TROTEREAU Rémi

Discipline(s)
Peintre, Sculpteur
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M. Rémi TROTEREAU

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Article publié dans le livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2023, paru en novembre 2022.
Quatrième volume de la série Artistes Occitanie, les 30 artistes de l’année.
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Rémi Trotereau
Torsions et déchirements

Si Rémi Trotereau est connu avant tout pour son travail de sculpture, il serait dommage de ne pas appréhender le travail de cet artiste dans toutes ses dimensions tellement l’oeuvre est cohérente et renvoie à une vision du vivant exacerbée.
Rémi Trotereau s’intéresse peu à la figure humaine ou à la singularité des individus, il cherche plutôt à creuser des dimensions que l’on peut retrouver chez tout être vivant – humain ou animal- sans avoir besoin de faire porter ces caractéristiques (la force, la violence, la déliquescence, la putréfaction) par un individu précis.
Plutôt que des visages, des figures, l’artiste va donc se concentrer sur des éléments qui peuvent exprimer les tensions de tout ce qui vit : l’os, la peau, les muscles mais les oeufs ou les chrysalides d’où doit s’extirper le vivant dans des convulsions que l’artiste suggère, sont des choses qui le fascinent également.
Quand Trotereau représente la musculature (d’un homme comme d’un chien), c’est souvent mêlé de liens, de bouts de ficelle qui couturent, de cordages en tension.
Ces liens, ces cordes sont source de souffrance pour les vivants et pour les morts et si elles sont là pour préserver le corps de la dépouille c’est sans aucun succès : la putréfaction a commencée et Trotereau ne nous l’épargnera pas.
Les thèmes sont lourds d’anxiété et d’angoisse, et l’artiste les rend parfois plus réalistes encore quand il les traite dans ses bas reliefs, avec des zones sculptées, prisonnières de vraies cordes intégrées dans l’oeuvre.
Pour Brigitte et Philippe Arraou, qui suivent le travail de l’artiste depuis longtemps, “ Rémi Trotereau, c’est le Nietzsche de la peinture contemporaine. Son chemin est en dehors des limites et il refuse toute zone de confort.
On est frappé par l’intemporalité de l’œuvre : pas de datation possible entre la nuit des temps, le présent et un avenir que l’on n’imagine pas différent pour des êtres humains en proie à leurs tourments. Le rendu est en phase avec le personnage, bourru mais tellement attachant, mélange complexe de forces et de faiblesses qu’il a le talent de savoir exprimer ”.
Si Trotereau est sans concession dans ses oeuvres, il l’est aussi en tant qu’artiste dans la société. Un art engagé, risqué, sans aucun garde-fou. Le mieux pour comprendre ce que cela peut signifier est de donner la parole à Daniel Hebting, directeur de la MJC Berlioz à Pau : “ Nous dissertions souvent avec Rémi de la place de l’art, de la culture dans l’espace public, dans ces espaces, ces territoires délaissés. De l’art comme potentiel vecteur et levier pour tenter de répondre aux défis sociaux. (…) Et là, Rémi m’a pris au mot.
Nous installerions pendant quelques jours ses sculptures dans le quartier, sans protection, parfois dans des lieux sans âme, lieux de rassemblement des jeunes, des beuveries, lieu des trafics. J’ai alors mesuré non sans quelques sueurs la distance entre un discours théorique (le mien) et l’engagement d’un homme. (…)
OK, on le fait ! Pas de couverture d’assurance, pas de contrat, pas de discussion, de compromis envisageable. On le fait, Point !
Et là dans cette galerie à ciel ouvert, pendant une huitaine de jours, une vingtaine de créations de Rémi pro- posées aux yeux des habitants, aux vols, aux mutilations. Pas une seule dégradation, pas de vol (“ Mais qui aurait pu penser à dérober ces trucs ? ” me dira un jeune). Simplement un matin, des traces de pneus circulaires dans l’herbe sous les chrysalides accrochées de manière accessible aux branches d’un vieux chêne. On tourne autour mais on n’ose ou souhaite toucher. Un rapport fort, vrai, primitif, rare, à une œuvre, loin des digressions policées, loin de réflexions conceptuelles ”.
L’artiste n’a pas un travail facile, et ce travail, présenté sans aucun fard à un public qui ne s’y attendait pas, a été respecté. Peut-être par indifférence, peut- être aussi parce que ses oeuvres présentent le vivant comme une donnée fragile, parfois cruelle, souvent à la fois vivante et déjà en décomposition.
Et l’interrogation, déjà présente quand l’oeuvre est présentée dans une galerie ou un musée, prend encore plus de poids dans un environnement inattendu.

Anne Devailly

VERBATIM
Traverser l’univers de Trotereau, c’est marcher vers les tréfonds de nous-mêmes, frôler les abysses aux parois abruptes entre les puissances vitales et les gravités de la mort. De matière en naissances, de chrysalides, fractales et migrantes à la fois, ces formes comme des invitations, nous parlent à l’oreille, murmurent à un rythme d’incantation le pouls de notre animalité. Cet art crevasse les formes d’une grande sophistication, il invente ce beau dans la gangue, l’essentiel de l’émotion.
Lydie Arickx, artiste

BIO
1956 : Naissance à Vierzon (Cher) dans une famille d’artistes et inventeurs. Dessine et modèle dès son plus jeune âge.
1975 : Quitte le système scolaire. Fait la connaissance de Colette Barrouquère, sa future compagne.
1976 – 1978 : Travaille comme maquettiste pour une manufacture de porcelaine à Lamotte-Beuvron.
1978 : Se met à son compte : production de sculptures en céramique, de dessins, d’affiches publicitaires.
1984 : Suite à une commande monumentale, s’installe à Chèze (Hautes-Pyrénées).
1985-1993 : Se partage entre Chèze et Paris où il travaille à la fabrication de décors de spectacles. Il réalise des décors pour le Casino de Paris, les J.O. d’Albertville, des parcs d’attractions.
1987-1988 : Séjour en Guadeloupe où il met au point des pâtes et procédés céramiques sur une commande du CESI de la Région Centre. Dépôt d’un brevet de fabrication céramique.
1987 : Naissance de sa fille Éléa.
1992 : Bref séjour au Burundi et aux États-Unis.
1993 : S’installe à Layrisse (Hautes-Pyrénées).
2011 : S’installe à Marciac (Gers) où il vit et travaille actuellement 2013 : un livre d’entretiens lui est consacré chez Marciac Editions.
2023 : sortie d’une Monographie consacrée à l’artiste, en cours de réalisation, réalisée par Fred Noiret.
Collections publiques
Musée de Carcassonne
Musée des Beaux-Arts des Pau Musée Massey, Tarbes

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle