LESLUIN Roland

Discipline(s)
Dessinateur/trice, Peintre
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M. Roland Lesluin


Mon Histoire

De la confrontation absurde de plusieurs univers

Artiste peintre installé en Lozère, Roland Lesluin s’est longtemps fait connaître par une peinture volontiers parodique, décalée, qui n’hésite pas à donner sa version des grands thèmes des maîtres de la peinture, en les passant à la moulinette de la société de consommation actuelle. Changement de cap en 2018 où l’artiste s’est plongé une année entière dans le conflit qui a ravagé l’Europe un siècle plus tôt. Depuis, il a clos la série, pour se tourner vers de nouveaux travaux, tout en maintenant ce principe de s’immerger dans un thème jusqu’à en épuiser le sens.

Roland Lesluin aime l’éclectisme. Il peint, souvent, beaucoup, des sujets variés. Il est capable de pasticher Manet ou Boucher. Aucun sujet ne l’arrête: mais quand il propose une nouvelle version de Suzanne et les vieillards, peints magistralement par Rembrandt ou Le Tintoret, Lesluin remplace les vieillards égrillards par Karl Marx et des soldats.
Autre exemple: en reprenant la jeune femme nue allongée sur un sofa de Boucher, il prolonge la scène en imaginant cette fois-ci que la rêverie de la belle est provoquée par une avalanche de carambars… Simple blague de potache ou regard acéré sur ce que sont devenus les rêves et aspirations actuels dans une société de consommation effrénée?
L’univers rococo de l’artiste devient en tout cas franchement burlesque, mais dans une continuité de légèreté qui fait que tout cela reste finalement respectueux de l’oeuvre de départ. Juste un peu insolent et revu au goût du jour.
L’artiste aime d’ailleurs à dire de ses différents univers: c’est « déconnant, jamais vulgaire ». Même chose avec ses dessins actuels de nu réalisé aux crayons de couleurs: des scènes crues, mais croquées rapidement avec légèreté, et parfois (on ne se refait pas) une petite touche d’humour ou une confrontation avec un autre sujet qui change le sens de la scène initiale.
Pour détourner les images, Roland Lesluin s’inspire aussi bien de l’histoire de l’art que de ce qu’il peut piocher dans les magazines actuels. Et il n’hésite pas à proposer une synthèse dans ses toiles, navigant sans cesse entre l’humour parfois gratuit et le regard acéré sur la société. L’un et l’autre finalement peuvent très bien aller de pair, dans une société où beaucoup de gens connaissent des toiles majeures par l’intermédiaire d’un couvert de boîte de chocolats reçue à Noël. D’où cette volonté de faire se cotoyer aussi bien des chefs d’oeuvre appartenant à l’histoire de l’art que des personnages de BD, des tags, etc. Même chose avec les techniques: Roland Lesluin ne s’interdit rien et peut, dans une même toile, peindre des motifs à l’huile, recourir au pochoir et ajouter quelques personnages au feutre ou à l’encre de Chine.
Pour approfondir le regard, l’artiste aime néanmoins de plus en plus travailler par série. Il passe ainsi des périodes non négligeables sur des thèmes que seul lui trouve digne d’intérêt: les vaches (thème chéri au XIXè, moins aujourd’hui) ou … sur le thème du Bretzel. « peut-être parce que j’ai des origines allemandes », … mais aussi pour bien montrer que à ses yeux, n’importe quel sujet, même l’insignifiant bretzel, vaut mieux qu’une peinture conceptuelle qui se prend trop au sérieux. Preuve que le bretzel n’était finalement qu’un prétexte, l’une des toiles s’appelait « Des bretzels accompagnés de coquillettes pour ceux qui n’aiment pas les bretzels ».
Changement de cap en 2018: Roland Lesluin choisit de s’immerger dans le premier conflit mondial. Une immersion longue, éprouvante, pour cet homme lui-même né d’une mère allemande et d’un père français, dans un contexte d’après-guerre (la deuxième). Cette fois-ci, pas de traitement ludique ou « déconnant » pour rendre compte de la boucherie que fut ce premier conflit, mais un bleu irréel, qui peut faire penser à d’anciennes photos et qui, finalement, donne un surcroît de réalité aux personnages représentés.
Il ressort de cette année de vie avec les Poilus avec 32 toiles de grandes dimensions sur le conflit, certaines simplement réalistes, d’autres où les taches d’encre ou les hommes sans visage viennent rappeler la violence du conflit par des moyens plus picturaux.
Depuis, l’artiste a repris sa légèreté, de nouveau par le biais d’une série, cette fois-ci consacré à des dessins érotiques. Mais là encore, le naturel revient au galop: les femmes nues ou dénudées sont bien souvent vues dans un coin de la feuille par Pim, Pam et Poum qui passaient par là.

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Bio
Roland Lesluin est né en 1951 à Pantin, en région parisienne. L’art, et surtout la peinture l’a toujours intéressé. Après avoir décroché son diplôme de l’ENSAAMA à Paris, il passe le concours pour devenir professeur des lycées professionnels en 1978 et commence à donner des cours dans divers lieu, tel que Aulnay-sous-Bois, Aubervilliers ou encore en Guadeloupe. Puis il rejoint en 1986 la Lozère pour enseigner au lycée Emile Peytavin, où il ne lâchera plus son pinceau, même à la retraite, ou il continue de peindre et de donner des cours dans une association.
Il a exposé en région (Mende, Bages, Montpellier) mais également dans d’autres endroits de l’Hexagone (Paris, Brive) et à l’étranger (Pologne, Italie, Allemagne).

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