Ministère de la culture Français, pour l’étude de la technique de l’Ikat au Weaver’s Service Center d’Hyderabad, atelier gouvernemental en Inde.
La technique s’élabore à partir d’un dessin aux figures géométriques. Les motifs sont réalisés avant le tissage. Par capillarité, la teinture donne une perception de flou sur le bord des constructions géométriques. De l’Ikat naît toute la magie orientale émanant d’une étoffe dont l’harmonie des dessins et les calculs géométriques ont la sagesse de se perdre dans les contours des motifs, semblant ainsi repousser leurs propres limites.
Technique que j’ai enseignée à l’école des arts appliqués d’Aubusson. Technique que par la suite, je suis allé pratiquer en Indonésie.
Durant toutes ces années, je n’ai jamais arrêté de créer dans mon atelier, j’ai sans cesse remis l’ouvrage sur le métier et exposée dans différents endroits.
J’ai du vivre, exercer différents métiers, élever ma fille. Même si toute ma vie professionnelle n’a pas toujours été dans l’art, c’est tous cela qui m’a construite et fait ce que je suis aujourd’hui. Ma direction à la Filature du Mazel me rend polyvalente aujourd’hui dans le montage de projet et son insertion dans les mondes de l’art et de la culture. Mes voyages m’ont rendu ethnologue de la vie et c’est de cette manière que j’aborde mon travail dans la recherche de savoir faire et de rencontres humaines.
Depuis 2019, j’ai fait le choix de quitter mon travail de direction à La Filature du Mazel (fabrique artistique et culturelle dans le Gard) pour me consacrer essentiellement à mon art. Un virage vital, un respiration nécessaire, sans doute et sans peur, une évidence. Mon atelier a pris racine à Sète ou je travaille à de nouvelles œuvres de plus en plus monumentales. Je tisse le vide comme espace de respiration, un intervalle non pas envisagé comme une absence qui sépare, mais comme une relation. Du plus petit au monumental, mes voyages s’y enroulent comme une empreinte au bout de mes doigts.
La nature m’inspire beaucoup. Mon installation récente en bord de mer influence mon nouveau travail. La recherche du bleu, de l’indigo, du mouvement de la mer, son écume, ses lumières changeantes et son écosystème est une partit essentiel de mon travail aujourd’hui.
Je monte des workshop d’Art collaboratif. Mes dernières collaborations sont avec le Crac Occitanie de Sète et le musée d’Art moderne de Céret.
2022/23 - « Au fil des reliefs » au Musée de la soie à Saint Hippolyte du fort (30)
2014 Exposition au Jardin médiéval d’Uzes (30)
2007/08 Expositions à thème organisées par EV’ART, galerie « la Scierie », la fiche de Mimi à Montpellier
2003 Exposition au Musée de l’Impression sur Etoffes de Mulhouse (68)
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